Monde du Fado… Fados du monde : bientôt une nouvelle soirée (9 mars)

mercredi 23 février 2011
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Le 9 mars prochain, une nouvelle soirée « Monde du fado… fados du monde » aura lieu au restaurant Sur un R’ de Flora. Nous avons demandé à l’organisateur (et présentateur) de ces soirées, Jean-Luc Gonneau, de nous en dire un peu plus. D’abord, d’où vient l’idée ?-

Au départ, nous avons fait un constat : dans les différents établissements qui proposent du fado en Ile de France, la très grosse majorité du public est portugaise, ou luso descendante. Les clients français sont peu nombreux. L’idée de départ a donc été d’essayer d’attirer un public français pour lui faire découvrir le fado. Nous avons commencé en 2008 par une soirée à l’Espace Saint-Michel, qui s’intitulait « Le fado expliqué aux français… et aux autres », qui proposait une sorte de promenade musicale, donnant au public, en plus d’une vingtaine de fados, des éléments d’histoire, des informations sur les différents genres de fados de Lisbonne et, déjà, des aperçus sur les liens, sociaux, musicaux, entre le fado et d’autres musiques urbaines. Nous avons repris cette démarche en 2009 au restaurant Beirão, à Saint-Ouen, malheureusement disparu aujourd’hui. Ce soir là, nous eûmes la visite surprise de Mariza, puis en 2010 chez Sur un R’ de Flora, un lieu idéal pour faire évoluer l’idée de départ vers une diversification des sources musicales, tout en respectant, ô combien, l’esprit du fado.

Un lieu idéal, pourquoi ?

Antonio, Flora et leur équipe ont construit un lieu qui se veut culturel, avec des cafés-philo, des expositions (en ce moment, une expo des illustrations très gracieuses du livre Les Portugais à Paris d’Agnès Pellerin) et une restauration soignée qui n’est pas exclusivement portugaise, mais qui couvre tout le champs de la lusophonie. Qui plus est, nous avons pu établir avec Antonio et Flora des rapports amicaux et complices qui rendent les soirées encore plus agréables.

« Monde du fado… Fados du monde », ça recouvre quoi ?

Si tout se passe bien, le fado devrait être inscrit cette année au patrimoine mondial de l’humanité. C’est un honneur, mais peut-être, aussi, une responsabilité, une incitation à prendre une dimension internationale encore plus importante. Dans un entretien avec un journaliste français, Ana Moura, jeune et talentueuse fadiste, qui a donné récemment un concert à Paris citait un propos de Prince, l’un des phares du pop-rock avec qui elle a d’ailleurs enregistré, disant à peu près ceci : le blues a conquis le monde, maintenant, c’est le tour du fado. Je pense qu’on ne peut pas, comme le souhaitent certains, enfermer le fado dans des traditions, aussi respectables soient-elles. Le fado, comme le jazz, le tango, le samba est une musique urbaine, née dans les bas-fonds, ceux de Lisbonne pour le fado. Dès l’origine, des influences diverses s’y mélangent : la guitare portugaise a des origines britanniques ; à l’époque légendaire de Severa, les historiens relèvent que plusieurs fadistes sont d’origine africaine ou afro-brésilienne ; l’une des personnalités les plus en vue des nuits de Lisbonne à cette époque, comédienne et chanteuse, est française et chante le fado. Tout ceci n’empêche pas, je dirais presque au contraire, le fado d’être intimement lié au Portugal, et plus encore à Lisbonne. De même que le tango est la musique de Buenos Ayres avant d’être celle de l’Argentine. Et puis nous ne sommes pas les seuls à approcher ces métissages. Amalia Rodrigues, Carlos Do Carmo l’ont fait. Et une bonne partie de la nouvelle génération du fado lisboète explore aussi cette voie.

Pour ces raisons, nous avons inclus dans la soirée des fados traités, en partie, en bolero, en tango, en jazz, et des sambas en fado, et une morna capverdienne, cousine elle aussi du fado, tout en consacrant la plus grande partie de la soirée au fado castiço traditionnel.

Un mot sur les interprètes ?

