TRIBUNE : MOURIR POUR DAMAS

mercredi 9 mai 2012
par Roberto Robertelli
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Les syriens aiment les parfums et les créateurs de parfums ; créateurs qui, de l’empire ottoman à nos jours, ont su enivrer les riches et les puissants de toutes ces merveilles puisées dans leur prestigieux passe, inspires qu’ils sont par leur dévotion a l’Islam. Toutes ces senteurs subtiles et si délicatement complexes, ne sont plus en mesures de cacher une drôle de petite odeur qui s’insinue partout en Syrie depuis un an (remarquez ; tous comptes faits depuis bien longtemps déjà, mais Paris est si loin ; c’est une question d’intensité) dans ce pays si stratégiquement important que l’on arrivait même, sans remords, à oublier l’impitoyable dictature qui y régnait et qui y règne toujours. Cette drôle de petite odeur qui parvient enfin à nos pourtant sensibles narines de défenseurs des droits de l’homme, est bien sur celle du sang et de la mort. Cela commence même a carrément puer, tant le régime met de l’ardeur et une remarquable application à massacrer ses concitoyens. La question qui risque de surgir, tôt ou tard, de ce dangereux piège-a-cons, sera de celles qui taraudent les indécis et font ricaner les cyniques : y aller ou pas ? N’écoutant que la Raison, crions ensemble, citoyens, qu’après l’achat certes impulsif de masques pour nous protéger du virus H1N1, nous exigeons à présent que notre gouvernement creuse encore plus le déficit budgétaire en fournissant à chaque français d’indispensables lunettes de soleil, qui, au vu de la distance qui nous sépare du Proche-Orient devrait amplement suffire pour contempler sans danger de suggestives explosions. N’ayons pas peur d’être pessimistes puisque une insoutenable injustice et une béante blessure de l’honneur, ronge les esprits et les corps des peuples de cette région martyre depuis des générations.

Dans le rapport de force actuel la source de ces maux n’est pas prête de se tarir. Sans solution honorable pas d’issue possible, sans contrôle sur le pétrole pas de paix, sans équilibre entre les puissances régionales que la guerre. Et quelle guerre, mes amis. Si l’on s’amusait à faire l’inventaire du potentiel des armes accumulées sur place par les différents acteurs qui ont des intérêts dans la région, nous constaterions au désespoir qu’il y a assez de TNT pour ravager la Syrie et l’Iran ; et bien mieux qu’en Irak réduire en poussière des cultures a la gloire plurimillénaire. Restons modestes et ne spéculons pas sur les intérêts qui font se mouvoir ces monstres froids que sont les états ; ils se nourrissent de logiques qui sont loin de toute humaine compassion ; demeurons ce que profondément nous sommes, de simples citoyens responsables dont le soucis du bien commun ne se laisse pas troubler par des sentiments ambigus, là où le patriotisme sert souvent de cache-misère a des ambitions beaucoup moins avouables. Restons humains, quoi, merde. Œuvrons pour une issue pacifique, luttons pour tenter de condamner cette misérable trappe ou tant de jeunes risquent de tomber et tombent déjà. Non à la guerre, non à l’insulte permanente de peuples qui ne méritent pas tant de mépris et de haine. Ne participons pas à ce massacre annonce. Eliminons les tortionnaires, pas les victimes. Ne soyons pas les complices d’une mainmise sur des richesses que sous couvert d’une légitime indignation, les grands s’apprêtent sans hésiter à rafler. Les dés ne sont pas arrêtés ; ils roulent sur la table ; et les dés sont truques et la table est bancale. Rassurant, non ?