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PAS D’AUTRE POLITIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE SANS UNE PART DE PROTECTION COMMERCIALE

jeudi 14 avril 2011
par  Gérard Bélorgey
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Sur l’échiquier de la perspective présidentielle, chacun pousse ses pièces. Et Ségolène Royal trouverait un très bon premier ministre en DSK, ce qui prouve qu’être sphinx sur ses intentions et plus encore sur un programme rapporte toujours plus. Or c’est dans la latitude d’action de tout pouvoir à venir que gît l’essentiel de la question française. Il est bien clair que sans aucun changement significatif en matière de règles du jeu concurrentiel mondial - ce qu’il est vain d’espérer d’une recherche de « gouvernance » planétaire inspirée par le système lui-même - notre pays est condamné à jouer ce jeu. C’est ce que nous montrons ici depuis des mois et des mois ; c’est ce que prouvent, dernier exemple ces gouvernements « socialistes », comme l’espagnol, qui n’ayant mis en cause ni le libre échange, ni la dominante de l’investissement privé sont obligés de faire une politique que l’on peut dire de type sarkozyste. Et encore le PR de la RF avait-il parfois la vertu de chercher quelque chose d’original (précisément ce qui a inquiété les siens).

Pour le reste c’est sa simplicité qui paye : chaque fois qu’il répète « je n’augmenterai pas les impôts », il gagne des voix selon la recette des Thatcher et Reagan qui savaient bien que satisfaire les égoïsmes est le meilleur buster électoral Chaque fois qu’il pousse une réforme en faveur de l’allégement des entreprises (la fin de la TP , les avantages fiscaux, la révision envisagée, sans sélectivité, de l’impôt sur les sociétés ) il va dans le sens de ce dont pas mal d’entre elles ont besoin dans la compétition européenne et mondiale et dont toutes bénéficient par effet d’aubaine. Chaque fois qu’il améliore ou consolide des privilèges pour ceux qui disposent de ressources en revenus ou en patrimoine, il répond à la mécanique d’une société libérale ou l’inégalité est le carburant indispensable de l’expansion. Chaque fois qu’il fait sabrer de manière forfaitaire et pas particulièrement habile dans les dépenses publiques, sans utiliser en fait les techniques avérées de bonne gestion des organisations, mais en mobilisant des consultants gorgés de jargons de performances et répondant à une hostilité latente contre fonctionnaires et services publics, il fait plaisir à tous les petits chiens de garde de l’esprit managérial et donne des gages utiles aux agences de notation. Il en donne bien plus encore en engageant en catimini et en fait, de plus en plus clairement, la remise en cause des couvertures sociales par la solidarité au profit de perspectives d’assurances individuelles qui font saliver déjà des promotions entières de Hec et d’écoles de commerce. Et le concert des supports se poursuit, non sans logique : Longuet attaque « ou on sort de l’euro, ou on sort des trente cinq heures » ; la machine européenne à régresser sur le plan social est toujours en bon état de marche (encore qu’il vaille mieux revenir une fois pour toutes sur la RTT si débattue et résignée au sous emploi que de diminuer les couvertures maladie).

Bien sûr une gestion « socialiste » serait moins provocante, essaierait d’être moins simpliste, un peu moins inéquitable, un peu plus sélective, un peu mieux conservatrice des acquis sociaux et respectueuse (?) des services publics et de leurs membres. Mais cette différenciation de style pourrait-elle vraiment conduire à remettre en cause la doxa des marchés ? A notre sens, elle ne saurait aller loin si les données auxquelles elle était confrontée n’étaient pas l’objet d’une volonté profonde de contribuer à les modifier d’une part dans l’ordre international où il est besoin d’introduire des protections commerciales raisonnables et des régulations financières fortes à quoi s’opposent les intérêts dominants et d’autre part dans l’ordre interne où l’investissement privé régnant par la voie des marchés financiers doit être pour partie relayé - pour garantir une croissance durable et dépendre moins des inégalités - par des investissements publics rentables nourris par des ponctions adéquates sur les épargnes privées disponibles. Ce devraient être là les questions angulaires d’un projet alternatif où il est sans intérêt de voir apparaître un listing pour « l’égalité réelle » si on ne dit pas comment, par quels leviers on pourrait rendre ces rêves un jour possibles.

