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ATTENTION, POISON VIOLENT : LE PIEGE DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE

Par Marc Mangenot
lundi 4 septembre 2006
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L’élection présidentielle « à la française » est un véritable poison politique. C’est un poison d’autant plus violent que cette élection est populaire. Le peuple serait-il friand de poison ? Certes, il est souvent drogué, consentant ou non : alcool, bagnole, religion, feuilletons spécieux, et bien d’autres. A petites doses, ces poisons potentiels peuvent être des plaisirs. Mais pourquoi donc ce poison qui tue la République et la démocratie, pourtant bien loin d’être parfaites, est-il prisé à ce point. Les raisons en sont simples. Tout d’abord il n’y a pas de doses contrôlables. L’injection est massive et d’effet durable. En effet, une majorité d’électeurs estime plus importante cette élection que toutes les autres réunies. Diable (si je puis me permettre) ! Car, la présidence de la République française apparaît comme le lieu central du pouvoir. Mieux alors vaudrait, peut-il sembler, se déterminer, ou se déterminer d’abord ou avant tout, sur ce terrain que sur d’autres. Cette manière de voir n’est malheureusement pas fausse, tant la Constitution de la République cinquième que les pratiques successives de tous les occupants de la fonction en ont conforté la prééminence, y compris, avec quelques nuances, mais toujours au profit de l’exécutif, en période dite de cohabitation. Toutefois, croyant peser sur les événements futurs, la majorité des électeurs (considérés comme des consommateurs de slogans et non des citoyens) renforce le côté pervers de l’élection et de la fonction présidentielles. Il est absolument nécessaire de se démarquer de cette posture dangereuse et ruineuse pour toute démarche ou pratique émancipatrice et démocratique.

Les travers de ce mode d’élection peuvent être ramenés à quelques éléments essentiels. En premier lieu, par un vote direct de l’ensemble des électeurs, est en quelque sorte légitimé l’octroi de pouvoirs (très et beaucoup trop) importants entre les mains d’une seule personne. En second lieu, et conséquemment, se trouve renforcée la primauté, déjà excessive par ailleurs dans l’ensemble institutionnel français (1), de l’exécutif sur le délibératif. En troisième lieu, c’est offrir un boulevard aux démagogues et aux « marchands » de slogans politiques. Lors de cette élection, le champ politique est en effet traité à la fois et plus que jamais comme un marché et comme un spectacle. Le ci-devant citoyen, après avoir assisté au spectacle est sommé d’acheter (de donner sa voix au plus clandestinement persuasif, pour reprendre une formule de Vance Packard). Toute élection est une occasion pour les démagogues et les partis de l’ordre imposé de se manifester, mais celle-ci, par sa forme, plus que toute autre.

La gauche, celle qui se définit « anti-libérale », se doit de prendre position. Elle a redonné l’espoir avec la victoire du non au référendum sur le projet de traité constitutionnel européen. Ce rejet d’un projet européen antisocial et antidémocratique a ouvert le champ des possibilités, et a participé de la victoire contre le gouvernement qui a dû retirer le CPE. Ce résultat positif est aussi, et justement, le fruit d’un long, patient et systématique travail d’explication et de réflexion mené en commun par des dizaines de milliers de gens. Loin des slogans. Loin des démagogues. Loin des puissants et de leurs complices.

Si cette analyse est correcte, elle devrait conduire à privilégier les élections aux assemblées délibératives. Autrement dit, et beaucoup déjà se sont exprimés dans ce sens, la participation à l’élection présidentielle doit être subordonnée aux élections législatives et municipales. Comme le référendum européen, la gauche de gauche devrait s’organiser, avec ses propres moyens et ses propres forces, pour mener une campagne pour la démocratie et pour le rééquilibrage des pouvoirs, spécialement entre exécutif et législatif. Une telle campagne porterait à la fois sur la critique de la remise de pouvoirs exorbitants dans les mains d’une seule personne, sur le poids excessif des exécutifs, sur les modes d’élection, sur la participation citoyenne. Elle aurait pour mot d’ordre « une autre constitution, pour une république (réellement) sociale et démocratique ». En ce sens, elle servirait de pré-campagne aux élections législatives. La « Charte pour une alternative au libéralisme », fruit d’une élaboration collective large, constitue un des éléments du débat nécessaire, populaire et citoyen, sur le fond.

Dès lors, la campagne présidentielle aurait un quadruple objectif : mobiliser et organiser le débat sur les grandes orientations ; contester le mode d’élection et mettre en débat une réforme constitutionnelle ; devancer le ou la candidat (e) soial-libéral(e) , et préparer les élections législatives unitaires, ainsi que les suivantes (municipales). L’actualité, nationale, européenne, internationale, conduira, bien entendu, à ajuster les thèmes de campagne.

Il y a bien sûr la délicate question du choix de la personne qui représentera la gauche, unie comme elle l’a été durant la campagne contre le traité constitutionnel européen, c’est-à-dire contre l’institutionnalisation de la domination du capital sur ce demi-continent. Bien des éléments sont à prendre en considération avec soin : l’importance des partis, mais aussi celle des citoyens organisés en centaines de comités locaux ; l’absence de concessions au social-libéralisme et aucune alliance avec lui, ce que n’est pas le désistement républicain.

Il reste beaucoup à faire (nous sommes début août). Mais c’est seulement dans l’hypothèse où la gauche sort du piège de l’élection présidentielle et s’engage collectivement pour changer la politique dans ses orientations et dans ses pratiques, que les objectifs résumés ci-dessus pourront être atteints. Et ils peuvent l’être.

(1)La prééminence de l’exécutif est redoublée dans les institutions de l’Union européenne

Marc Mangenot est l’un des animateurs de la Fondation Copernic


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