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Quelles leçons faut-il tirer de la Valls des départements, avant que celle des régions ne soit encore plus infernale ?

lundi 30 mars 2015
par  Gérard Bélorgey
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Ça tourne, ça tourne et ça va plomber plus encore. Globalement la victoire de l’UMP est bien le produit du "désaveu" exprimé envers le pouvoir par les gauches autonomes et abstentionnistes C’est pourquoi, il n’y a pas eu de ressaisissement de la gauche au second tour, tandis que, dans ce cadre fatal, la victoire de Sarkozy (qui en promet d’autres ?) a été amplifiée du fait que l’UMP/UDI, ici et là, a gagné contre le FN en obtenant des voix socialistes, l’UMP/UDI, ici et là, a gagné contre des socialistes en obtenant des voix FN : vraiment la journée des dupes, préparée par ce mode de scrutin qui en voulant éliminer les petites forces a réussi à éliminer la moitié de la grande force territorriale socialiste.

Ensuite, le front républicain stigmatisé par Nicolas Sarkozy a néanmoins contribué à des succès de ses candidats, tandis que la préférence de certains électeurs de droite pour le FN plutôt que pour des socialistes contribue parallèlement à des défaites de ceux-ci. Dans les deux cas le basculement du pays vers la droite et son extrême est éclatant : des gauches n’hésitent pas à voter pour la droite sarkozyste, et des droites traditionnelles montrent leur adhésion à des thèmes de la droite extrémiste. En fait, c’est un succès idéologique qu’a remporté celle-ci, ce qui va se traduire dans les gestions départementales elles-mêmes qui - au contraire de ce que l’on a trop entendu - ont bien été un gros enjeu du scrutin. En effet pour de telles gestions, droite sarkozyste et droite lepéniste sont bien d’accord sur des points clefs (proposés comme charte par le FN) : faire des économies pour diminuer les impôts avec tout ce qui peut en résulter comme restrictions de l’accès égalitaire aux services publics locaux, et, surtout, réaliser ces économies en combattant l’assistanat : on doit mesurer l’ampleur que cela peut prendre puisque les départements sont le champ et le pivot des aides sociales (dont le rsa) qui seront donc, autant qu’il sera possible (sauf envers les personnes âgées et handicapées, ce qui est un point fort, habile et séduisant du deal proposé par les droites) accordées de manière beaucoup plus parcimonieuse et sans doute, d’une manière ou d’une autre, discriminatoire vis à vis des "immigrés", dont les expressions identitaires seront , pour autant que cela puisse rentrer dans les compétences de police locale, réprimées (interdiction ici et là de signes vestimentaires, etc.)

On est bien sur un programme "républicain" au sens étatsunien/reaganien contre la dépense sociale et pouvant porter à la confortation de fait des "lignes de couleur”. Avec le contrôle aujourd’hui de certaines des mairies par le FN, de la majorité des départements par les droites et, demain, de grandes régions, le champ des collectivités territoriales risque de devenir (comme l’affiche la volonté du FN) le banc d’essai d’une politique nationale de punition sociale et de sélection raciale. Tel est le résultat de ce qui a bien été "désaveu du pouvoir", comme le constate à raison N. Sarkozy mais ce qui ne peut être regardé - et c’est à tort que le même l’affirme - comme une étape de changement de la politique nationale : ces départementales constituent au contraire, de quelque côté qu’on tourne aujourd’hui ses oreilles, une étape de confirmation et d’accentuation de la même politique puisque celle-ci est conduite dans le même esprit libéral européiste que celle essayée par le précédent président de la République et puisque l’actuel confirmé premier ministre vient d’affirmer qu’il entend ne pas changer de ligne. Une continuation qui est d’ailleurs tout à fait logique : dès lors que la France est dans la seringue de l’euro, elle ne peut pas faire autrement que ce qu’elle fait, mais c’est exactement ce qui a valu aux dirigeants aux affaires le rejet populaire qui a frappé N. Sarkozy en 2012 et F. Hollande lors de précédentes votations et spécialement hier. D’où le succès du FN puisque celui affiche vouloir rompre avec l’Europe. Et combien il faudrait, pour ne pas en venir à cette extrémité, savoir comment opérer pour faire au moins sérieusement changer celle-ci (ce que le pouvoir socialiste n’a jamais tenté et qu’il faudrait oser, si nécessaire, jusqu’en posant des ultimati de sortie, puisqu’il semble bien difficile de concevoir une U.E. sans la France). Le succès local de ce FN tient de plus, à ses positions pour l’identité "nationale", socle sur lequel se retrouve aussi bien le sarkozysme que le lepénisme et qui ira, bien sûr, jusqu’à impliquer la fausse solution des "préférences" du même nom, substituts démagogiques aux intérêts effectifs français de retrouver notre autonomie budgétaire et monétaire dans l’ensemble européen. Sans effort manifeste du pouvoir en ce sens, et sans geste bien lisible par le pays de restauration de nos capacités nationales, le climat de défiance envers des gouvernants, lié à l’incompréhension de leur obéissance européiste, ne pourra que s’amplifier, en même temps qu’emploi et équité sociale ne progresseront guère.

Et on ne voit pas comment F. Hollande ou M. Valls pourraient, l’un ou l’autre , être candidats, autres que suicidaires, à la présidentielle 2017, non seulement après les départementales d’hier, mais, encore plus, après des régionales auxquelles la réforme territoriale va donner, avec des régions XXL très vulnérables, des caisses de résonnance politique considérable : de grandes régions peuvent basculer dans les extrémismes parce que de tels cadres, une fois de plus après les départements, se prêtent à catalyser tous les facteurs communs entre droite et extrême droite : si la politique économique nationale gouvernée par l’euro oppose la droite européiste au Front national, les plateformes de gestion territoriale rapprochent très dangereusement ces deux sensibilités. De toutes façons le discrédit (symbolisé par la perte de la Corrèze et de l’Essonne) jeté sur le duo exécutif conduit à penser que le vrai problème de la gauche est désormais de faire émerger un autre candidat présidentiel qui pourrait lui, peut-être, être présent au second tour.

Le blog de Gérard Belorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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