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ENSEIGNEMENT : L’ARTICULUM DE LA COLERE

dimanche 18 février 2007
par  Florence Bray
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Seccotine a énervé les élites plus d’une fois, avec ses jurys populaires et ses éducateurs militaires, que d’oxymores en effet ; mais the last n’aura pas été the least indeed : des profs au service des élèves. Dingue. Non que la ségolénie ait tous les charmes : pas drôle, la mine figée ; pas si crédible, la voix du peuple ; pas engageant, le premier degré satisfait à plein temps. Mais la FSU et ses avatars non plus ne sont pas que glamour, et frisent la grossièreté politique et intellectuelle, dans des réactions strictement à courte vue. Les enseignants furent donc prompts à lever leur bouclier contre l’idée de madame Royal, (35 heures de présence pour les profs de collège) idée encore informelle diffusée grâce à la bienveillance de ses confrères, car il est vrai que demeurer sur son lieu de travail quand on effectue ses heures de travail est inique, au regard de la possibilité de se choisir à la carte de braves adolescents disciplinés, et de se faire payer deux fois, donc, la même heure, dont une sous la table.

Et sous ses cris, envahissants et pseudo représentatifs, personne n’aura pu demander, plutôt, des conditions matérielles qui permettraient enfin aux enseignants, école, collège voire fac, de pouvoir travailler en dehors des cours, tout simplement, y compris dans la situation actuelle, et pourquoi pas, pendant 35 heures, et de ne plus avoir à y errer dans les « trous » en perdant totalement leur temps, faute d’aménagements professionnels élémentaires : un bureau, un ordinateur avé imprimante, un téléphone, soyons fous. Certes, en disposent souvent les profs de matières tertiaires ou industrielles, mais vous verrez rarement un prof de français doté d’autre chose que d’une craie et d’un bout de salle des profs, salle où tout est possible, sauf travailler, et d’où sont exclus les élèves au nom de « on ne se mélange pas », ou plus simplement parce qu’il y a quand même besoin de faire des parenthèses adultes.

Donc, personne pour rappeler aux autorités et à l’opinion que cela, un bureau, et donc la possibilité de rester jusqu’à 35 heures, faciliterait la vie de tout le monde : des élèves, qui, rappelons le, sont vaguement la raison d’être des enseignants, et qui pourraient rapidement résoudre un problème avec leur prof en le rencontrant ; des profs, qui éviteraient ainsi de trimbaler chez eux un bout de leur vie professionnelle, pour la plus grande joie de leur entourage, et seraient beaucoup plus détendus ; et de la collectivité, qui ne favoriserait plus un système honteux, où les chances des initiés urbains opulents et de leur précepteur n’ont rien d’égal avec celles des autres ; enfin, cela constituerait une économie substantielle pour le contribuable, dans la mesure où les mairies et les départements, devant l’augmentation croissante d’offre commerciale, se voient obligés moralement de proposer un pendant public et gratuit à cela, et financent donc des vacations via différentes associations pour des études du soir, dont la qualité est plus qu’aléatoire et l’évaluation impossible.

Avec cette économie, parmi d’autres, on pourrait aussi peut être envisager de rémunérer plus correctement les enseignants, afin qu’ils n’aient plus besoin de leur deuxième emploi, situation de fonctionnaire banale dans les pays sous développés, mais assez surprenante chez nous. Mais la réflexion peut - elle prendre en compte toutes les données, quand elle se cantonne à des réflexes mécaniques de barrage ? Et barrage contre quoi, en somme, si ce n’est contre une éventuelle transparence susceptible de mettre certaines niches en péril ?

