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TRIBUNE : OUVRIR LES YEUX, AU DELA DU CLIVAGE GAUCHE/DROITE

mardi 4 juin 2013
par  Gérard Bélorgey
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Réformes exigées de Bruxelles : c’est l‘ordre que, sans sourciller, relaie cette brochure économique européenne qui s‘accroche au journal Le Monde bien que ce soit encore un titre français. Il ne s’agit pas de tel ou tel objectif à satisfaire, mais d’une obligation de moyens : sur les retraites ; en baissant le coût du travail ; en s’ouvrant encore plus à la concurrence (contre évidemment nos services publics). Ce n’est pas de la politique économique globale commune ; c’est de l’ingérence totale – qui n’examine (pas plus que Le Monde) aucune alternative de ligne de conduite - et, une nouvelle fois, ainsi bien soutenu par ce média et tant d’autres, après le petit Vizir, le père la Vertu va se soumettre à la mère Ubu. L’eurolâtrie, la germanolâtrie consistent à se féliciter et à être heureux de se voir imposer ce qu’il faut faire et, le comble, en parallèle, d’interdire à des Français, simplement, d’exprimer des critiques envers ce qui se passe ailleurs. Dire que l’absence de Smig en Allemagne (et dans d’autres pays dont l’entrée n’a été subordonnée à aucune condition sociale !) est une mauvaise chose pour tous est un crime de lèse Europe, et il faut aller s’excuser que certains (oh, pas les gouvernants, mais quelques irresponsables...dont on remonte les bretelles) osent préconiser une Europe autrement harmonisée que par la régression.

C’est que garantir une situation correcte - c’est à dire, à la fois les moyens des niveaux de vie et les moyens de la compétition (je dis "compétition" dans laquelle on doit compenser des conditions sociales, fiscales, environnementales inégales et non pas "compétitivité" qui appelle, pour pouvoir rivaliser, à renoncer aux acquis de civilisation) - exigerait évidemment une autre Europe. Une Europe mieux protégée dans laquelle on pourrait soutenir sélectivement les secteurs exposés à la concurrence internationale et, non - comme par notre crédit d’impôt si mal bâti selon les normes bruxelloises - indifféremment toutes les entreprises, même celles qui sont (en particulier dans les très profitables secteurs bancaires, de beaucoup de services, du négoce et de la distribution de proximité), dans des situations évidentes de rente subventionnée : en dépensant, à compte d’État, pour maximiser leurs marges, ces nombreux milliards qui manquent tant au budget de la puissance publique pour faire fonctionner désormais les services régaliens eux-mêmes, comme la justice, les prisons, la sécurité, la défense. C’est seulement dans une Europe sociale oubliée qu’il serait enfin possible, si elle était protégée et autrement uniformisée, de ...

Garantir des minima sociaux.

Ne pas ajouter au désastre d’être en chômage, la réduction (qui est évidemment programmée comme moyen de flexibiliser le marché du travail... selon la recette Schroeder), des montants et durées des allocations pour perte d’emploi. Garantir, alors qu’elle s’est déjà bien dégradée, une réelle couverture maladie pour tous. Assurer aux anciens ces revenus différés si légitimes qu’ils ont achetés par des vies de cotisations (et s’il le faut, pour les nouveaux, ajuster ces durées) , mais que l’on veut, pour réduire bientôt leurs allocations, faire passer – par de très contestables exploitations statistiques – pour les privilégiés de notre société ... alors qu’il y a tant de différences de situations et que, souvent, chez les couples les plus âgés (dont autrefois seul un membre a longtemps travaillé), les ressources sont fréquemment , pour l’essentiel, constitués d’une seule retraite pour deux personnes.

Oui, respecter ces besoins, qui seront, c’est évident, bien méconnus demain, exigerait à la fois des réformes audacieuses de l’appareil public (comme la suppression d’un échelon territorial d’administration), et, simultanément, une Europe plus solidaire qu’intra compétitive. Mais comme ceux qui veulent continuer à bénéficier des avantages singuliers que leur apportent et l’Europe et l’Euro ne veulent pas payer le prix des solidarités géographiques et sociales qui devraient aller de pair, ce système n’a plus aucun sens. Elle n’a également aucun sens notre Europe monétaire alors qu’elle devrait être armée d’un euro non surévalué, tandis que l’euro mark ne profite qu’à quelques uns, en Allemagne notamment, comme par ailleurs, ici et là, à des activités pour lesquelles c’est une aubaine, au prix de la mise à mort, par les concurrences des low-cost de toutes origines et combinaisons, d’autres secteurs d’emploi…

Autant de questions que le détenteur du pouvoir ne paraît guère prendre en compte aujourd’hui, parce que le candidat (c’était manifeste par ses absentions de réflexion en profondeur sur l’Europe et sur les échanges mondiaux) les a occultées hier à son propre camp, où beaucoup ont fermé les yeux en croyant pouvoir se satisfaire de l’éviction actuellement sans grande conséquence de son prédécesseur qui en vient à penser se faire regretter.

Il n’y a aucune déception à ressentir envers la politique conduite par le Président en exercice parce qu’elle était prévisible, lisible à l’avance, d’une part dans ses silences, d’autre part, dès lors, comme nous l’avons toujours dit, dans la logique du système : inévitable si des déterminants fondamentaux, qui sont (bien plus que l’indispensable capitalisme financier ayant engendré le leurre du combat contre la « finance » ) le libre échange et la fonction de la monnaie unique, n’étaient pas préalablement mis en question. Or, pour les mettre en question, il est évident qu’il faut sortir de l’héritage fumeux, aux effets toxiques de toute nature, de l’idéologie centro-socialo européenne. D’une certaine manière, des gens de droite (dont certains autour de Nicolas Sarkozy), un moment, ont mieux senti le besoin de cette réorientation que la gauche captive de Solferino n’a su le percevoir. C’est dire que les rendez-vous historiques qui sont inéluctables doivent être conçus hors du champ trompeur du clivage droite/gauche ; leur alternance jusqu’alors n’a apporté que l’addition des excès du libéralisme économique et des dérives du libéralisme sociétal. De chacune de leurs familles politiques, les Français ont reçu ce qu’elles avaient de moins bon. La vraie question est aujourd’hui de savoir comment ils pourraient, un jour, chercher à obtenir l’union des valeurs sociales de gauche, des valeurs morales de droite et des valeurs économiques nationales ?

Le blog de Gérard Belorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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