Voici quelques semaines, Michel Perez, inspecteur général de l’Education nationale, où il est en charge de la coordination des enseignements du portugais, parlait dans les colonnes de LusoJornal de ses fonctions, des projets en cours, des problèmes d’enseignement aussi. Mais il est un autre aspect, moins connu, de Michel Perez : sa passion pour la musique à laquelle il consacre une bonne partie de ses (trop rares) loisirs. Et comme on le verra, ça ne date pas d’hier.

A la fin de l’année 2014, Michel Pérez vient assister à une de ces soirées « Tous les fados du monde… ou presque » organisées par le Coin du fado aux Affiches à Paris, où se côtoient fadistes confirmés et débutants, professionnels ou amateurs. Nous savions (nos services de renseignements sont parfois très performants) que Michel Pérez chantait à l’occasion un ou deux fados. Ce qu’il fit ce soir là, avec succès, et à la grand surprise d’un quarteron de professeures de portugais de l’Education nationale, étonnées de voir la prestation d « leur » inspecteur général. D’où l’idée de parler fado et musique avec Monsieur l’Inspecteur général.

Michel Pérez, père espagnol, mère française, naît à Toulouse, rencontre la langue portugaise au lycée et choisit de s’y perfectionner. Un temps tenté par les études d’économie, il opte finalement pour le portugais (« j’ai préféré les mots aux chiffres ») dont il deviendra agrégé. Lycéen ou étudiant, il écoute beaucoup de musiques, dont Amalia Rodrigues et Carlos do Carmo qui lui révèlent le fado, apprend la guitare, le violon, participe à des groupes de folk de Gascogne (l’un d’eux, Ferrine Floc, enregistrera même trois disques), tâte un peu de jazz. Premier voyage au Portugal pour une université d’été en 1969, où son premier contact avec le fado « live » a lieu à ce qui était alors la maison de fado la moins chère de Lisbonne, peu de touristes, clientèle populaire : le Solar da Madragoa. Nous aurions pu nous nous y croiser, j’en étais client aussi dans ces années là. Depuis ce temps, Michel Pérez suit l’actualité du fado, et contribue à le faire connaître, aussi, dans ses activités professionnelles : ainsi le manuel de portugais Olà tudo bem ! niveau 2 édité par le CNDP, dont il a coordonné les travaux, consacre un article au fado, plus un entretien avec Carlos do Carmo. Mais comme Michel Pérez a des goûts musicaux éclectiques, le manuel fait aussi bonne place aux autres musiques lusophones, notamment au Brésil.

Au fil des années, il appréciera les nouvelles voix du fado, mais aussi José Afonso, Sergio Godinho et toutes ces chansons engagées post-25 avril. Et il continue à pratiquer, en participant pendant plusieurs années au chœur philarmonique de l’UNESCO, en montant avec des amis un groupe folk, Embarquement Immédiat : « on chante un peu de tout, des musiques du monde, des chansons traditionnelles gasconnes bien sur, mais aussi, par exemple, deux chants traditionnels de l’Alentejo, Aroma et A Gotinha. Et de temps en temps, pour les soirées amicales, je chante un ou deux fados, des airs populaires ». Michel Pérez est ravi que le fado, puis tout récemment, les chants de l’Alentejo, aient été inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Pour le fado, ce devrait être, dit-il l’occasion d’une plus grande ouverture sur le monde, mais malheureusement, le fado a du mal à mobiliser les moyens de communication énormes qu’implique la mondialisation. « C’est déjà très bien que Carlos do Carmo et d’autres aient su convaincre l’UNESCO. Ils ont fait un beau travail ».

Une chose certaine en tout cas, nous recroiserons souvent Monsieur l’Inspecteur général Michel Pérez sur les chemins buissonniers du fado