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RETOUR SUR CHIRAC ET LES DROITS DE L’HOMME Par Sylvain Ethiré
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RETOUR SUR CHIRAC ET LES DROITS DE L’HOMME
Par Sylvain Ethiré

Cela fit jaser, un peu. Cela se passa voici quelques semaines, lors d’un voyage, très officiel, pas une de ces vacances exotiques qu’affectionne tant notre président, dans un pays du Maghreb. Comme dans tous les pays du Maghreb, on sait que la conception locale des droits de l’homme est, comment dire, approximative, changeante, à géométrie variable, réduite aux acquêts sans qu’on identifie clairement les acquêts, soumise aux humeurs, changeante c’est bien connu, des monarques hiérarques ou présidents quasi à vie locaux.
Bref, dans ce pays, des opposants sont notoirement malmenés, à moins que l’on considère que prison, torture à l’occasion pour ne pas perdre la main, menaces, filatures, interdictions professionnelles et on en passe soient des outils éducatifs pour faire mieux comprendre à des opposants (pacifiques au demeurant, pas terroristes pour un dinar) où se situe le bien de la nation, et le leur accessoirement.
Et c’est là-bas que notre président, celui de, dit-on bien fort, la patrie des droits de l’homme a décidé de donner un cours (court, le court, on va le voir) sur les droits en question. Vous vous en souvenez sans doute : le premier des droits de l’homme, c’est de manger à sa faim. Notre président est incontestablement expert en la matière : on sait que dans les années où il fut maire de la capitale, il mangea très ostensiblement à sa faim, conséquente.
A ce compte, Mussolini et Franco furent respectueux des droits de l’homme, en tout cas du premier d’entre eux : pas ou peu de morts de faim pendant leurs règnes, long pour le second. Hitler lui-même, hors les individus signalés pour leur origine ethnique, leur penchant sexuel ou leur opposition politique (voir plus haut)…
On ne commettra évidemment pas l’erreur d’assimiler les autocrates du Maghreb à Hitler, mais Franco, Salazar, hein, on n’en est pas loin.
Notre président avait-il forcé sur la boukha ? On se souvient de paroles très malheureuses sur certaines odeurs immigrées, que certains mirent sur le compte d’un repas copieux et arrosé (la faim et la soif, chez cet homme ! si français !). Mais ne badinons pas.
Nous ne sommes pas naïfs, ni droits-de-l’hommistes intégristes : les pays du Maghreb sont certes dirigés directement ou indirectement, par des autocrates, mais notre histoire commune, nos imbrications humaines et économiques, nos intérêts bien compris, les nôtres mais aussi les leurs, commandent une coopération solide, des échanges. Cette coopération, il convient même de la renforcer.
Mais est-il digne, utile, opportun pour un président de la république française, de commettre un tel écart. Coopérer, bien sur, faire en sorte que le développement des pays du Maghreb s’intensifie, évidemment. Mais ne pas oublier que le développement porte en lui, par l’éducation, par la culture, par le desserrement de l’étau de la misère, l’éveil, le renforcement des idées démocratiques.
En conséquence, il n’est nul besoin de flatteries, il n’est nul besoin de légitimer en quelques phrases les aspects les plus douteux des dirigeants du Maghreb. Et ceci sans tomber dans le piège inverse qui consisterait à ignorer les points positifs, lorsqu’ils adviennent, des politiques conduites par ces mêmes dirigeants dans le domaine dont nous traitons ici, celui des libertés et des droits de l’homme. Oui, le président Ben Ali continue, avec mérite, de défendre la laïcité malgré, en Tunisie comme partout dans le monde arabe, les poussées religieuses intégristes. Oui, le roi du Maroc a raison de modifier le code civil en faisant considé, mais il ne justifient pas les baillons posés sur la liberté d’opinion, plus ou moins serrés, on l’a vu, selon les humeurs du moment.
En fait, notre président a agi dans ce cas-là comme en toute chose, sans principes, sans vergogne.
On prête à Jacques Chirac des qualités : flair politique, opportunisme au sens positif du terme, « sympathique ». Pour avoir survécu à tant de tourmentes politiques, il n’en manque probablement pas. Mais ce n’est pas l’ « homme » Chirac qui nous intéresse, celui-là a sans doute ses faiblesses et ses grandeurs, comme presque tout le monde. C’est sa conception de la politique, c’est aussi son action à la tête du pays, c’est l’image qu’il donne du pays qu’il préside. Et sur ces points là, le bilan est plus que mince. En un peu plus de soixante ans, on a fait aux français quatre fois le coup du « bon grand-père », avec des bonheurs et des malheurs divers, depuis la déchéance absolue de Pétain en passant par une certaine grandeur et un non moins certain déclin de De Gaulle, les lumières et les ombres de Mitterrand, et maintenant Chirac dans le rôle du papy au solide coup de fourchette et à l’accolade facile.
Cette image récurrente de sage vieillard encore vert n’est-elle pas un signe inquiétant du malaise de notre république ? Etrange pays tout de même où l’on maltraite nos personnes âgées, où les entreprises jettent à partir de la quarantaine, qui ne trouve que peu de place pour la sagesse, souvent réelle, des anciens,et qui s’en remet par son vote, régulièrement, à des politiciens habillés en grand-père gâteau.