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USA : MAITRES DU MONDE OU DE L’IMMONDE ?

mercredi 18 février 2015
par  Jacques-Robert Simon
popularité : 91%

Les Etats-Unis d’Amérique sont sur le point de dominer le monde, militairement, économique- ment, politiquement, idéologiquement et socialement. Le défi du siècle qui s’annonce n’est pas tant la remise en cause de cette sujétion, qui paraît irréversible, que de s’interroger sur la capacité de l’idéologie régnante à faire basculer nos sociétés vers une incontournable sobriété écologique.

Les forces en présence tout d’abord. En 2010 selon l’institut international de recherche sur la paix (SIPRI) les dépenses militaires mondiales se sont montées à 1 630 milliards de dollars, 43 % ont été dépensés par les États-Unis, 18,4 % par l’Union européenne, 7 % par la Chine et 3,2 % par la Russie. La domination militaire des USA, et marginalement de l’Union Européenne, est donc écrasante. Les USA ont bien entendu utilisé cette force. Ils ont conduit des guerres « classiques », par exemple celle du Vietnam (1965-1975) durant laquelle ils ont largué plus de bombes que celles utilisées par les alliés durant la Seconde Guerre mondiale. D’innombrables interventions en Afrique, en Asie, en Amérique du sud ont été faites. La plupart du temps la « lutte contre le communisme » était mise en avant. Une guerre sans merci se déroula pendant plusieurs dizaines d’années entre les défenseurs du bien et les « bolcheviques », les « croyants » contre les incroyants ».

Mais à l’analyse il est évident que les croyants étaient en fait les communistes. Ils ne croyaient évidemment pas au ciel mais ils tentaient de faire vivre un idéal sur terre. Les incroyants, ou ce qui est équivalent les croyants non-pratiquants, étaient américains. Pour ces derniers le comportement dans le bas monde se réduit à tenter d’amasser des biens matériels, pour ce faire ils laissent de côté les aspects spirituels et contraignants des livres auxquels ils se référent. Ceci n’est en rien spécifique des américains, les religions se prêtent mieux au prêche qu’à la mise en œuvre de ce qui est prêché. Des simulacres de piété tentent de donner le change, mais ils font intervenir les émotions plutôt que la compassion, de toute façon ils n’interférent pas significativement avec la vie quotidienne.

À cette lutte idéologique entre capitalisme et communisme a succédé une lutte entre cultures ou civilisations comme théorisée par Huntington au début des années 1990. Plus précisément, il s’agit d’un conflit prétendument irréductible entre le monde chrétien et le monde musulman. Les « incroyants » (ou mécréants comme l’affirme l’un des belligérants) sont encore cette fois les Américains et leurs alliés, mais pour une toute autre raison que la précédente. Il peut sembler surprenant de prétendre que les Etats-Unis ne supportent pas la « foi » sous quelque forme que ce soit ; mais une société basée sur les instincts de domination ne peut pas tolérer la présence d’idéologies ou de religions qui prêchent une transcendance, un dépassement spirituel de soi-même pour vivre en bon harmonie avec les autres. La concurrence, même libre et non faussée, est incompatible avec les textes considérés comme sacrés. Cette constatation n’implique en rien une adhésion de quelque ordre que ce soit : décrire objectivement un phénomène nécessite seulement que l’on s’en tienne à la cohérence des discours et à l’observation des faits. La croyance peut évidemment s’abstraire de toute forme d’intelligence ; elle peut conduire ses adeptes à des comportements féroces avec la même efficacité que l’athéisme. Les bourreaux n’ont pas besoin de dieux ou du moins ils peuvent les habiller à leur goût.

