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TRIBUNE LIBRE* : VERS UNE DEMOCRATIE FINANCIERE

jeudi 30 avril 2009
par  Michel Portal
popularité : 93%

"Nous ne pouvons freiner notre sympathie, même sous l’effet de la raison la plus rigoureuse, sans détériorer la part la plus noble de notre nature"* Charles DARWIN.

L’échange entre membres d’une même espèce est naturel. L’échange monétaire de base est le troc. Notons qu’il permet déjà l’injustice quand l’un exploite l’autre par un échange inéquitable. Pour faciliter le troc, l’assouplir et le généraliser, l’invention d’une référence commune, une monnaie - coquillages, dents de cochon... ou billets de banques - est progressive mais universelle, tout à fait transculturelle. Un outil remarquable, même s’il doit se défendre contre de faux-monnayeurs et des banquiers malhonnêtes. Comme le troc, la monnaie n’échappe pas au besoin de confiance réciproque. Avec raison elle a été comparée à une circulation sanguine dans le corps social.

Remarques déterminantes

Avant d’entrer plus en finances, il est nécessaire de mesurer deux faits :

- Depuis des siècles, les Humains ont inventé et mis au point des machines. Celles-ci accomplissent de plus en plus de tâches répétitives, manuelles et logiques. Au point qu’il n’existe plus de travail rémunéré pour tous (alors que nombreuses activités nécessaires sont en souffrance parce qu’insolvables). La connexion travail/revenu fonctionne de plus en plus mal créant de la misère au sein même de l’abondance (voir déjà la crise de 1929).

- Le plafond de l’injustice économique est crevé depuis longtemps. Les variations de richesse entre égaux (égaux = membres d’une même espèce naturelle) sont scandaleuses. C’est encore pire si, au lieu de comparer les revenus, on examine les patrimoines.

Pour arrêter l’injustice galopante, la guerre économique et le gaspillage écologique, nous devons découpler en partie : travail et revenu. Solution : un revenu d’existence acquis à chacun de la naissance à la mort. Chacun devient en somme "fonctionnaire" pour une part, il échappe à la crainte du lendemain et en contrepartie devient chargé de la création de sa propre activité. Inventer ou intégrer une entreprise utile, lui permet de gagner plus et de contribuer davantage à la richesse collective. Un revenu d’existence pour tous est la façon correcte de porter remède à des flux migratoires de plus en plus massifs et insoutenables.

Les biens matériels existent. Ils sont là, techniquement, rapidement disponibles pour les besoins de tous. Les organisations mondiales et nationales peuvent décider des contributions nécessaires pour ce partage premier. Elles peuvent s’y appliquer comme elles s’appliquent au sauvetage des banques faillies.

Les crises, la crise

Depuis longtemps le (très vieux) mur de l’argent s’écroule. Il continuera de provoquer des drames tant que l’humanité qui a besoin maintenant d’une conscience planétaire, écologique et démocratique, n’aura pas imposé une orientation monétaire correcte. “La paix n’est pas l’absence de guerres, mais un pas vers la justesse”. Un G20 vient d’avoir lieu. Pour caricaturer : on efface l’ardoise financière d’un libéralisme échevelé, sur le dos des puissances publiques et de leurs membres les plus vulnérables...sans qu’il y ait intention claire de ne pas recommencer. Il y a déjà eu 1929. Beaucoup d’informations diffusées compliquent le problème ou veulent nous le faire oublier. Nous ne devons pas lâcher la question cruciale de la monnaie sous peine de malheurs. Les négociations financières internationales ont à devenir permanentes et ouvertes à tout pays, toute communauté, comme un embryon de gouvernement, pardon de gouvernance ; du local au mondial.

Le point

Après une grande puissance publique abusive (l’ URSS) morte avec la chute du mur de Berlin en 1989, c’est le privé anonyme, caché derrière la FED qui est entré en agonie en 2008. Aura-t-il l’élégance et le savoir faire d’un Mikhaïl Gorbatchev ? On peut en douter : son pouvoir est tellement ancien et habituel. Les mathématiques financières et équations de Fischer ou autre n’y changeront rien. Le problème pour nous est maintenant de ne pas nous venger des exploitations, mais de réguler juste, de réaliser des trocs enfin équitables via une et des monnaies saines. L’humanité a certes besoin de démocratie politique, elle a aussi un urgent besoin de démocratie économique et de démocratie financière. Les banques centrales privatisées par des anonymes ont un pouvoir illégitime et nous devons le leur ôter.

Question de philo et d’éthique

Comme le confessionnalisme intégriste, comme l’étatisme sans limite, le libéralisme sans frein est violent et assassin. Toute valeur, y compris les plus certaines (liberté et bien commun ici) a besoin de limites (cf Albert Camus "Le premier homme"). Le pouvoir de l’individu doit être assuré et limité. Le pouvoir de l’état, même au nom du "Bien Commun", doit aussi être assuré et limité (et le pouvoir d’une église quelconque "au nom de Dieu" aussi. Mais c’est hors sujet).

Question d’éthique, même si ça s’analyse comme une erreur tactique ces jours-ci, je dis dès maintenant que, sans être libéraliste, je suis partisan de liberté. Nous ne devons pas attendre des prises de pouvoirs, artificiellement bolchéviques (= majoritaires en russe) sous l’action de groupes extrémistes manipulés par l’argent pour défendre la liberté. Ce qui heurte dans le libéralisme n’est pas la liberté, mais la liberté sans limites et donc sans éthique.

Comment constituer un nouveau pouvoir positif ?