Pour le fado comme pour tout autre genre musical, on peut dire qu’il y a deux catégories d’interprètes : ceux qui se spécialisent dans le genre en en respectant les traditions et les codes, affinant leur art au fil du temps. Par exemple, peu de chanteurs d’opéra chantent du jazz et réciproquement. Et puis ceux qui ont envie de vagabonder dans des styles un peu, voire très, différents. Guadalupe chante le fado, mais il lui arrive aussi de chanter Edith Piaf dans certaines circonstances ; elle chante aussi parfois de la variété. Outre ses qualités vocales, elle a un sens du rythme aigu, et aime les défis. Philippe De Sousa est un remarquable guitariste de fado, mais poursuit aussi des recherches musicales hors fado ; et il accompagne régulièrement Bevinda, qui est très en marge du fado. Nella G, qui intervient sur certains morceaux aux percussions est une batteuse de rock, plutôt cogneuse, et là, elle fait tout en délicatesse, c’est une expérience qu’elle trouve enrichissante. Quant à Pompeu, il est depuis longtemps une des meilleures violas de fado de Paris, et est ravi de participer à quelque chose d’un peu différent. Quant à moi, avant d’être amateur de fado, je faisais du jazz, en amateur aussi, et j’en suis toujours passionné.

Pour chaque soirée, nous invitons aussi une ou un fadiste ami-e. En février, ce fut Paulo Manuel, et nous avons également profité du passage à Paris d’Eugenia Maria, une représentante du fado « bairrista », et une grande camarade. Le 9 mars, nous accueillerons Mané. Pour moi, c’est une grande dame du fado, un fado sans concessions. Et bien sur, il peut y avoir une part de fado « vadio », c’est-à-dire que les chanteuses et chanteurs qui viennent passer la soirée peuvent aussi nous donner quelques fados de leur répertoire.

Vous nous avez dit au début de l’entretien que l’objectif initial était d’inciter un public français à mieux connaître le fado. Objectif tenu ?

A l’Espace Saint Michel et au Beirão, le public était à 90% français. Chez Flora, nous sommes à un peu plus de la moitié, avec aussi, assez régulièrement, des amis capverdiens ou brésiliens. Nos réseaux associatifs « draguent » les français, et Antonio et Flora infirment leur clientèle, qui est très cosmopolite. Notre espoir, c’est que la soirée donne envie aux participants de revenir au fado, chez Flora bien sur, mais aussi dans tous les autres lieux où « se canta o fado ». C’est un public qui vient pour le fado, très attentif et très convivial. Nous essayons d’ailleurs de les informer, via le site du Cactus, des programmes de fado sur la région et même en province.

(Propos recueillis par João Silveirinho)

Soirée Monde du fado… Fados du monde mercredi 9 Mars à 20h. Restaurant Sur un R’ de Flora, 160 boulevard de Charonne 75020 Paris (M° Alexandre Dumas) ; Réservations : 01 44 64 96 96. Menu : 40€, apéritif, vin et café compris Avec : Guadalupe (vocal), Philippe de Sousa (guitare portugaise), Pompeu (guitare), Nella G (percussions) et en invitée spéciale Mané (vocal). Présentation (et vocal aussi) : Jean-Luc Gonneau


Commentaires

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vendredi 2 juillet 2021 à 18h21 - par  Mélanie Perrot

J’ai quelques vidéos de ce fameux Fado. Et je trouve que les paroles du fado chanté proviennent en majorité de textes poétiques écrits en langue portugaise, même dans le fado chanson, même s’il existe une version franco-portugais.

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mardi 8 mars 2011 à 10h21 - par  Jeff

J’éspère pouvoir venir comme je l’ai fait à la dernière... ambiance unique et rencontres très intéressantes au programme.

 

en plus il y aura des chaussures femmes.
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lundi 7 mars 2011 à 09h32 - par  Michelle

J’ai assisté à la précédente soirée "Fado" organisé par Jean-Luc Gonneau et je dois dire qu’il a un certain talent dans l’organisation de ce type d’évènement. Il connait bien son sujet :-)
D’ailleurs le Fado est connu pour être le nom d’une célèbre opératrice de téléphone rose. Je ne peux plus me passer de ces services audiotels de charme : voici le numéro du meilleur service de telephone rose

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mercredi 2 mars 2011 à 09h56 - par  Michel

@Marie
Vous avez également une très bonne définition de ce qu’est le fado à travers cet article Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fado

Nous nous croiserons à cette soirée :-)
Marie, je ne vous ai jamais eu sur une ligne de téléphone rose ? Car au tel rose, j’entends des voix charmantes

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lundi 28 février 2011 à 18h30 - par  Marie

Avant cet article, je ne connaissais pas ce qu’était le fado : c’est chose faite :-) et je compte bien me rendre à cette soirée ! Bonne initiative !
D’ailleurs dans cette soirée avec des dominatrices, je compte bien me faire dominer par des dominatrices.

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