Tout au contraire, aussi longtemps que certains pays émergents et au premier chef la Chine pourront - grâce au libre échange, et contre les besoins élémentaires de leurs propres populations - peser de toutes leurs forces extraverties, conquérantes, prédatrices et attractives sur nos grandes entreprises qui y localisent l’essentiel de leurs nouveaux emplois et sur leurs fournisseurs ainsi que sur notre distribution qui en importent tant de biens intermédiaires et de produits à bien moindre coûts que les nôtres, notre emploi ne saurait repartir (sauf s’il profite - ce que tous espèrent – de la fin des effets du baby boom et de la fin des gains de productivité), notre besoin de réduire dette et déficit pour ne pas tomber en dépendance restera toujours aussi impérieux, et, sans changement pour une part de système de production, les incitations à la croissance, même si elle était mieux soutenue par une part de pouvoir d’achat populaire, devraient de toutes façons faire appel à la capacité privilégiée des possédants et des pourvus de pouvoir investir et il faudra donc toujours, sauf à reconstruire une part d’économie mixte, les ménager et les séduire. Le pseudo bon modèle allemand obtenu par stagnation salariale, sinon par recul social continuera à inspirer les camarades du chancelier social-démocrate passé au business qui l’a autant construit que la libérale A. Merkel (réputée pour être « sans imagination »… ce qui est le mieux qui soit car l’imagination, c’est bien inutile pour le libéralisme : celui-ci n’est qu’un mécanisme simpliste… qui gagne ou qui craque).

La politique possible que pourraient conduire une gauche qui laisserait toutes choses égales dans l’ordre international commercial actuel et dans les mécanismes générateurs de l’investissement productif, n’est pas loin de la politique logique de Fillon, Lagarde, Baroin ; et si l’on s’en écartait trop sans avoir engagé des réformes fondamentales du commerce international et des ressorts de l’investissement, on tomberait dans les contradictions qui ont conduit une gestion comme celle de L. Jospin, dès lors qu’elle n’a plus été portée par un petit zéphyr conjoncturel mondial, aux impasses de progrès, aux privatisations massives, aux déceptions sociales et finalement aux impasses et échecs politiques dans ce cadre européen de contraintes et d’illusions que personne dans la famille socialiste n’envisageait alors, et que bien peu envisagent aujourd’hui, de mettre en cause ou de mettre au pas d’une nouvelle idéologie. Voilà les questions clefs sur lesquels nos concitoyens devraient être portés à se prononcer plus que sur les courses entre candidats. Mais, en vérité, ne se sont-ils en eux-mêmes déjà forgé quelque idée ?

Tant qu’à faire du libéralisme – comme se disent sans doute pas mal de Français – si c’est une carte obligée puisque que c’est l’ordre désordonné et injuste du monde, - mais puisque, ni à droite, ni à gauche, on ne veut nous protéger contre les invasions des pays à bas coûts de revient et contre toutes les spéculations, tous les rapts d’emplois, tous les effritements de services publics ainsi que sociaux et donc de sécurités qui résultent automatiquement des besoins de compresser les coûts collectifs , - pourquoi ne pas continuer avec les mêmes ou , pour le moins, s’en remettre à quelqu’un qui, semble-t-il, sur le fond, pense à peu près pareil, mais dont on escompte qu’il pourrait être moins brutal et plus habile ? Telles sont les perspectives d’un nouveau bail politique. Ou on remettra enfin en cause les principes d’une part de notre ouverture économique et, d’autre part, de la préférence pour faire gérer par des opérateurs privés tout le système de production et de services… Ou, sinon, il faudra admettre quels que soient les gouvernants, une cruelle – pour beaucoup du moins - remise en question de nos niveaux de vies et de nos sécurités de toute nature, au nom de la compétitivité exigée par les échanges mondiaux et au nom de la rentabilité exigée par les actionnaires. Pour autant, compte tenu des avantages considérables de compétitivité au même niveau de créativité et de qualité que les nôtres, d’un certain nombre de low cost countries sous régimes contraignants, nous ne sauverons ni notre indépendance économique, ni nos descendants ; mais nous serons colonisés et soumis aux canons d’existence des nouvelles puissances dominantes.

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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