Le désir de domination des USA ne faisant aucun doute, comment veulent-ils s’y prendre pour vaincre le péril « islamiste » ? En tout état de cause, ce n’est pas en soutenant des régimes autoritaires voire totalitaires mais laïcs qui furent, lorsqu’ils existaient, souvent soupçonnés de cryptocommunisme. Quelques exemples sont donnés ci-après pour souligner la différence entre ce qui existe aujourd’hui et ce qui existait dans les années 1960-70 durant lesquelles la religion n’envahissait pas le pouvoir politique. Mohammad Mossadegh (1882-1967) homme d’État iranien. Il est le premier chef de gouvernement élu démocratiquement en Iran et occupe le poste jusqu’en 1953, date du renversement de son gouvernement par un coup d’État. Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938) Inspiré par la Révolution française, il instaure la laïcité : la séparation stricte entre les pouvoirs politique (sultanat) et spirituel (califat). Au printemps 1932, Mustafa Kemal déclare : « Que le peuple ne s’occupe pas de politique pour le moment. Qu’il se consacre à l’agriculture, au commerce et à l’industrie. Il faut que je gouverne ce pays pendant dix ou quinze ans encore. Après cela, nous verrons s’il est capable de se diriger lui-même… ». Gamal Abdel Nasser Hussein (1918-1970) fut président de la République d’Égypte de 1956 à sa mort. Il mena une politique socialiste et panarabe. La constitution qu’il proposa en 1956 précisait : La solidarité sociale est à la base de la société égyptienne (art. 4). L’État s’engage à assurer les services de l’assurance sociale (art. 21). La loi fixe un maximum à la propriété agricole « de façon à ne pas permettre l’établissement du féodalisme » … Saddam Hussein (1937 exécuté par pendaison le 30 décembre 2006). Sous sa présidence, l’Irak connaît huit ans de guerre avec l’Iran. Son régime totalitaire, malgré une très vive opposition des chiites, a imposé un régime laïque au pays dès les années 1960. Ainsi, des « expériences » laïques ont été faites dans beaucoup des pays musulmans, en général sous la férule d’un homme à poigne ou d’un dictateur. Mais ils furent tour à tour chassés sans laisser les structures laïques qu’ils avaient promues, chassés par la puissance des religieux, eux-mêmes souvent aidés par les occidentaux sans même qu’ils se dissimulent comme en Libye en 2011. Les raisons invoquées pour intervenir relevaient toujours des « droits de l’Homme », affirmation que l’on pourrait qualifier de grotesque si autant de morts et de souffrances n’en n’avaient pas découlés. Le résultat fut donc ce que l’on maintenant connaît quotidiennement dans les journaux : les modes de vie religieux sont devenus omniprésents, les mentalités se sont refermées et radicalisées pour enfanter d’atroces ennemis de nos sociétés. Les USA constamment présents sur tous les théâtres d’opération furent souvent, si ce n’est constamment, à l’origine des manœuvres de déstabilisation des régimes laïcs en place.

Si les USA représentent un « progrès » par rapport aux autres modes de vie, pourquoi ne pas accepter ce modèle ? Le « progrès », incarné par les États-Unis, étant considéré par définition comme bénéfique, personne ne s’interroge sur sa nature et sur sa capacité à améliorer le bien-vivre de tous (idéalement). La roue vers inventée vers 3500 avant J.-C révolutionna les transports. Gutenberg né vers 1400 proposa des caractères métalliques mobiles pour l’imprimerie, ce qui fut déterminant pour la diffusion des textes et du savoir. La mise en évidence de la radioactivité par Pierre et Marie Curie ouvrit un immense champ scientifique. Si la notion de progrès est simple à cerner pour les Sciences et Techniques, une grande prudence est nécessaire en sociologie et encore plus en politique. Pour aller jusqu’au simplisme, le capitalisme est-il la seule voie vers le bonheur universel, ce capitalisme étant représenté jusqu’à la caricature par les États-Unis ? Si nous ne connaissons qu’imparfaitement ce qu’est le progrès pour un régime politique, nous savons avec une certitude absolue ce que deviendra la planète dans quelques dizaines d’années : la raréfaction de toutes les ressources, y compris des énergies renouvelables, conduira à un contingentement des consommations. L’immonde serait que quelques uns profitent de tout, les autres de presque rien. Il n’est pas certain que l’on s’achemine vers ce type de société. Le capitalisme, si il ruine bien une classe sociale, celle des démunis dans les pays riches, contribue à un essor prodigieux dans les pays pauvres : la nécessaire uniformisation des richesses semble se faire, même si le nerf de ce transfert est purement mercantile.

Il resterait à rétablir une morale ou une philosophie du vivre-ensemble afin que les habiles ne soient pas constamment privilégiés sur les gens méritants par leur talent ou leur travail. Cette morale ressemblerait alors à s’y méprendre à ce que propose le communisme.


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