MELILLA, OU LA HONTE HISPANO-ARABE
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Là où ensemble nous avions construit Cordoue ou Séville, à Melilla nous construisons une honte commune. 300 km de frontière européenne protégé contre l’acharnement d’hommes et de femmes fuyant la misère. Les gardes frontières et leurs supplétifs marocains tiennent la position comme d’autres tenaient Fort Alamo. Mais contre qui ? Des hommes déterminés à rejoindre l’espace Schengen. Même s’il s’agit d’un reliquat colonial, il brille comme l’Eldorado d’outre-atlantique. Qu’y a-t-il de si précieux dans cette enclave pour la protéger au point de fouler toutes les valeurs européennes et la foi musulmane ou de risquer son existence pour la rejoindre ? Quels bénéfices en tirent l’Espagne et le Maroc pour maintenir sur le sol africain une passerelle vers l’Europe ?
Le sang venu des grand lacs africains signera-t-il l’adhésion du Maroc a la C.E.E dans un futur même lointain ? Comment la foi musulmane et le légendaire sens de l’hospitalité du monde arabe peuvent-ils se soustraire avec dédain et passer dans le camp des affameurs ? Aux marocains et espagnols s’offre une opportunité incroyable : être parmi les justes, parmi ceux qui donneront de l’eau et du pain à ceux que d’autres exécutent accrochés à des barbelés. Aux rares touristes qui longeront les mêmes routes, posez la question : que trouveront-ils à leur retour ? Que diront-ils de l’Europe ? Mais peut être est-il temps de faire la rupture avec les idéaux qui nous fédèrent puisque nous ne pouvons plus être le phare que les errants cherchent du regard. Le Maroc devrait porter assistance et masser le plus grand nombre de réfugiés tout autour de cette terre marocaine. Que le flot noir des grands lacs submerge cette Europe honteuse. Nous ne voulons pas d’eux mais que faisons-nous chez eux ?!!!
Mellila, c’est aussi à Paris ou Berlin, où les survivants du refoulement, au bout de leur marche, croupissent dans le froid de nos hivers ou brûlent dans nos meublés insalubres. Avant que les indigènes de la république aient fini d’exploiter leurs frustrations et de trahir leurs espoirs, faisons que dans nos rues des sourires s’échangent, que la fraternité prennent tout sons sens car ce sont les héros de Fort Mellila que vous croisez silencieusement, les réchappés de la guerre du monde « moderne » contre les gueux. Traqué ici aussi par les éternelles forces de l’ordre qui, comme ailleurs, luttent contre le ressac incessant des désespérés sur nos plages et nos places de nantis avec notre RMI, notre chômage et notre couverture sociale. Ne riez plus de ceux qui vendent chouchou ou contrefaçon : pour vous l’amende, pour eux le retour à l’Afrique de concentration. Ils sont la misère visible du monde, et sont du domaine de la responsabilité collective, comme les femmes oubliées à la violence de leurs époux, comme l’enfant exploité par l’adulte, l’handicapé que le monde occulte...
Avant de proclamer inconsidérément « plus jamais ça », donnons-nous les moyens pour que ces mots ne sonnent pas creux. Exigeons la restitution des enclaves coloniales, résurgence de multiples Amistad, et que ces lieux soit des sanctuaires pour les hommes de toutes races que l’indifférence extermine, qu’il trouvent soin, gîte, couvert et soutien pour un retour digne d’hommes qui peuvent encore dire « vivre libre ou mourir ». Transformons leurs espoirs déçus par un projet commun. Mellila n’est pas le nom d’une fleur mais un synonyme du mot honte valable en langue arabe et dans 25 dialectes européens.
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