www.cactus-republicain.org :
accueil     Nous     La Banquise     Alerte !     Les thèmes     Contact     Livres et Publications     
ALGERIE: LA FRANCE ET L’ALGERIE A LA CROISEE DES CHEMINS : UNE ELECTION POUR RIEN ? Par Emmanuel Dupuy
L’ONCLE SAM ET SES NEVEUX INGRATS Par Luis Sepulveda
Amérique latine: Ou va l'Amérique latine? Par Jean-Michel Hureau
BRESIL: LULA, UN AN APRES Par Ruy Rodrigues Da Silva
BRESIL: UN ESPOIR POUR LE BRESIL ? Entretien avec Ruy Rodrigues Da Silva
EGYPTE: DU BAS DE CES PYRAMIDES, TANT DE REGARDS SOMBRES SEMBLENT VOUS CONTEMPLER… Par Florence Bray
ETATS-UNIS: LE BAL DES JEUNES VIERGES Par Xavier Théry
LES ETATS UNIS EN GUERRE Par Dominique Lacout
BUSH EN GUERRE CONTRE LE MONDE Par Jean-Luc Gonneau
EUROPE: LE DESENCHANTEMENT EUROPEEN Par Michel Cabirol
LA CONSTITUTION EUROPEENNE ET LA GAUCHE Par Michel Cabirol
EUROPE: ELECTIONS EUROPENNES, les règles du jeu Par Pierre Henry
IRAK : LA GUERRE IMPERIALE Par Jean-Luc Gonneau
IRAK : LA GUERRE N’EST PAS SEULEMENT ECONOMIQUE ET MILITAIRE, MAIS CULTURELLE AUSSI Par Jean-Luc Gonneau
IRAK: LA FABLE DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVES Par Eric Mourron
IRAK: DOCUMENT : ADRESSE A GEORGE W. BUSH
IRAK: BOYCOTTER L’AMERIQUE ? Par Sylvain Ethiré
IRAK: PROCES CONTRE LE GENERAL FRANKS A BRUXELLES : PAS D'IMPUNITE POUR LES CRIMES DE GUERRE COMMIS PAR LES TROUPES US EN IRAK ! Par le Collectif Stop USA Belgique
MAROC: DU MAROC AUX CITES Par Florence Bray
MEXIQUE: COLIMA, LE TREMBLEMENT DE TERRE, LA MONDIALISATION Par François de la Chevalerie
PALESTINE: PAS DE CHECK-POINT CHARLIE POUR JERUSALEM Par Emmanuel Dupuy et Gérard Benhamou
PALESTINE: TEMOIGNAGE : LA SERPILLERE Par Nathalie Laillet
PROCHE-ORIENT : LA « FEUILLE DE ROUTE » ET LES REALITES Par Olivia Zémor
SENEGAL: SIX JOURS D’UN AUTRE CONTINENT Par Pierre Henry
SUISSE: VERITE EN DEÇA DES VOSGES, MENSONGE AU-DELA Par Florence Bray
TOGO: TEMOIGNAGE : BONNE ARRIVEE ! Par Chantal Decosse
TUNISIE : NIGHT IN TUNISIA Par Florence Bray
Vénézuela: une démocratie en danger par Eric Halphen


 
VENEZUELA: Une démocratie en danger
Par Eric Halphen

Faut-il sauver le soldat Chavez ? Faut-il défendre celui que beaucoup, à gauche comme à droite, à l’intérieur du Venezuela comme à l’extérieur, souhaiteraient de tous leurs vœux voir remplacer ?

La raison de ce souhait est simple : Hugo Chavez, avec son physique de talonneur, sa vitalité et son enthousiasme de jeune homme, son charisme de révolutionnaire, est avant tout un gêneur. Celui que Fidel Castro surnomme « le second diable de l’Amérique Latine » ne pratique guère, c’est un euphémisme, la complaisance à l’égard des Etats-Unis. D’où les critiques émanant des milieux industriels et financiers, pour qui le Président manquerait de finesse voire d’intelligence (serait-il le seul dans ce cas sur le continent américain ?), ne connaîtrait pas forcément les tenants et les aboutissants de l’économie, et gouvernerait en populiste, à la Peron, voire en dictateur.

