https://www.traditionrolex.com/18 TRIBUNE LIBRE : A PROPOS DES T.P.E - La Gauche Cactus

TRIBUNE LIBRE : A PROPOS DES T.P.E

jeudi 15 novembre 2012
par  Roland Maire
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Un internaute vient d’adresser une lettre ouverte en sa qualité de Gérant d’une Très Petite Entreprise T. P. E. à notre actuel Ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici. Certes il ne se présente pas en porte-parole des 2.550.000 T. P. E. qui constituent la trame de notre tissu économique en train d’être détricoté… Mais sa démarche revêt un caractère particulier, en ce sens qu’il expose avec clarté l’essentiel des effets pervers de la politique menée à leur encontre. En effet il rappelle que nos T.P.E. emploient 7 millions de salariés, facturent 35% de notre chiffre d’affaires national et 42% de sa valeur ajoutée, exportent dans plus de 30 pays, tandis qu’elles participent à la fourniture de nos besoins de chaque jour en prestations et services de toutes sortes… A partir de quelle démarche ? Souvent celle d’un couple, de quelques bonnes volontés d’associés engageant parfois maladroitement leur caution personnelle sous la pression d’un prêteur sans scrupule. Et vogue la galère, des dizaines de milliers d’auto-entrepreneurs ont démarré ainsi les récentes années, mais hélas chaque année compte ses milliers d’abandons. Leur parler maintenant d’ « aligner le revenu du capital sur celui du travail » les laisse perplexes. Si la grande entreprise de jadis a égrené jusqu’à aujourd’hui le chapelet des multiples aventures financières qui l’ont menée à la mutation permanente de la mondialisation, la saga des T.P.E. elles aussi mutantes ne souffre pas l’amalgame parce que son revenu n’est pas celui du capital.

Trois propositions directes sont ainsi soumises à la réflexion ministérielle : 1°/ d’accord pour un taux d’impôt sur les T.P.E. de 15% jusqu’à 50.000 € de bénéfice, proposé par François Hollande, taux habituel au-delà, mais exonération « à l’allemande » en cas d’intégration au capital. Objectif : bilan positif, reconstitution des fonds propres dans les trois ans. 2°/ au-delà de 50.000 € de bénéfice : taux d’impôt de 15% maintenu contre embauche d’un salarié en C.D.I. par tranche de 100.000 € de bénéfice, ou un jeune en apprentissage ou en formation par alternance. Objectif : une proportion non négligeable de T.P.E. ont besoin d’au moins un salarié de plus, sinon d’un jeune ou d’un apprenti. A terme résorption du chômage. 3°/ autoriser les T.P.E. à amortir sur 3 ans le matériel acheté dans les 24 mois. Réduire de 20 à 10 ans le taux d’amortissement de leurs bâtiments professionnels. Objectif : relance de l’investissement, équipement + bâtiment.

Deux autres propositions indirectes s’y ajoutent : l’amortissement sur 24 mois d’un véhicule utilitaire, 12 mois si électrique. Suppression de la taxe sur les véhicules de société. Préconisation pour « acheter français » (objectif : faire bouger le marché automobile pour les constructeurs français) ; et remettre en chantier, promouvoir mais simplifier les procédures de financement entre particuliers et entreprises de proximité, autoriser une P.M.E. de moins de 30 employés à déduire de ses impôts un investissement direct écartant le recours à des fonds spéculatifs. Objectif : réaliser un « pont social » de financement pour les T.P.E.

Il va de soi que ce plaidoyer pro domo traduit l’expression lucide et d’expérience d’un entrepreneur prenant fait et cause pour 2.550.000 Très Petites Entreprises à partir de la sienne, ce qui est bougrement sympathique. Mais le mal et les dégâts qu’elles supportent depuis des décennies sont beaucoup plus profonds qu’il n’y paraît. C’est la définition même du travail qui est en cause, celui exercé par les travailleurs et les employés, qui à notre époque est limité dans sa durée, ultra contrôlé et fiscalisé directement et indirectement, par rapport à la fonction exercée par les fonctionnaires et rémunérée différemment leur vie durant. Cette confusion voulue entre ces deux notions aussi fondamentales que dissemblables pour l’économie de notre République Française – elle n’existait pas sous la 3ème République - s’est finalement traduite depuis un demi-siècle au seul bénéfice de l’appareil d’Etat.

Nos compatriotes se rendent compte aujourd’hui qu’une nouvelle classe de privilégiés s’est constituée, qu’elle dispose finalement de plus de privilèges que notre noblesse et notre clergé réunis d’avant la nuit du 4 août 1789, qu’elle est seule à avoir manipulé le tonneau des Danaïdes d’où se sont écoulés les 1.800 milliards d’euros de notre dette souveraine. Cet appareil dont la pléthore est confondante s’est octroyé par la malice d’un copier-coller syndical la plupart des avantages attachés à la rentabilité du travail par les entreprises, tout en sauvegardant l’absence de responsabilité comme de sanction allant de pair avec son fonctionnement, l’exception confirmant la règle.

Elle a su saisir l’occasion depuis quelques décennies de la baisse inquiétante de représentativité des syndicats coupés de leur base prolétarienne elle-même en désuétude, pour les booster de ses propres effectifs et de ses subventions. Un néologisme de circonstance allait d’ailleurs leur redonner le tonus politique approprié, celui de partenaires sociaux, c’est-à-dire en bon français d’acolytes avec lesquels les politiques sont plus à leur aise pour discuter.

Bref les déchirements dont souffrent nos T.P.E. sont aussi structuraux qu’anciens. Cet entrepreneur les illustre en identifiant leurs effets qu’il connaît bien, mais sans pour autant en aborder leurs causes sinon celle du rouleau compresseur fiscal. Or ce genre de déterminisme est redoutablement présent et gouverne l’activité de l’entreprise privée quelle que soit son importance et quel qu’en soit le contexte. L’émission télévisée C dans l’air du mercredi 31 octobre 2012 a laissé dire aux spécialistes invités que la situation de notre pays était catastrophique, et que le couvercle de la marmite était en train de sauter !, en référence davantage semble-t-il à la double crise mondiale de 2008 et 2011 qu’à notre dette souveraine, bien que n’ignorant pas la convergence de ces deux donnée.

Ne nous y trompons pas, la démarche de cet entrepreneur a bel et bien une tonalité d’alerte. Mais on ne peut pas apporter de solutions à une situation d’une telle acuité si on n’en appréhende pas dès le départ et en même temps, les causes et les effets.. Ceux-ci étant connus, celles-là restent à déterminer. L’Allemagne en a donné l’exemple quand il s’est agi pour elle de remettre à son niveau les territoires de l’Est, ce qui lui coûta avec ses citoyens un effort considérable dans la durée. Prenons le taureau par les cornes. D’abord rendre la République à la société civile. Ensuite rendre le travail à l’entreprise. Enfin rendre le contrôle du travail à l’entreprise, en d’autres termes supprimer Pôle Emploi. On oublie trop que quatre pays ont mis leur poigne d’Etat sur le travail : l’Italie de Mussolini, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar et l’Allemagne d’Adolf Hitler, c’étaient quatre dictateurs, c’étaient quatre pays en économie de guerre. Etait-ce seulement un impératif de conjoncture ? On sait ce qu’il en advint. N’empêche que ni les historiens ni les économistes n’ont tranché…. Le ferons-nous tant qu’il est encore temps ?! Voire, aurait dit Panurge.


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