LUTTE CONTRE LE CHOMAGE : LA GRANDE MANIP’
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Cela fait maintenant trois bonnes décennies que tous les gouvernements successifs font de la lutte contre le chômage leur priorité. Pourtant, force est de constater que cela ne marche pas. On nous ballade de plan en plan, de sigle en sigle, CDI, CDD, CNE et autre CPE, pour ne parler que des plus récents. Le chômage, en particulier celui des jeunes, serait-il donc une fatalité, une maladie incurable ou serait-il, au delà des beaux discours et des belles déclarations d’intention, une grande manip savamment orchestrée ?
Retour en arrière. Jusqu’à la fin des années 60, on vivait le plein emploi ou presque. Un employé qui perdait son travail en retrouvait le lendemain matin. Les syndicats étaient forts et avaient de l’audience. Le nombre d’employés de l’État était important. Gênant ? Certainement puisqu’on pouvait alors faire valoir ses droits et ne pas se courber devant les quatre volontés d’un patron.
Il fallait donc en finir avec cette sécurité de l’emploi et notamment, celle des employés du secteur public. Raymond Barre n’avait-il pas déclaré en 1979 « Les fonctionnaires sont des nantis » ? Petite phrase lourde de sens car elle permet de les mettre à l’index et de les faire passer pour des privilégiés aux yeux de l’opinion, alors qu’à contrario, c’est l’ensemble des salariés qui devraient bénéficier des mêmes droits et de la même sécurité. Pour mieux exploiter, il faut précariser. Allons-y ! On augmente la durée des cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein et on encourage les vieux à travailler plus tard. Autant de jeunes en moins qui trouvent du boulot. La réduction à 35 heures de la durée du travail n’a pas créé de nouveaux emplois. Ben non, ça serait trop simple ! Au contraire, on encourage les heures supplémentaires en diminuant leur majoration. Comme ça, tu bosses plus pour moins cher. Les grandes entreprises augmentent sans cesse leurs bénéfices et continuent de licencier sous la pression des actionnaires qui en veulent toujours plus. Mais, en même temps, il faut apaiser le petit peuple. Car il faut faire baisser le chômage, surtout avant l’échéance de 2007. Alors, on traficote un peu les chiffres. On nous raconte qu’il est passé en-dessous de la barre des 10 % alors que le directeur de l’Unedic déclare qu’il est en réalité de 12 %. On nous annonce que les CPE-CNE vont permettre de créer 300 000 emplois supplémentaires alors que les statisticiens les chiffrent à 70 000.
Le chômage va baisser dans les années qui viennent, mais pas à cause de ces mesures. Tout simplement mécaniquement à cause des départs en retraite des baby-boomers. Mais attention, il ne faut pas qu’il baisse trop non plus, donc on ne remplacera qu’un fonctionnaire sur deux. La précarisation du travail des jeunes, l’insécurité de l’emploi et le maintien d’un taux de chômage élevé permet de désyndicaliser et de faire taire les revendications. Comme ça, tu peux t’estimer déjà heureux si tu as du boulot ! Le démantèlement des services publics s’inscrit dans la même logique. Même le dernier grand bastion qu’est l’Éducation Nationale est en péril. Gare en 2007 si on a Sarko le Karchër ! On verra bientôt les profs défiler dans les bureaux des chefs d’établissements avec leur CV pour vanter leurs mérites et négocier leur salaire. À la grande joie d’ailleurs d’une partie de l’opinion qui trouvera que ce n’est que justice. Elle a été soigneusement préparée pour cela. De toutes façons, si on a Ségolène, on n’a pas beaucoup d’illusion à se faire non plus. Son modèle est Tony Blair. Sachant qu’un britannique sur quatre a ou a eu deux emplois, ce n’est pas réjouissant pour l’avenir. Je sais Coco, ce n’est pas gai tout ça !
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