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JOSPIN, LA TRIBUNE INUTILE Par Patrick Trannoy


 
JOSPIN, LA TRIBUNE INUTILE
Par Patrick Trannoy


Ses partisans comme ses opposants ne pouvaient être inattentifs au retour médiatique de l’ancien Premier Ministre, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2002. Nous attendions donc tous l’analyse de Lionel Jospin, tant sur l’élection passée que sur la politique du gouvernement et l’avenir, de la Gauche, de la France.
Quelle déception ! Lionel Jospin veut être utile, mais deux pleines pages du Monde, conditions rarement offertes à quiconque pour s'exprimer, ne lui ont pas suffi pour apporter quelque élément intéressant que ce soit aux débats en cours.
L’élection présidentielle : il y a eu des lacunes, sans doutes, dans sa campagne… sur lesquelles il ne revient pas, comme par hasard. Son projet était le bon, nous l’apprenons, il suffit de le croire. Et, donc, s’il n’y avait pas eu de candidat M.D.C. ou P.R.G., alors il aurait été qualifié pour le second tour, comme en 1995. Certes. A moins que les électeurs de Jean-Pierre Chevènement et Christiane Taubira n’aient dans ce cas voté pour Robert Hue, Noël Mamère, Jean Saint Josse, Jacques Chirac, François Bayrou… Mais admettons. Donc, s’il n’y avait pas eu de candidat M.D.C. et P.R.G., Lionel Jospin aurait été qualifié pour le second tour. Mais pourquoi arrêter ce raisonnement en si bon chemin ? S’il n’y avait pas eu de candidat P.C.F., de candidat Verts, de candidat L.C.R., Lionel Jospin aurait été au second tour. S’il n’y avait pas eu de candidat U.D.F., ni de candidat U.M.P., si Lionel Jospin avait été seul face à Jean-Marie Le Pen, on peut même penser qu’il aurait fait 82%. En tous cas, une chose est certaine : si Lionel Jospin avait été le seul candidat, il aurait été élu. Voilà toute la profondeur de l’analyse électorale de l’ancien Premier Secrétaire du P.S., de l’ancien Ministre de François Mitterrand, de l’ancien Premier Ministre de la France… Pourquoi ces candidats « dissidents », pour reprendre son mode de pensée, ont-il fait acte de candidature ? Pas une réflexion sur ce point. Leur programme était-il comparable au sien, au point de justifier une candidature unique ? Aucune réflexion là dessus. La vérité, c’est que lorsqu’on a le même programme, on présente le même candidat, lorsqu’on a un programme différent, on concourt devant les électeurs. Mais si Lionel Jospin avait fait cette analyse, il aurait reproché à François Bayrou, Noël Mamère, et peut-être Jacques Chirac de ne pas l’avoir soutenu, parce qu’avec eux étaient ses convergences profondes sur la mondialisation libérale ! Et contre cette convergence, se justifiait pleinement la candidature de Jean-Pierre Chevènement. Service Public ? Chevènement prend position pour leur maintien, alors que Jospin a signé leur démantèlement programmé à Barcelone. Ecole ? Chevènement défend l’exigence, Jospin persiste dans le bougisme. Salaires ? Chevènement propose l’augmentation du SMIC de 25% sur 5 ans, Jospin s’en tient à des vœux pieux sans remettre fondamentalement en cause les quatre ans de modération salariale depuis 1998. Corse ? Jean-Pierre Chevènement défend l’unité de la République, et la défense sans concession de l’Etat de Droit, Lionel Jospin persiste et signe dans le compromis de Matignon. Décentralisation ? Jean-Pierre Chevènement défend la décentralisation dans la République, Lionel Jospin propose la généralisation de l’erreur corse qui ouvre le voie à l’Europe des régions. Il n’y a pas un point fondamental sur lequel les programmes de Lionel Jospin et de Jean-Pierre Chevènement se confondaient. Fallait-il dès lors que Jean-Pierre Chevènement soutienne un candidat avec lequel il était en désaccord quasi complet ? Au nom de quoi ? D’une conception clanique de la Gauche et de ses tabous ? C’est ridicule. Que Lionel Jospin reproche à Chevènement un certain nombre d’attaques, c’est son droit, et je pourrais même une ou deux fois être de son avis. Qu’il lui reproche la forme et l’excès de certaines apostrophes publiques, je l’approuverais souvent. Qu’il juge qu’il était irresponsable de s’en prendre ainsi à celui qui avait des chances de devenir le candidat de rassemblement au second tour, on peut à la rigueur accepter d'en discuter. Mais qu’on reproche en somme à Chevènement d’avoir été candidat, et d’avoir défendu son programme et donc sa différence, c’est un déni de démocratie qui n’honore pas l’ancien Premier Ministre, et qui en dit long sur sa conception de la bataille d'idées.
La critique du gouvernement n’est pas plus convaincante : l’anathème est jeté ligne après ligne, mais quels éléments concrets de comparaison Lionel Jospin donne-t-il avec sa propre politique pour qu’on puisse comparer et juger effectivement de la différence ? Aucun. Et pour cause… Il aurait du mal à montrer que le carcan du pacte de stabilité n’est pas le même, que l’attaque systématique au service public n’était pas le même, que les baisses d’impôt sur le revenu n’étaient pas de même inspiration, que la politique éducative n’était pas la même, Luc Ferry ayant été le directeur des programmes de Jack Lang ! Bref, Lionel Jospin ne peut que critiquer la Droite en l’air, car toute autre critique approfondie le conduirait à remettre en cause sa propre politique.
Et justement, c’est là que la tribune de Lionel Jospin est la plus navrante : les perspectives qu’il trace pour la gauche sont vides de toute remise en cause, et donc de toute reprise en main idéologique. Si, on trouve une idée intéressante : la Gauche devra être plus attentive aux bas salaires. Ah… Mais comment ? Doit-elle rompre avec la théorie jospino-strauss-kahnienne de la régulation, la théorie en somme de la non intervention de l’Etat dans l’économie libérale (sauf correction ex-post à la marge pour rafistoler les dégâts) ? Bigre, non ! Lionel Jospin n’est pas devenu socialiste depuis le 21 avril…La mondialisation libérale ? Il ne faut pas affaiblir les organismes internationaux. Comprenez : il faut laisser libre cours à l’O.M.C., au F.M, instruments de domination américaine…
Lionel Jospin affirme qu’il ne compte pas revenir, et quand on le lit, on se dit, même avec un peu de mélancolie, que c’est tant mieux. Mais si la gauche ne change pas de discours, ne rompt pas avec l’acceptation de la mondialisation libérale, et ne lui oppose pas la souveraineté des peuples pour la défense de l’intérêt général, si la gauche en particulier ne se donne pas les moyens de lutter contre les inégalités, en particulier via la défense des services publics, la promotion de l’école, la relance keynésienne de l’économie, alors le « coup de tonnerre » du 21 avril n’aura servi à rien. Le P.S. ferait donc bien d’analyser les causes des candidatures qu'il juge « dissidentes », et en premier chef celle de Jean-Pierre Chevènement, plutôt que de se draper dans ses certitudes néo-libérales et de chercher à étouffer les critiques.



Patrick Trannoy se définit comme « militant socialiste républicain, donc membre du M.R.C. de Jean-Pierre Chevènement et Georges Sarre ».