La France se nourrit de slogans et de symboles, et en inonde le monde, qui rigole.

"Nous nous opposons fermement à l'indépendance de Taiwan, et nous ne saurons permettre à qui que ce soit de séparer Taiwan du reste de la Chine sous une forme ou une autre", déclare-t-elle sans grand risque de devoir agir, et tandis qu’elle rêve de vendre des chemins de fer et des trains à grande vitesse pour glisser dessus tout au long et au large de la Chine, elle bloque la circulation des Parisiens pendant le petit déjeuner du président chinois.

Elle rappelle que le premier des « Droits de l’homme » est d’avoir un toit et de manger, et 1,300 000 de Français sont réputés mal logés en 2004.

Elle orne le littoral égyptien de « stèles » à la mémoire de voyageurs insouciants, mais laisse libre de trace dans nos souvenirs le marché de tacherons égyptiens et pas seulement qui vendent leurs bras chaque matin sur les parkings des Confomerlin à des patrons du bâtiment qui les feront travailler au noir, les paieront parfois, sans protection sur leurs échafaudages : pas de stèle pour les accidentés du travail d’arabe.

Elle importe finement le principe de la « Discrimination positive » et nomme un préfet musul… euh, maghrb… euh, issu de l’immigration, en grande pompe, pour en faire un exemple, et une cible positivement discriminable.

Elle parle de « Contrat d’Intégration » pour les migrants, genre accès à la citoyenneté, en n’engageant comme force que les bénévoles et les associations pour l’apprentissage du français, alors que ceux-ci derrière la Croix Rouge ou le FACILD, n’en peuvent plus de souligner l’urgence d’une professionnalisation et en appellent aux ministères pour qu’enfin on arrête le bricolage.

Elle polémique indéfiniment sur des « signes religieux » qui prennent ainsi tout leur temps pour mitonner leurs apparitions théâtrales, à effet de manche, effet de manche et demie ; et les pays qui nous remerciaient de ne pas avoir chauffé les élans guerriers en Irak se demandent ce qui nous prend de chauffer les esprits sur notre propre territoire, et chez nos propres voisins. Mais nous, inventeurs de la République pour tous, on a des valeurs, et on y tient : l’abbé Pierre et Sœur Emmanuelle, au top ten de la popularité et de l’action sociale, et 16 ministres présents lors du dîner annuel du CRIF, oui,16, sont là pour les rappeler.

Avec son bon cœur, elle bat des records en « téléthons » et en « pièces jaunes », et compte les esprits qui prennent du champ, pour trouver les crédits nécessaires, les encouragements et les équipements d’un pays moderne.

Elle lance des « Années du handicap », et ferme les centres éducatifs spécialisés, au nom de l’immersion : serait prévue une proportion de 20 pour cent de handicapés par classe, c'est-à-dire 5 autistes, mettons, aidés par des assistants d’éducation recrutés rien que pour ça, bons et généreux, à défaut d’être des professionnels de la santé ou de l’éducation.

Elle invente de nouveaux délits et clame « Tolérance zéro », et envoie son Premier Ministre en plan fixe sur son perron déclarer solennellement que la France a besoin de l’homme que des juges viennent de déclarer coupable et inéligible.

Politique suffisante et pathétique, compassions dérisoires à la une et oubli de la souffrance muette collective, morale facile et spectaculaire, et vieilles recettes de la culpabilisation en campagne : « si vous votez Le Pen, c’est très vilain » : à répéter encore que les élections, régionales en l’occurrence, consistent à empêcher le Front National de gagner, ce qui revient à prendre pour des mineurs irresponsables les électeurs, on croit encore que les grands mots font plus que les bons programmes – toujours niant les faits.