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LE DEVELOPPEMENT DE LA CHINE, UNE CHANCE POUR L’AFRIQUE ?

Par François de la Chevalerie et Mahamadou Ka
jeudi 1er septembre 2005
par  François de la Chevalerie, Mahamadou Ka
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Dans les années soixante, les relations entre l’Afrique et la Chine s’apparentaient à une course de vitesse entre Taipei et Pékin. C’était à la capitale qui décrocherait le plus d’Ambassades ! Dès la fin des années 70, Pékin devait l’emporter largement confinant Taipei à de seules relations avec l’Afrique du Sud et les pays alentours. Si le discours musclé de Pékin contre la colonisation et le régime de l’apartheid en sont les principales raisons, jouait également une certaine affinité entre les Etats africains ayant opté pour un socialisme à caractère scientifique et la chine communiste. Qui plus est, la gérontocratie pékinoise n’était pas pour déplaire aux vieux sages d’Afrique. Même si les accords de coopération engagés à l’époque étaient modestes, des étudiants africains étaient alors accueillis sur les campus universitaires chinois.

A la fin des années 70, cette sympathie est mise en brèche par les razzias contre ces mêmes étudiants sous prétexte de leur liberté de moeurs. Depuis cette époque, les relations entre l’Afrique et la Chine sont entrées dans une espèce léthargie sur fond d’indifférence. L’affaiblissement du mouvement des non alignés, comme un nécessaire recentrage régional expliquent aussi cet éloignement.

Désormais arrimée à une croissance exceptionnelle, la Chine d’aujourd’hui entend redevenir une puissance mondiale. A la conférence de Bandoeng, version 2005, le Président Hu Jintao a appelé de ses vœux un nouvel élan dans les échanges entre les pays africains et la Chine. Loin de supposées sympathies idéologiques, c’est désormais le pragmatisme qui domine. Pour son développement, la Chine compte avec le réservoir des matières premières africaines. En posant un pied en Afrique, la Chine entend aussi contourner les barrières douanières qui menacent la zone Europe. De surcroît, des entreprises chinoises souhaitent s’installer sur le continent. A petits pas, en exportant d’abord leur produits mais avec l’ambition d’y installer à moyen terme des unités industrielles souples et mobiles. Couplé avec l’envoi de techniciens, cette stratégie est déjà en marche.

Quel en est l’intérêt pour l’Afrique ? La Chine s’offre-t-elle comme un nouveau partenaire ? D’entrée de jeu, le renchérissement du prix des matières premières lié à la croissance chinoise répond à la très ancienne revendication de mettre fin à la dégradation des termes de l’échange. Certes, tous les pays africains ne sont pas logés à la même ancienne mais d’ores et déjà, l’augmentation du cours des matières premières est à l’origine d’un regain de croissance, notamment, en Afrique australe. Plus encore, grâce à la compétitivité des produits chinois, l’Afrique peut s’équiper à moindre coût sautant ainsi l’étape des infrastructures lourdes à la rentabilité hasardeuse. C’est vrai dans le domaine informatique comme également pour les produits « essentiels » (industrie pharmaceutique). Dans ce dernier cas, leur accessibilité favorise une amélioration de l’état sanitaire et par là, concourt au développement économique. In fine, le coût opérationnel des coopérants chinois est quatre fois moins élevé que celui des occidentaux. A critères techniques égaux, mieux vaut donc les recevoir.

Au-delà de ces éléments, il est possible d’aller beaucoup plus loin mais il faut pour cela une véritable prise de conscience en Afrique. Au lieu de privilégier l’axe européen, mieux vaut élargir le cercle, voir ailleurs. D’une certaine manière avec la Chine, l’enjeu est clair. Nul retour sur l’histoire, nul débat post-colonial. En outre, comme les Chinois ne sont pas partisans de la politique des dons, les règles sont plus simples. Avec la Chine, c’est la politique du win-win qui domine, chacun doit y trouver son compte dans l’heure. En Afrique australe, certains pays ont déjà compris la mécanique. Par exemple, des étudiants kenyans se forment désormais aux méthodes chinoises. D’autres pays devraient emboîter le pas. Le coût d’apprentissage en Chine est cinq fois moins élevé que celui dispensé dans les universités occidentales et ce, pour des résultats plus efficaces puisque l’axe pédagogique est articulé autour du concret. Dans un délai de deux ans, des techniciens kenyans seront capables d’installer de petites unités industrielles souples et à moindres frais.

Comme le disait naguère Cheikh Anta Diop, le jour viendra où « déconnectée d’un trop étroit et laborieux partenariat avec l’Europe, l’Afrique deviendra libre ». Le rôle croissant de la Chine peut y concourir. C’est une chance à saisir, celle de « s’enrichir ensemble, loin de la pauvreté, de la fatalité » comme le rappelait récemment le Président Hu jin Tao.

François de la Chevalerie est président de China Messengers, Mohamadou Ka est conseiller municipal de Dakar


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