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RETRAITES : LE PLAN GOUVERNEMENTAL, UNE AGRESSION SOCIALE FRANCHE ET DIRECTE

dimanche 18 juillet 2010
par  Rémi Aufrère
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Le 16 juin 2010, le gouvernement a communiqué sa « réforme des retraites ». Peu de surprise car la philosophie générale de ce plan avait été annoncée par un des oracles favoris du Président de la République et (il va de soi) du patronat (MEDEF et CGPME) : Alain Minc, Conseiller du locataire de l’Elysée.

« Nos déficits sont aussi sociaux et concernent les retraites et la santé. Dans le deuxième cas, on ne connaît pas la solution. Dans le premier, si : il faut jouer sur le niveau des pensions, sur leur indexation et sur la durée de cotisation. L’équation est simple, même si elle est politiquement difficile. Je pense qu’il est temps d’envoyer un signal très fort, et d’allonger la durée de cotisation, le cas échéant en prenant mieux en compte le facteur pénibilité. La réforme des retraites sera aussi un signe de sérieux adressé au monde entier. » (Le Figaro, 4 janvier 2010) …« La politique économique française est accrochée à un principe : ne pas perdre le triple A que nous donnent les agences de notation et, de ce point de vue, la réforme des retraites est clé, plus clé encore que les affaires budgétaires », « elle est plus lourde que le problème du déficit de l’État" car "c’est un signe envoyé aux marchés financiers » a encore indiqué Alain Minc (avril 2010).

Le premier signe fort est de repousser l’âge légal de la retraite à 62 ans. C’est d’abord une annonce d’une portée symbolique considérable car cela signifie que l’on clôt la marche du progrès consistant à permettre aux salariés de vivre plus vieux, en meilleure santé en retraite (car partant à un âge permettant de vivre environ une décennie sans grave problème de santé).

Si cette mesure régressive était confirmée par la représentation nationale à l’automne, la durée du temps travail se verrait augmenté et/ou les pensions réduites (souvent les deux simultanément). Tout cela, en le justifiant par le déséquilibre grandissant dans le rapport entre actifs et retraités (1,5 actif pour 1 retraité aujourd’hui et d’ici 10/15 ans selon des projections aléatoires 1,2 pour 1).

L’argumentaire gouvernemental et patronal est une insulte à l’intelligence analytique et au progrès humain. Parce que la part des salaires au sein du P.I.B. national s’est inversée entre la fin des années 60 et le début du millénaire (60 % contre 40% aujourd’hui). Simultanément, la productivité horaire du salarié travaillant en France est reconnue pour être l’une des plus élevée (définition du B.I.T. de 2006 : 25,68 euros pour un français et 26,07 euros pour un américain) même si ce point fait l’objet d’un débat entre économistes. Il est à noter que l’instauration des 35 heures n’a pas provoqué, à moyen terme, une baisse de la production mais logiquement provoqué une augmentation de la productivité. Ensuite, parce que la France demeure un pays attractif pour les investisseurs étrangers, n’en déplaise aux déclinistes de tout bord. Enfin, la natalité n’est pas un problème majeur dans la mesure où notre pays est l’un des premiers (pays de l’O.C.D.E.).

Par contre, il y a plusieurs explications bien concrètes à la dégradation des comptes sociaux dont ceux des retraites. En premier lieu, l’existence de plus de 7,5 millions de personnes chômeurs et salariés précaires dont l’absence de cotisations sociales représente un « manque à gagner » phénoménal pour les caisses de retraites. Réduire de moitié le taux de chômage (de 10 à 5%) permettrait de trouver près de 40% des ressources nécessaires ! D’où la nécessité de refonder à la fois une vraie politique industrielle nationale et européenne et une action déterminée sur l’emploi. Il conviendrait aussi d’élargir le financement bien au-delà des revenus salariaux et de la C.S.G. actuelle. Nos pensions de retraites ne peuvent plus être financées sous le seul principe du « salaire différé » (cotisations patronales et salariales). Avec un chômage à 10% et les difficultés économiques liées aux mutations technologiques et à la funeste financiarisation de l’économie, d’autres revenus doivent être mis à contribution, et ce, de façon significative.

La C.S.G. avait ouvert la voie à d’autres sources de financement. Mais cela est resté modeste puisqu’elle est payée à près de 90% par les salariés et les retraités. C’est une injustice qu’il convient de réparer en faisant participer les revenus du capital. Quand à la pénibilité, elle aurait pu être un élément de négociation positive (et de contractualisation sociale) si le gouvernement l’avait traité avec sérieux. Il n’en a rien été.

Le gouvernement a proposé d’autres mesurettes (1% sur la dernière tranche de l’impôt sur le revenu ; augmentation d’un point des prélèvements sur les plus-values de cessions immobilières, augmentation des prélèvements sur les stock-options, augmentation des prélèvements sur les retraites chapeaux, suppression de deux niches fiscales, taxation au premier euro des plus-values de cessions mobilières). Mais celles-ci seront quantitativement négligeables.

Les ressources des retraites sont aussi directement impactés par les exonérations de cotisations sociales et de subventions pour les entreprises au titre du soutien à l’emploi et dont on connaît les médiocres résultats depuis 1978 (30 milliards d’exonérations de subventions, taxe professionnelle, allègements divers…). La réalité de la situation suppose que l’on trouve de nouveaux financements pour nos retraites. Sauf a réduire le montant des pensions et repousser l’âge légal de la retraite, ce qui est aujourd’hui proposé.

Or les ressources existent. Mais elles ne peuvent être utilisées que si l’on ose (enfin) une réforme fiscale juste et que l’on dynamise la politique salariale permettant à la « valeur travail » de retrouver toute sa place. Il faut envisager les grands travaux d’investissements que la France et l’Europe a besoin dans la dynamique du développement durable comme l’avenir des générations en marche. Pour cela, il faut du courage politique.

Celui qui n’obéit pas aux « marchés » car ils produisent des richesses trop souvent spéculatives sur le dos de la misère humaine (par du dumping social entre salariés et l’affaiblissement du droit du travail comme de son respect). Il faut aussi du courage pour s’engager dans une refondation de la construction européenne qui ne laisse de place aujourd’hui qu’au « marché » et à l’idéologie de la « concurrence libre et non faussée » dont on commence à mesurer les effets mortifères à tout niveau. Il faut oser combattre les réflexes primaires et les dogmes rassis consistant à nous dire « qu’un régime de retraite…ça s’adapte à la situation économique ». Il faut être aussi conscient du déclin économique et social qui est inscrit dans le plan gouvernemental.

Car avec de telles propositions, comme par les « plans d’ajustement structurels » chers au F.M.I., avec les calculs simplistes et les dogmes d’un conservatisme qui se veut « moderne », les salariés vont pouvoir « mourir guéris » … au travail ! Monsieur Minc, conseiller du Président, « essayiste et économiste classé à gauche » (selon Le Figaro…) nous as déjà ouvert le cercueil. Les « marchés » seront sans doute satisfaits…


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