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VERITE EN DEÇA DES VOSGES, MENSONGE AU-DELA
Par Florence Bray


C’est l’Europe des régions, pardon Sa Majesté, qui a vu défiler les Alsaciens et les Suisses ensemble le 15 février 2003 à Bern, et c’était bien, même pour quelqu’un qui se bat pour la nation. C’était une vue soudain élargie du Peuple, dépassant le débat pénible sur les hymnes et les identités, qui apparaissait au détour des rues enneigées derrière des pancartes unanimes sans artifice : la Suisse a cette chance que la démocratie directe ne soit pas seulement un slogan, que la réflexion sur les conflits ne soit pas qu’une mode, et qu’il ne soit pas besoin de « carré de personnalités » à filmer en tête des cortèges pour défiler, puisque les citoyens sont habitués à parler par eux mêmes, quand ils parlent, lors des quatre ou cinq votations annuelles.
Dans cette atmosphère de promenade habituelle trottinaient des distributeurs de tracts pour 10 partis turcs et/ou kurdes, 6 associations écologistes, 8 comités anti-guerres, 3 partis suisses, 27 cantons et trois langues, 2 oppositions irakiennes, et une habitante de Bethléem : et les marcheurs prenaient, que dis-je, s’arrêtaient pour réclamer chacun des tracts ou journaux, avec formule de politesse en amont et en aval ! Un tel appétit rendait bien savoureux le débat sur l’influence délétère de la dispersion des choix en politique, et sur la réforme des seuils électoraux, dans notre belle République, au nom de la cohérence des majorités : monsieur le Premier Ministre, le saviez-vous ? Le Gouvernement suisse, élu par les Chambres législatives, voit tous les partis du pays coexister en son sein selon la même distribution, soit deux radicaux, deux démocrates chrétiens, deux socialistes, et un centriste de droite, avec une régularité d’horloge depuis 1959, sans qu’on puisse vraiment relever durant la période de blocage de la démocratie ni de chaos politique. Mais sûrement qu’à deux c’est plus facile d’avoir raison, sans dialectique, et plus encore à un, sans contradicteur ! Vous y êtes presque, vu la fougue de l’autre parti autorisé, bientôt vous serez seul à parler, et peut-être bien à vous écouter…
Le cortège déboucha donc devant le Palais Fédéral, où précisément tout était prévu pour le débat : sur l’estrade dressée à cet effet se succédèrent tous les orateurs qui le souhaitaient pourvu qu’ils fussent représentatifs de plus qu’eux mêmes, et, en suisse allemand, puis en français, puis en italien, à chaque fois, voire aussi en arabe et en anglais, ils firent entendre leurs informations sur le nombre de manifestants à Bern et dans le monde, leurs actions à venir, leur connaissance des proche et moyen orients, leur détermination à agir ensemble… et personne ne s’est cassé avant la fin ! Même, on a dû faire taire ceux qui bavardaient, des Français. Bête discipline teutonne, ou intérêt sincère ? En tous cas un truc qui nous échappe, comme une activité politique populaire et efficace (qu’on en suive ou non les orientations idéologiques plutôt conservatrices).
Car pendant ce temps, à Mulhouse, le Parti Socialiste français mesurait son talent de leader : averti en effet de l’appel des militants et des associations locaux à rejoindre les Suisses, parce que c’était plus près que Paris et que la guerre en question n’est pas précisément un problème national, il avait trouvé opportun de prévoir en loucedé un défilé en ville ; on en a peu parlé, remarquez… Pourtant Monsieur le Maire, PS, n’a pas de problème d’ordinaire pour accéder aux media : pour dire son soutien à la lutte-contre-la-prostitution-et-la-mendicité-agressive, par exemple. C’est grâce à des meneurs politiques comme celui là que la France va trouver une assise, avec son parti de son gouvernement de sa majorité universelle ! Tous ces idéologues polyglottes le pétard légal à la bouche dans les rues de Bern, c’est vrai que ça faisait vraiment désordre, à côté… heureusement !