Il ne faudrait pourtant pas oublier l’état du Venezuela lorsque Chavez, au nez et à la barbe des partis classique de la sociale démocratie et de la droite, est arrivé, par la voie des urnes, au pouvoir. Partant d’une situation, au 19ème siècle, où aucune démocratie n’existait, le pays a ensuite évolué aux mains des producteurs de café puis de pétrole, c'est-à-dire d’une économie de rentiers, au seul bénéfice de la classe la plus privilégiée, et non d’une économie productive. Résultat ? Alors que ce pays grand comme trois fois la France, riche de nombreuses matières premières, et seulement peuplé de 24 millions d’habitants, devrait être capable d’assurer à chacun le minimum vital, 80% des Vénézuéliens vivent sous le seuil de pauvreté en raison, notamment, de l’évasion fiscale et de la corruption.

C’est cette situation que Chavez a tenté d’inverser. S’il est vrai qu’à l’économique il préfère le social, ceux qui ont bénéficié de ses premières mesures sont avant tout les plus défavorisés. Comme plus aucun médecin du pays ne voulait officier dans les barrios, c'est-à-dire les quartiers où vivent, dans des carrés de parpaings non terminés, les démunis, Chavez a réussi à faire venir plus de 6000 médecins cubains, payés 150 dollars par mois pour apporter un peu de santé à ceux qui n’avaient jamais vu un médecin de leur vie, en échange de pétrole à bas prix. De même, les programmes de réforme agraire, les écoles bolivariennes, les plans d’alphabétisation (plan Robinson), sont sur le point de rendre à la population ce qui lui manquait le plus : la dignité.

Enfin, il a introduit dans la constitution des mesures de nature à créer une réelle démocratie participative, une sorte de troisième voie entre capitalisme et communisme. Ainsi ce nouveau droit qui n’existe nulle part en occident : la possibilité pour le peuple de révoquer à mi-mandat tout élu, à condition que 20% des électeurs inscrits le souhaitent et signent, préalable indispensable au référendum révocatoire.

Ce mécanisme a été appliqué ces dernièrs jours au Venezuela, d’abord contre les députés, puis contre le gouvernement, la semaine dernière. Malheureusement, si toutes les mesures ont été prises pour que la collecte des signatures se passe sans entrave, il semble bien que les opposants aient utilisé tous les moyens dont ils disposaient, en particulier les plus douteux. Des cartes ont ainsi été remises aux signataires, pour faciliter leur embauche future. A l’inverse, certains chefs d’entreprise ont clairement laissé entendre à leurs salariés qu’ils ne feraient plus partie du personnel s’ils n’étaient pas en mesure de présenter la preuve de leur civisme. Dans le même sens, certains hôpitaux ont indiqué qu’ils refuseraient de soigner tous ceux qui ne pourraient pas exhiber la fameuse carte. Comme, à partir du 2ème jour, les signataires de ne se bousculaient plus aux tables de comptage, certains émissaires de l’opposition se sont rendus au domicile d’électeurs inscrits pour recueillir, on imagine dans quelles conditions, leur signature. D’où les manifestations des chavistes, cris aux lèvres et petit livre bleu (la constitution) brandi à bout de bras.

C’est dans ce contexte en tout cas que le président Chavez a pu parler de « mega-fraude ». Le terme est exagéré, sans doute. Mais il peut laisser penser que les services gouvernementaux ont fait preuve, à tout le moins, de naïveté. Ce qui, chacun en conviendra, est très éloigné d’un régime dictatorial.

Si on ne décide pas, maintenant, de soutenir le processus démocratique mis en œuvre au Venezuela, de vrais dictateurs risquent de prendre, prochainement, le pouvoir. Alors oui, sauver le soldat Chavez, c’est soutenir un des rares régimes, en Amérique du Sud, tentant une avancée vers la parfaite démocratie.


Eric Halphen est Président du MARS (Manifeste pour une Alternative Républicaine et Sociale)