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LETTRE OUVERTE A ANIBAL CAVACO SILVA (PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE PORTUGAISE)

Traduction de João Silveirinho
mercredi 13 février 2013
par  Ana Isabel Oliveira
popularité : 49%

Votre Excellence, Monsieur le Président de la République

Je prends aujourd’hui le chemin de mon départ. Je quitte mon pays emmenant avec moi mes trente ans, mes rêves,, ma force et ma volonté de travailler. Je quitte mon pays chassée par une économie pourrie et corrompue ; par des politiques sales et élitistes ; par des politiciens qui depuis plus de trente ans gouvernent leurs vies au lieu de gouverner le pays. Parmi lesquels vous êtes inclus, Monsieur le Président de la République.

Je prends aujourd’hui le chemin de mon départ. Et je laisse derrière moi un pays qui oppresse le travail en demandant des sacrifices, l’effort des uns et l’opulence éhontée affichée par d’autres, les rêves frustrés et le désespoir. Je laisse un pays en lutte pour son futur et j’emmène avec moi la peine de ne pas rester pour partager cette lutte. Mais ma vie a déjà trop attendu ; mon fils de deux ans a déjà trop attendu. Vivre dans ce pays réclame une obstination qui pour moi se termine maintenant.

Je ne sais si je reviendrai. Je ferai partie de cette grandiose diaspora que Votre Excellence complimente et loue dans des évènements folkloriques, de gens qui ont été chassés de leur pays ? Je serai un des brillants cerveaux en lesquels le pays a investi et, stupidement, qu’il renvoie maintenant ? Je serai un des multiples exemples de ceux qui, juste après avoir quitté le pays, reçoivent le respect de ce même pays qui les ignorait tandis qu’ils luttaient pour lui ? je serai une personne, une de plus, une tête et un corps à lutter dans un pays qui n’est pas le sien ? C’est ça, certainement.

Je quitte mon pays et je sais que vais rencontrer de nouvelles opportunités et de nouveaux défis. Mais je ne veux pas de remerciements. Dispensez-vous des discours paternalistes de ce qu’il aurait « un mal pour un bien », de ce que devrais recevoir avec enthousiasme les difficultés de ma vie parce qu’elles ont caché des opportunités immanquables. Dispensez-vous de ces discours parce que mon pays m’a retiré la possibilité de choisir. Dispensez-vous de votre paternalisme. De votre compassion. De votre mépris pour la classe à laquelle j’appartiens. Dispensez-vous de vos discours, de vos silences, de vos paroles, de vos réserves, vous qui contribuez au gouvernement de ce pays, dont vous êtes le Président de la République. Je vous en dispense. Même ainsi, je m’adresse à vous parce que, contre mon accord et mon vote, vous êtes le Président de la République de mon pays. E vous avez des responsabilités, et devriez payer pour la culpabilité qui est la vôtre d’avoir laissé la situation en arriver où elle en est. Et comme vous ne payez pas, vous devez, au moins, m’écouter.

Je prends aujourd’hui le chemin de mon départ. De vous, Monsieur le Président d’une république qui se dispense de l’être, je n’attends rien. De vous et de tous ceux qui, en ce moment, acheminent mon pays vers l’abîme.


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