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TEMOIGNAGE : UNE SOIREE (PRESQUE) ORDINAIRE

jeudi 6 avril 2006
par  Emmanuelle Depollier
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Voici une petite histoire ordinaire qui m’est arrivée cette semaine à Paris. J’avais eu vent d’une exposition, dans un bar du XXème, de caricatures religieuses de Siné, Charb, Tignous et d’autres, toutes religions et sectes confondues. J’y suis donc allée un soir. Après avoir regardé les caricatures, j’ai décidé de me poser pour boire un verre.

Au fil des minutes, des gosses d’une dizaine d’années de la cité voisine sont arrivés et ont commencé à coller leur nez aux vitrines du bar pour regarder les dessins exposés. Au bout d’un moment, ils étaient plus d’une dizaine à hurler dehors des insanités à l’encontre des propriétaires du bar, un maghrébin musulman et une française, jusqu’à ce qu’ils entrent dans le bar en hurlant "fils de pute, racistes...", j’en passe et des meilleures. Personne n’a bronché. Zaïed, le propriétaire du bar, est sorti pour essayer de calmer le jeu. Or, les gosses étaient chauffés à bloc et ne voulaient rien entendre : ils voulaient à tout prix qu’ils enlèvent les dessins concernant l’islam. Zaïed leur a proposé de rentrer et de regarder les dessins pour qu’ils voient que toutes les religions étaient concernées et donc qu’il n’y avait pas de prise à partie des musulmans en particulier. Ils sont entrés et ont hurlé à la vue de dessins jugés racistes et insultants, tout en riant devant des dessins avec des femmes nues( !) Tout ça n’a rien arrangé. Ils sont sortis en promettant de mettre le feu au bar et d’aller chercher les grands frères. En partant, ils ont arraché l’affiche de l’expo collée sur la porte du bar.

Quelques minutes plus tard est arrivé un grand frère qui a regardé l’expo en hurlant que c’était "des oufs les mecs qui dessinaient ça", qu’il voulait les voir pour leur dire qu’ils devaient arrêter tout ça en exigeant le retrait des dessins. Il est sorti du bar en promettant de revenir avec les autres grands. Ce qu’il fit peu de temps après, avec trois autres grands frères et la ribambelle de petits à leur trousse, filles comprises. Ils ont exigé de nouveau le retrait des dessins. Ça a hurlé, ça s’est échauffé encore plus. Un vieux de la cité est arrivé pour voir de quoi il s’agissait puis est reparti. Le boulanger, fournisseur du bar, a débarqué à son tour, a pris un cadre, un dessin sur la Mecque, et l’a posé sur le comptoir en disant qu’il fallait l’enlever car "il n’y a pas le choix" sinon les gamins foutraient le feu au bar. Là, je l’ai interpellé en lui faisant remarquer qu’en démocratie on a toujours le choix, notamment celui de ne pas regarder. Il a persisté et dit à la propriétaire d’enlever un ou deux autres dessins le temps que tout se calme. Sur ce, les gosses ont continué à donner des coups de pieds et de poings dans les vitrines du bar et à ouvrir la porte pour crier des insultes. Pendant ce temps, nous avons discuté avec les deux propriétaires pour savoir ce qu’ils comptaient faire : elle refuse d’enlever les dessins, lui ne dit rien, mais semble en accord avec elle. Nous leur avons demandé s’ils avaient envisagé ce cas de figure lorsqu’ils ont décidé de faire l’expo, et elle nous a expliqué qu’ils n’avaient pas pensé du tout que ces gosses là leur poseraient un problème. En décembre, ils en ont fait une sur les problèmes des banlieues et les gosses n’avaient pas jeté le moindre coup d’oeil sur les dessins. En revanche ces mêmes gosses, ou plutôt leurs grands frères, les menacent depuis qu’ils ont repris le bar en septembre, sous couvert de refuser qu’un bar s’ouvre là.

Or ce lieu a toujours été un bar ou un restaurant. Mais, apparemment, l’ancien propriétaire leur avait accordé table et bar ouvert pour avoir la paix, ce qu’ils refusent de faire. Du coup, Zaïed a été agressé physiquement deux fois depuis septembre. Ils pensaient donc que l’altercation qui venait d’avoir lieu à propos des caricatures n’était qu’un prétexte pour accroître la pression. Pendant que nous discutions, les choses s’étaient un peu calmées et les gosses avaient déserté. Un client que j’avais entendu dire à ses potes de tablée qu’il était l’ancien patron des Humanoïdes Associés, a proposé qu’on appelle les flics, comme si les flics étaient la solution ! Chacun y est allé de son commentaire, l’une parle de censure, ce que je me suis permise de rectifier en parlant de totalitarisme, bien plus grave à mon sens. Bref, alors que nous pensions que tout s’était calmé, les gosses sont revenus en force, ont pénétré dans le bar, se sont dirigés vers les dessins qu’ils jugeaient les plus provocants, s’en sont emparés et les ont jeté par terre, brisant les cadres.

D’un bond les hommes présents dans l’assistance se sont précipités sur les gosses pour les sommer de s’expliquer. Un vieux qui était en train de boire sa bière a attrapé un des gosses par la tête pour le mettre dehors. C’était l’hystérie, les gosses hurlaient, menaçaient, criaient. Du coup les grands frères sont intervenus en disant aux petits de ne plus s’approcher du bar. Aucun client n’a quitté le bar alors que nous étions tous consternés et choqués face à ces scènes de colère et de haine. Et aucun(e) d’entre nous n’a su que dire à ces gosses conditionnés, excédés peut-être par l’oisiveté de la journée puisqu’ils n’avaient pas eu classe pour cause de grève et rien dans le quartier pour les occuper, et peu conscients de tout ce qu’impliquait leur comportement et leurs propos. Et si ce n’était pas si ordinaire que ça ? A méditer, peut-être.


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