C’est un grand plaisir pour moi que de faire partie de ce mouvement. Parce que je viens du Proche-Orient, qui vit sous le régime de la République Islamique d’Iran, l’un des régimes les plus brutaux du XXe siècle, je ressens très passionnément les finalités de ce mouvement. Comme victime directe de l’islam politique, comme femme ayant vécu sous la loi islamique, j’ai éprouvé personnellement la brutalité et la répression du régime islamique et de l’islam politique. Ensuite, comme militante de gauche combattant pour la liberté, j’ai éprouvé aussi la violence de ce régime et la réalité de cette force politique réactionnaire et y ai perdu beaucoup d’amis et de camarades.

J’ai consacré ma vie à me battre pour un monde meilleur, pour une société où régneraient la liberté et l’égalité, un monde où régneraient aussi la liberté d’expression et de critique, où la liberté pour les femmes existerait de façon inconditionnelle et où serait assurée l’égalité parmi les hommes, quels que soient leur sexe, leur nationalité, leur appartenance ethnique, leur race, leur religion et leurs croyances.

La religion n’est pas simplement une institution oppressive, supprimant la liberté de pensée, d’expression et de critique, tout en opprimant les femmes : c’est aussi une machine pour terroriser la société. Dans l’histoire de l’humanité, bien plus de gens sont morts au nom de Dieu qu’en raison de leur idéologie ou de la cause qu’ils défendaient. En réalité, la religion est une institution semblable à la mafia.

Quant aux femmes, il est clair que toutes les religions sont très oppressives et l’islam est bien connu pour les opprimer particulièrement. Le principal ennemi du mouvement de libération de la femme en Iran, comme dans tout le Proche-Orient, est l’islam politique, que nous devons combattre et abattre, afin de créer une société laïque qui est la condition nécessaire de la libération effective des femmes. La religion doit appartenir au domaine privé. Nous devons repousser les institutions religieuses aux marges de la société, ainsi que réduire son rôle et son influence dans la société. Voilà une condition essentielle à la construction d’une société libre.

L’islam politique est une force réactionnaire mondiale qui recourt à l’intimidation pour prendre le pouvoir. La privation de droits, la dégradation et l’humiliation de la femme sont parties intégrantes de son idéologie. Le voile est son drapeau politique et l’apartheid sexuel un pilier de cette force. Il nous faut la combattre.

Au moment où le monde s’unifie de plus en plus, nous devons plus que jamais construire un mouvement international. Il nous faut bâtir un mouvement qui promeut les valeurs d’humanisme et d’égalité. Il n’est pas suffisant de protéger l’Europe des institutions religieuses et de l’islam politique. En réalité ceci n’est plus possible à l’heure actuelle. La totalité du monde doit être notre objectif. Notre combat doit être mené à l’échelle internationale.

Les deux plus grands maux du monde actuel sont constitués par les deux plus grands pôles du terrorisme, c’est-à-dire le terrorisme d’Etat, sous la houlette des Etats-Unis, et le terrorisme islamiste. Nous devons combattre ces deux fléaux qui se renforcent l’un l’autre. Il suffit de regarder l’Irak, la Palestine, le Liban ; il suffit de songer au 11 septembre, à Madrid et à Londres. Nous devons lever notre drapeau contre ces deux maux et devenir ensemble la voix du monde civilisé.

Comme présidente de l’Organisation de Libération de la Femme, j’aimerais lancer un appel à tous afin de soutenir notre lutte pour la libération et l’égalité de la femme en Iran. Dans ce dessein, nous devons combattre la République Islamique et l’islam Politique. La libération de la femme, en Iran, ouvrira la fenêtre de la liberté pour les femmes du Proche-Orient tout entier et des pays vivants sous la loi islamique. Le mouvement de libération de la femme est l’un des piliers principaux du mouvement contre l’islam politique ; il s’inscrit dans le projet d’un monde libre, égal et laïc. Si nous renversons la République islamique d’Iran, l’islam politique sera marginalisé sur le plan international.

Je demande votre soutien et votre solidarité. Joignez nous dans ce combat contre la République Islamique, contre l’Islam Politique, et pour l’égalité de la femme. Nous sommes en train de construire un mouvement contre l’apartheid sexuel, à l’image du mouvement contre l’apartheid racial sud-africain des années 1980. Rejoignez ce mouvement pour que apartheid sexuel soit reconnu comme un système aussi inhumain et réactionnaire que le fut l’apartheid racial. Nous devrions démanteler l’apartheid sexuel dans le monde comme nous avons démantelé l’apartheid racial en Afrique du Sud.

Azar Majadi est une militante féministe iranienne. Nous reproduisons ici le discours qu’elle a prononcé à Montreuil, les 10-11 février 2007 (www.azarmajedi.com, www.azadizan.com)