Ainsi, quand les officines de cours privés se multiplient, est-ce au nom du service public que l’on dénonce quelqu’un qui demanderait aux fonctionnaires de servir autant qu’ils sont payés les enfants de la laïque gratuite et obligatoire, plutôt que d’aller s’arrondir les fins de mois ? On peut bien sûr comprendre les compléments de service après lesquels un enseignant doit actuellement courir, surtout en région parisienne, vu ce qu’est sa rémunération, et on a même appris récemment, (par la bouche de Jacques Cotta, auteur du livre intitulé 7 millions de pauvres en France, septembre 2006 Fayard) qu’un agrégé de philo résidant à Paris et travaillant dans l’Oise avait les conditions requises pour être labellisé « précaire ». Si l’on s’en tient en effet à la grille indiciaire, le prof ne gagne pas lourd, n’a pas de frais de mission pour ses déplacements, n’a pas de CE, n’a pas de matériel fourni, pas de voiture de service, pas de logement de fonction : à mains nues, il se bat, le prof, c’est incontestable, avec ses 2300 euros en moyenne à mi carrière ; (mais on pourra émettre une réserve terminologique tout de même, car dire ce fonctionnaire « précaire », c’est l’assimiler à la femme monoparentale de 45 ans ouvrière dans l’up Thomson d’Angers qui va fermer, ce qui coince un peu si l’on considère ses conditions de travail adjacentes : pas de patron, pas de collègue obligé, puisque jusqu’à preuve du contraire les profs sont seuls dans une classe, pas de vérification de son travail, à peine pénalisation de ses heures d’absence, quelques bons breaks réguliers, entre deux sprints incontestablement épuisants, et la possibilité de travailler en peignoir et devant la télé, s’il veut, son texte de Kant chez lui, au lieu d’un bureau paysager à claustras...Alors ok pour « classe moyenne appauvrie » ou « élite déclassée », plutôt, monsieur Cotta ?).

Mais le peuple prof, de gauche, semble préférer le système D à une revendication politiquement explicite, pour lutter contre cet état de fait, et envoie donc de facto les élèves en cours payants ; pardon : envoie les élèves des villes et des familles à sous en cours payants, car à la campagne, moins d’implantation d’acadomicile, et une heure de route en vélo, ça dissuade ; égalité, bien sûr, surtout si l’on regarde de plus près encore la situation des boites de soutien, qu’on ne trouve pas dans les « quartiers », mais bien aux abords des établissements les plus côtés, pour chauffer la compétition. Et gratuité ! Le budget moyen d’une famille tourne autour de 1500 euros pour ces enseignements en extra, et le lecteur trouvera ci après quelques données chiffrées synthétiques qui rendent bien compte de l’idéal pédagogique et républicain au fondement de ce système (datées d’il y a un an, mais issues, on en aurait rêvé, d’un numéro récent du « journal du management ») :

« S’il est difficile de quantifier avec précision ce secteur, les entreprises spécialisées dans le soutien scolaire se partagent en France un marché estimé à environ 450 millions d’euros, en progression de 10 % par an. Cette croissance est alimentée par l’augmentation de la demande d’une part, mais surtout par les gains de parts de marché des prestations déclarées sur le travail au noir. C’est en effet au milieu des années 90 que l’Etat a décidé d’inciter fiscalement les familles à déclarer les personnes qu’elles emploient à domicile. Les parents peuvent ainsi déduire de leur déclaration de revenus 50 % du salaire qu’ils versent aux professeurs particuliers de leurs enfants... Le plan de Cohésion sociale mis au point par Jean-Louis Borloo risque également de modifier les rapports de force du secteur en promouvant la constitution de prestataires nationaux globaux pour les services à la personne. Des acteurs majeurs des services comme Sodexho ou Accor pourraient ainsi être amenés à investir le marché du soutien scolaire, par des rachats, des partenariats avec les entreprises existantes ou en développant leur propre activité. "Les banques, les mutuelles et les sociétés d’assurance commencent également à s’intéresser à ce marché, rappelle Ludovic Melot. Deux opérateurs ont déjà été créés, l’un Domicours, spécialisé dans les cours particuliers, l’autre, Serena, qui intervient sur l’ensemble des services à la personne." La restructuration du secteur ne fait donc que commencer » Et encore, cette belle définition de la qualité pédagogique :

