"Irrévocable" : c'est le mot prononcé par Noël Mamère le soir de son éviction de la candidature aux élections présidentielles."En cas de condamnation infamante je quitterai la politique" : droit dans ses bottes, l'ancien premier ministre Alain Juppé nous avait asséné ce coup dont nous ne devions soi-disant pas nous remettre. Force est de constater qu'il n'y a rien de nouveau sous le ciel de la politique.

Notre cinquième république n'en finit pas d'agoniser, la longue litanie des promesses non tenues continue de s'étirer, ringardisant un peu plus chaque jour la fonction de l'homme politique. Il est loin le temps où faire de la politique était signe de probité.

Où sont les Jean Jaurès, les René Dumont, que sont devenus les Jean Moulin, les Simon Bolivar, les Garibaldi qui, poitrines en avant offraient leurs personnes à la république ? La dignité n'a plus cours en politique, seuls comptent le pouvoir et l'argent, les hommes politiques défilent à la télévision dans des talk show tels des Madonna, faisant la promotion de leurs galettes de vinyles. Et la dignité bordel!

Homme politique moi-même je vous le dis, si d'aventure il m'arrivait de ressembler à ces hommes sans foi, ressortez ce courrier de vos archives si tant est que vous l'ayez conservé. Nous avons vu ces derniers jours l'épilogue de ce que certains appellent un drame ce qui n'est en fait qu'une décision de justice, l'exercice même de la loi dans toute sa rigueur et sa probité. Nous avons vu le premier ministre de la France attirer sur lui la caméra en bon conseil en communication qu'il est et se confondre en platitude, arguant de l'honnêteté de monsieur Juppé. Hélas, trois fois hélas, il ne fut pas seul à mettre en avant de cet argument.

On a pu voir des hommes politiques de droite comme de gauche s'exprimer droit dans nos yeux pour nous affirmer que cette condamnation était excessive. De quoi ont-ils peur?

Que pensent-ils lorsqu'un misérable de banlieue qui pour le vol d'un scooter (acte sans aucun doute condamnable) prend plusieurs mois fermes? Au secours Sarkozy, les délinquants sont dans les palais de la république! Si l'affaire n'avait pas été aussi scandaleuse, nous aurions pu en rire. Mais voilà, ce grand homme, "le meilleur d'entre nous" comme le désignait son compagnon de rapine, n'a pas été qu'un fusible, un rempart pour le premier de tous les délinquants qui fuit la justice en se réfugiant sous les ors de la République. Monsieur Juppé a lui-même joué un rôle actif dans les affaires du RPR et sans préjuger de l'appel, nous pouvons dire que tout cela n'est qu'un juste châtiment, compte tenu de tous les délits qui ont été effacés pour cause de prescription. Souvenons nous qu'avec la complicité du couple qui sévissait à la Mairie de Paris, ce même Juppé s'est rendu coupable de plusieurs délits "de prise illégale d'intérêts en distribuant des appartements à bas prix de cette même ville, à sa famille ainsi qu'à lui-même".

Au lendemain du cri de l'abbé Pierre "Malheur à nous les gens heureux", voir les plus hauts personnages de l'état se partager les appartements payés avec le fruit de nos impôts, avouez que ça secoue son homme.

Notre vieille constitution s'étiole, ceux qui prétendent servir les intérêts de nos concitoyens se servent eux mêmes. Notre salut réside dans la refonte de nos institutions politiques et judiciaires, la cinquième république n'est plus qu'un bateau ivre dans lequel s'empilent des lois les unes sur les autres, sans même en mesurer les conséquences. Mon Dieu qu'elle arrive vite cette sixième république pour nous débarrasser des vieux démons que sont corruption et malhonnêteté!!