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TRIBUNE : CASTRO (ROLAND) S’EN MELE

Par Jean-Michel Dejenne
jeudi 6 avril 2006
par  Jean-Michel Dejenne
popularité : 1%

L’architecte engagé Roland Castro, homme de gauche et aujourd’hui candidat déclaré à l’élection présidentielle, a commis l’an dernier un ouvrage intitulé « J’affirme : manifeste pour une insurrection du sens » (chez Sens&Tonka, au prix civique de 10 euros), qu’il est intéressant de lire à tous ces titres. Une lecture rapide, car une écriture fusante, genre « lapidaire enrobé », qui génère autant de sensations que de sens, tantôt exaltante, tantôt agaçante, parfois intrigante.

La première découverte est la ponctuation, rare, particulière, qui donne un rythme singulier au texte et un sens plus ou moins appuyé aux idées avancées. Choix intéressant, mais parfois involontaire, tant sur la longueur du livre on relève de véritables erreurs, fautes de frappe ou coquilles. Emporté par ses projets, Roland Castro se mélange un peu dans ses (pourtant rares) chiffres - par exemple sur le coût des traitements du Sida entre les pages 62 et 74... Quelques erreurs factuelles aussi, comme l’attribution du « traité (en fait, discours) discours de la servitude volontaire » d’Etienne de la Boétie à Montesquieu (page 104). Surprenant aussi, dans ce livre très féministe, de débusquer cette considération exclusivement masculine au détour d’une question se voulant générique : « peut-on faire des projets de société comme on fait des projets avec une femme ? ». Et quelques crispations intra-corporatistes un peu rageuses comme le classement au registre des ennemis du genre humain de Le Corbusier aux côtés de Staline et Hitler... (page 146).

Alors que l’on pouvait s’attendre à un livre un peu gauchiste de la part de cet accompagnateur de la mutation huiste du parti communiste français (dont il est toujours membre du conseil national), c’est un projet certes vaste et généreux, utopiste mais pas tant que cela, un projet républicain universel et universaliste que nous propose Roland Castro, et d’abord laïque et antilibéral.

Pour illustrer le républicanisme de Castro, relevons sa méfiance, pour ne pas dire sa défiance, à l’encontre de l’extrême-gauche. D’abord, José Bové et son principe de précaution, son hymne à la nature, est considéré comme « l’une des deux figures emblématiques, avec Le Pen, de la franchouillardises craintive (...) : je pense donc je fuis, devant la science ou l’étranger », alors que « chacun sait que toute l’histoire humaine est l’histoire de la domestication de la nature ». Ensuite, il fustige ceux qui « intériorisent leur impuissance et font de l’entrisme avec eux-mêmes, radicaux devant leur miroir et arrangeants devant le public, ça s’appelle des trotskystes ». Il délivre aussi un coup de griffe à Laurent Fabius, « pris la main dans le sac, dont à l’évidence, de façon transparente, la position pour le non est un positionnement » (page 124).

Les propositions de Roland Castro sont ambitieuses, pas forcément impossibles, et pour la plupart de nature à rassembler la gauche antilibérale. Elles sont présentées sous la forme de 33 chapitres, et l’on retiendra, arbitrairement, les idées d’une Déclaration universelles des devoirs de l’homme, d’un plan Gandhi pour le monde, d’un Sénat philosophique.

Une Déclaration universelle des devoirs de l’Homme s’imposerait car le cycle historique de la déclaration des droits de l’Homme s’achève, ayant entraîné « une judiciarisation de la vie publique et une décomposition par le juridique du tissu social (...), une poussée au pire individualisme ». Même si parmi ces devoirs, il est celui «  de rébellion contre l’ordre quand il est injuste, de résistance », il s’agit bel et bien d’ « inventer du SUR-MOI, (car) totems et tabous sont la structure indispensable à l’équilibre d’un système social quelconque ». Bref, il faudrait un retour aux « vieilles recettes que la IIIème République appelait la Morale ». Le plan Gandhi pour le monde s’inspire du plan Marshall, mais un plan Marshall par la culture, dont l’idée est née au lendemain du 11 septembre 2001, mais qui n’est malheureusement pas développée.

Dans une logique participant (c’est le cas de le dire) de la démocratie participative, l’auteur souhaite donc faire du Sénat « le café philosophique de la République, un lieu de palabre canaque, où la « coutume », le temps de parler serait la règle, et qui remplacerait toutes les commissions que la République a nommées sur les sujets épineux de la vie publique ». Il souhaite aussi supprimer la TVA sur « tous les lieux de convivialité », à commencer par les cafés. Si l’on peut rêver d’ambiances de pédagogie militante comme on peut en lire dans « Au café » de l’anarchiste Malatesta, on peut aussi craindre de cette mesure un effet démultiplié « café du commerce » ! En voulant, toujours dans la même logique, déprofessionnaliser la politique en la démocratisant, Roland Castro risque cependant de laisser le vrai pouvoir à ceux qui disposent de la compétence technique et de la durée, ces fameux technocrates qu’il aime si peu au point de vouloir (démagogie ?) lui aussi supprimer l’ENA. Il souhaite aussi, n’étant pas à une contradiction près, « le cumul de la charrue et du mandat » pour tous les élus, sauf pour les maires, qui sont pourtant précisément à peu près les seuls élus à illustrer ce projet...

Un beau projet aux atours républicains est le service civique, mais qui bien sûr ne peut être qu’ « européen » ; joliment appelé « moment kibboutzim de la vie » de chaque humain, Roland Castro le conçoit comme il se doit d’être : obligatoire, « un impôt de la personne ». Mais tout mesure contraignante entraînant ses réfractaires, que faire des « insoumis », pour régler le problème desquels le président de Gaulle lui-même avait fait voter en 1964 le statut d’objecteur de conscience ? Mystère et boule de gomme. La coercition et ses moyens sont les regrettés absents de ce livre, dans lesquels il n’est jamais par exemple (paradoxe de la part d’un architecte et humaniste) question des prisons.

Lecteurs de la Banquise, lisez aussi ce livre, qui se veut matière à débattre et construire. Il y a à prendre et à laisser, mais chacun s’il est de gauche y trouvera beaucoup à rêver et à retrouver l’envie (si elle lui manquait) de changer la vie. J’affirme !


Commentaires

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lundi 26 janvier 2009 à 03h47 - par  インプラント
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jeudi 15 janvier 2009 à 20h34 - par  レンタルサーバー用語

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