« Ne voulant pas s’improviser conseiller pédagogique, Acadomia a noué un partenariat avec Nathan, qui lui procure des tests d’évaluation pour l’établissement de cours... et un peu de sa notoriété. Car Acadomia soigne son image : cette année, ce sont 4 à 5 millions d’euros qui seront dépensés en spots publicitaires et en affiches. Autre vecteur de notoriété : la Bourse. Introduit sur le marché libre en avril 2000 à 9,70 euros, le titre vaut aujourd’hui 38 euros. Il a gagné près de 70 % depuis juin 2003. « C’est une belle reconnaissance du métier. On ne parle plus désormais de petit cours mais de soutien scolaire », relève le PDG. Objectifs : le transfert au second marché et l’ouverture du capital à hauteur de 45 % au lieu des 30 % actuels. L’idée n’est pas récente, mais Maxime Aiach sait attendre le moment propice pour prendre les bonnes décisions. Jusqu’ici, cela lui a plutôt réussi »

Les enseignants qu’on entend dans le débat public, fonctionnaires et volontiers porte paroles de la République et de ses valeurs, semblent donc n’avoir cure de tout cela : plutôt garder leur opacité, qu’il déguise des mots « liberté pédagogique », et jouer des interstices du système, que de prendre le risque de construire une collectivité réelle qui œuvre pour le bien commun, mais qui les mettrait en pleine lumière. Et plutôt des paroles toutes faites par la corporation qu’une pensée politique un peu plus longue à élaborer.

N.B. : dans le même ordre idées, nous aurons pu relever ces derniers temps :

- le refus de voir que le niveau de lecture est catastrophique et une pseudo querelle d’initiés en lieu et place d’un travail collaboratif entre intervenants du système éducatif.

- la cécité devant le recul de la maîtrise de la langue, qui fait qu’on doit encore attendre une parole d’en haut, que l’on contestera comme incompétente, et que vient de formuler à grands frais l’incontournable Bentolila : il faudrait introduire des cours de grammaire dans les cours de français.

- la réaction épidermique qui hurle à la compromission et à la trahison intellectuelle parce qu’on demande à l’université de se rapprocher des emplois qui embauchent, puisque tout baigne en effet pour les esprits bien formés : 25% d’emploi seulement pour les 18-26 ans, 17% de diplômés du supérieur court, 26% du cycle long, ce qui n’est pas vraiment dans le top ten des pays développés. (d’après une note du 7 juin 2006 de la direction de « l’évaluation, prospective, performance », arf arf, au recteur de Limoges, président de la commission université emploi).

- et pour finir, si un livre blanc de la CCIP s’inquiète de la méconnaissance économique et industrielle des professeurs, en ce mois de novembre, et quand bien même ce serait par simple ultra libéralisme sectaire, ne peut-on réfléchir, avant de tempêter, à l’opportunité de savoir décrypter au moins les termes de la vie sociale dans sa dimension professionnelle, quand on forme de futurs adultes ? Comment l’adversaire du tout économique espère-t-il même œuvrer à la sape de règles de fonctionnement qu’il décrie, s’il ne les connaît pas ?


Commentaires

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mardi 20 février 2007 à 21h39 - par  Pierre BOUIS

pour être compris des français moyens, dont je fais partie, il serait tres interessant d’utiliser un langage courant. Je ne suis d’ailleurs pas certain que l’utilisation du larousse en 7 volumes arrive à résoudre les problemes de compréhension à vos écrits que je me garderai bien de lire jusqu’au bout ( au cas où pour arriver à vous suivre ce soit necessaire). Déjà dans l’intitulé, "l’articulum", si ça ne pose pas de problemes, une utilisation en français serait la bienvenue ( certes, le franglais n’est pas meilleur loin de là) et vous utilisez des mots anglais incompréhensibles pour moi, alors que vous semblez défendre la langue fraçaise. D’autre part, les mots ’ que d’oxymores en effets ’ dénotent une instructions ou une connaissance de la langue française que je n’ai pas, mais vous êtes seul à vous comprendre. Et, à partir de là, vous mourrez sans être compris.
Celà écrit, n’ayant pas (négation compléte : je vous laisse le soin d’en juger) l’intention d’aller plus loin, je vous dis simplement : vous n’avez rien compris !
quelques accents manquent sûrement : vous les ajouterez.
Merci
PS:Entre autre, comme disait un de mes profs : "vous vous mastubez les neurones"

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