A ECOUTER : UNE NUIT DE FADO A PARIS
par
popularité : 1%
Ce CD a été enregistré en public, lors d’une soirée intitulée « Le fado expliqué aux français...et aux autres » à l’Espace Saint-Michel. Il ne s’agit pas d’un concert, mais d’une soirée dans la tradition lisboète, sans répétitions ni apprêt : le fado vivant.
Né dans les cabarets interlopes de Lisbonne voici près de deux siècles, musique métisse dans laquelle se croisent des influences du lundum brésilien, des musiques gitanes et arabes, des marches populaires, la présence d’une guitare née, dit-on, en Irlande, le fado, expression cousine germaine du tango argentin, lui aussi né dans un port, renaît aujourd’hui, attirant des poètes de talent et toute une nouvelle génération d’interprètes dont certains ont commencé des carrières internationales. C’est à une promenade dans l’histoire du fado, du temps de la légendaire Severa, prostituée et chanteuse, jusqu’à aujourd’hui que vous êtes convié.
On y découvre le fado « castiço », fado populaire devenu classique, dont les formes musicales codées sont parvenues jusqu’à nos jours, tout comme le blues des noirs américains. Un détour aussi vers le fado « aristocratique » : très tôt en effet, la jeunesse dorée de l’aristocratie portugaise prit le chemin des cabarets où se donnait le fado. Servi jusqu’à aujourd’hui par des interprètes de grand talent, ce fado se distingue par des thématiques un peu différentes, illustrées ici par deux des fados interprétés par Conceição Guadalupe : Cavalo russo et Rosa enjeitada, un « classique » dont elle donne une très belle version. Chaque année, les associations des quartiers de Lisbonne défilent en chantant un peu à la manière des écoles de samba de Rio de Janeiro, mais avec un décorum plus modeste : deux de ces fados de « marcha », dont le célèbre Casa portuguesa interprétés à deux voix par Conceição Guadalupe et Eugenia Maria figurent au programme. Quant à Cuidado com eles et au Fado do Diabo, le fado du diable, proposés ici par Jean-Luc, ils sont dans la veine d’une tradition de fado contestataire, social et parfois ironique. A noter le traitement insolite du « fado du diable », mi tango mi fado, improvisé sur le moment ce soir-là.
On ne saurait, dans notre ballade, ignorer le monument du fado que demeure la grande Amalia Rodrigues. Eugenia Maria reprend deux de ses plus belles chansons : Gaivota et Lavava no rio, lavava. Le fado se chante, mais il peut aussi être uniquement instrumental : nous nous arrêterons donc pour écouler le seul chant des guitares de Filipe de Souza, l’un des plus inventifs spécialistes de la guitare portugaise de la nouvelle génération et de Casimiro Silva, pilier de la vie fadiste parisienne, et aussi chanteur de talent. Une autre tradition est la « desgarrada » où les chanteurs et chanteuses se répondent illustrée ici par Casimiro Silva et Jean-Luc dans O leilão.
Quelques mots sur les interprètes : habituée des nuits de fado parisiennes, Conceição Guadalupe, la « sirène des Açores » allie le charme et l’élégance de la nouvelle génération du fado, et Eugenia Maria est sans la meilleure ambassadrice en France de la tradition du fado « castiço ». Karine Bucher et Jean-Luc (un cactusien bien connu), eux sont... français, preuves vivantes de l’intérêt croissant pour le fado que l’on constate dans de nombreux pays.
CD hors commerce. Co-production de Cactus/La Gauche !, Résistance 7e Art et Léo Lagrange Paris. Pour le recevoir : participation aux frais de 20€, port inclus. Chèque à l’ordre de Cactus Républicain, a/s Jean-Luc Gonneau 75008 Paris
Commentaires