Le personnel politique actuel, nos représentants souvent choisis à travers des scrutins contestables (listes entières, vote blanc ignoré, proportionnelle excessive ou bafouée), grevé de cumuls malgré des sondages perpétuellement contraires, surchargé de responsabilités de leurs propres aveux, pas assez nombreux au total, trop bien traité en haut des échelles hiérarchiques et trop chichement en bas (Tiers-état du monde politique que constituent les Conseillers municipaux et autres fantassins de la démocratie au milieu desquels existe un vrai gisement d’emplois utiles) n’a pas l’autorité suffisante pour qu’on lui remette, en plus, un pouvoir sur l’argent... Argent qui trop souvent “fabrique” le personnel politique professionnel ! L’humanité a besoin de se constituer un nouveau pouvoir, un pouvoir autonome par rapport aux argentiers anonymes et dégagé des "politiciens de métier" (expression analysable comme une cléricalisation du politique).

Un embryon développable pour garde la finance

Le pouvoir politique actuel, démocratique seulement des lèvres autrement dit quand il ne sait pas faire autrement, confie les condamnations en assises - tâche difficile s’il en est ! - à des jurés, citoyen-nes ordinaires, tirés au sort, vous ou moi. A ces neuf personnes s’ajoutent, en France, trois juges professionnels pour allier compétence avec... sincérité. Les résultats de ces jurys mixtes sont supérieurs à ceux d’autres formules (justice royale ou tribunaux révolutionnaires).

En adaptant cette référence aux finances, nous pourrions constituer par tirage au sort de volontaires, des conseils, des jurys enrichis de professionnels élus par leurs pairs afin de gérer, veiller, contrôler l’activité bancaire ; de la banque mondiale et des banques centrales aux banques locales ; sans oublier les banques commerciales et les banques insuffisamment coopératives. Bref coller un oeil citoyen et un oeil spécialisé à toute la chaîne bancaire.

Trois directions à conjuguer ensemble pour l’action

Deux institutionnelles et une, citoyenne et non violente.

1- Les états nationaliseraient leurs banques centrales, elles-mêmes contrôlées citoyennement et professionnellement par des jurys ad hoc. Elles seraient en négociations permanentes avec un FMI lui aussi contrôlé et géré avec des citoyens volontaires, tirés au sort. Mandat unique et renonciation à tout autre mandat ou affaire.

2- Les puissances publiques ne nationaliseraient pas les banques d’affaires, commerciales ou mutuelles et de crédit local. Il existe un levier pour demander des comptes aux banques où nous déposons notre argent. Nous restons propriétaires de ces sommes. Nous trouvons la sécurité bancaire trop chèrement payée. Les directions auraient à devenir soumises à leurs sociétaires sur la base : un humain égale une voix. Et non plus suivant le nombre d’actions ou de parts de chacun ! Les rémunérations des acteurs auraient à se diriger vers des normes naturelles repérées scientifiquement (de la moitié au double de la norme). Les chefs ont déjà l’avantage d’avoir des métiers plus intéressants que leurs subordonnés et il est malsain pour eux, leur famille, leurs amis qu’ils travaillent trop. Les taux de crédit des prêts d’investissement et de consommation seraient limités à un maximum (taux d’usure variable mais connu et enseigné dès l’école) fixé par un FMI rénové, lié à une ONU démocratisée. Nous ne nous leurrons pas sur les capacités d’initiatives institutionnelles... du moins au début du mouvement.

3- A chaque fois que les réformes sont insuffisantes au sommet ou au niveau des souverainetés nationales, nous pouvons délibérément créer et user de monnaies locales. Ce mouvement signifie que des groupes de citoyen-nes ne peuvent plus, ne veulent plus patienter et décident de vivre, un peu ou beaucoup, vers davantage de justesse et de justice dans leur coin. Avant cette extrémité - pacifique -, les équipes d’initiatives citoyennes locales peuvent prendre l’habitude de demander audience, de proposer, discuter avec les responsables locaux des banques comme ils vont rencontrer les élus politiques.

Les monnaies locales sont à voir, non à la place mais à côté des monnaies officielles ; en concurrence en somme vers un mieux disant. Elles sont une prolongation des systèmes d’échanges locaux (SEL) où réémerge le troc. Les premières monnaies locales modernes après les "Assignats", les "Greenbacks" d’Abraham Lincoln, apparaissent en Allemagne dès 1930. A ce jour, on en dénombre plus de 50. Elles se manifestent pour dénouer des crises (Allemagne, Autriche, Suisse (WIR), France (Lignières-1956, ticket restaurant, chèques vacances), Argentine 1998, Japon, USA (Time dollar), Royaume-Uni (Livres de plusieurs villes en 2008...). Elles s’institutionalisent s’il le faut, disparaissent ou se folklorisent quand un ordre plus satisfaisant revient. Un rapport de la Deutsche Bank sur les "Regiongeld" a confirmé leur utilité, le rappel à l’ordre monétaire qu’elles représentent.

En conclusion, le meilleur avenir monétaire est sans doute dans un équilibre entre une monnaie mondiale unique, comme un sage pont espéranto, et des monnaies locales qui font jeu commun avec les diverses cultures et langues maternelles et imposent s’il le faut les évolutions nécessaires pour qu’un mur anonyme ne confisque plus les trésors et endette le monde entier. * On pourra valablement contester la Nature lorsque le nombre de morts par catastrophe naturelle dépassera celui des morts par guerres et autres violences sociales ou individuelles.

*Les Tribunes libres n’engagent pas la rédaction


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