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ET SI ON REPARLAIT DE LA VIE REPUBLIQUE ?

Par Antoine Thivel
jeudi 7 septembre 2006
par  Antoine Thivel
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En principe, l’année prochaine, en mai et juin 2007, il doit y avoir en France toute une série d’élections, présidentielles, législatives, municipales et autres. On dirait que c’est une manie des régimes qu’on appelle démocratiques d’organiser de temps en temps ces grands rites nationaux, ces "consultations" comme on dit, comme si les gens en place avaient quelquefois des scrupules, doutaient presque de la légitimité de leur pouvoir, et avaient besoin que les simples citoyens, qui observent tout ce cirque sans rien y pouvoir, leur donnent leur approbation. Pourtant, si ces simples citoyens, la "France d’en bas", comme disait Raffarin, avaient vraiment quelque chose à dire, les choses pourraient peut-être changer. Ils ont quelque chose à dire, c’est certain, et puisqu’on leur donne la parole, l’occasion est à saisir, et pourquoi pas pour faire de grandes choses ?

Commençons par l’élection présidentielle, malencontreusement placée avant la législative par la décision d’un premier ministre qui se disait "de gauche" et qui se croyait appelé à sauver la France, double maladie dont il n’est toujours pas guéri. C’est ici qu’on entend la voix unanime des militants de gauche, à juste titre affolés : "Comment empêcher Sarkozy de se faire élire ? Nous n’avons aucune figure de proue à gauche pour lui faire face, le projet socialiste n’est pas mobilisateur, aucun des présidentiables n’a des chances de gagner, Ségolène Royal est une fabrication des instituts de sondages, qui sont tous de droite ; c’était bien de voter "non" au référendum sur le projet de constitution européenne, et si la direction du PS n’avait pas appelé à voter "oui" ce n’est pas 55% des voix que nous aurions eus, mais 70 % ; avec le retrait du CPE le gouvernement a subi une défaite majeure, ce pouvoir est complètement déconsidéré, il ne tient en place que parce que personne ne veut le faire tomber, il n’y a qu’à le ramasser, et pourtant nous ne tirons aucun profit de nos dernières victoires, nous sommes dans la nasse, Sarkozy va être élu".

A ce discours lucide mais pessimiste (voir clair, ce n’est pas forcément voir sombre) on peut répondre ceci : tout cela est dû à l’élection présidentielle, procédure qui est l’inverse de la démocratie, le plébiscite pour un homme, tel que les Napoléon I et III l’avaient déjà expérimenté, et il faut se rappeler qu’en 1870, juste avant le déclenchement de la guerre contre la Prusse, Badinguet a encore obtenu 80% des voix des Français alors qu’il était très impopulaire. Cette personnalisation de la politique est désastreuse, et elle rejaillit à tous les niveaux, si bien qu’on voit en ce moment, par exemple, la rivalité ridicule entre José Bové et Nicolas Hulot, pour savoir lequel des deux est le meilleur écologiste. Dans le système politique que nous subissons depuis cinquante ans, tout est suspendu à l’élection présidentielle (De Gaulle savait ce qu’il faisait), et tout le reste en découle : les assemblées ne représentent pas le peuple, etc. Il faut sortir de la Cinquième République. Vous me direz qu’on ne peut pas échapper à l’élection présidentielle, que des millions de gens y croient, qu’elle va s’organiser... Certes, mais nous vivons à une époque où les événements vont vite, et il peut se passer bien des choses. Au lieu de nous tourner vers l’homme ou la femme providentielle, essayons de raisonner. On se rappelle qu’au PS, un député, Arnaud Montebourg, avait parlé d’une Sixième République, et en plus, à l’époque, il était pour le "non" au référendum sur le TCE. L’ennui, c’est qu’il n’a jamais bien précisé son projet de Sixième République, ou bien quand il le faisait, on avait l’impression que c’était plutôt un retour vers la Quatrième qu’un pas en avant vers quelque chose de nouveau, et voilà que maintenant il a troqué ce beau projet contre le ralliement à Ségolène Royal, qui a fait campagne pour le "oui". C’est son affaire, on peut en penser ce qu’on veut, mais quand le peuple assiste à tous ces ronds de jambes autour du pouvoir actuel ou futur, la colère le prend, et un certain nombre de gens, qui ne sont pas forcément des fascites, votent pour Le Pen ou De Villiers. Alors se profile encore à l’horizon le spectre du 21 avril, et François Hollande ne sait plus à quel saint se vouer.

Parmi les éléphants du PS, il y en a bien un qui a appelé à voter "non" au référendum, il a même été le premier à le faire dans ce parti, ce qui représente un certain courage, il a mis longtemps à s’y décider, mais il a proposé une méthode pour lutter "contre le dumping social et fiscal". Cela, c’était une politique, mais Laurent Fabius a voulu ensuite sauver coûte que coûte l’unité du PS, et que nous propose-t-il aujourd’hui ? Il nous dit : "Votez pour moi, et quand je serai élu, je ferai la Sixième République". Fort bien, mais s’il n’est pas élu ? Il est même probable qu’il ne sera pas désigné par le PS comme candidat, car il reste, qu’il le veuille ou non, l’homme du "non au TCE", et cela déplaît souverainement à la direction. De quelque façon qu’on retourne la question, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de sauveur à gauche. D’ailleurs, cette expression, "à gauche", est elle-même impropre, elle représente les députés et les sénateurs que les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ont à leur gauche dans les séances, mais du point de vue de la salle c’est le contraire, et on sait bien du reste que ces assemblées ne représentent pas le pays.

Il y avait dans le "non au TCE" une dimension que peu de gens ont soulignée, et qui était pourtant évidente : c’était non seulement le refus de cette constitution réactionnaire, antisociale et antilaïque, qu’on nous proposait, mais aussi le refus de la Cinquième République, l’exigence d’un régime où le peuple gouverne vraiment, à travers des institutions qui lui permettent de s’informer, de se regrouper et de faire prévaloir ses droits, organiser la société du mieux possible, dans l’intérêt de tous.

Naturellement, quand on dit "le peuple" en régime capitaliste, on ne tient pas compte de la lutte des classes, de l’exploitation de l’homme par l’homme, mais tout de même on met la démocratie en avant, et c’est bien par la démocratie, par les libertés (que Lénine appelait à tort "bourgeoises") que nous avons conquis ce qui fait de nos pays autre chose que des théocraties reposant sur la misère. La demande d’une Sixième République, ce n’est pas le Grand Soir, mais ce n’est pas non plus la consolidation du capitalisme, ce n’est pas la capitulation enthousiaste devant les lois du marché, c’est la possibilité de progresser vers plus de justice sociale, jusqu’à ce que nous arrivions à éliminer le capitalisme à force de l’ébranler. C’est un travail de longue haleine, que les générations suivantes mèneront à bien à l’échelle de la planète, mais en attendant, nous autres Français, il nous faut demander de remplacer l’élection présidentielle par la réunion d’une Constituante, et le programme de la Sixième République n’est pas difficile à fixer : il nous faut les élections à la proportionnelle partout, et trois grands principes : laïcité, défense des services publics, lutte contre les délocalisations.

La mondialisation capitaliste n’est rien d’autre que la mise en concurrence de tous les travailleurs à l’échelle de la planète. Le capitalisme nous montre la voie : cette politique ne pourra être combattue que par une alliance entre les travailleurs des pays développés et ceux des pays sous-développés. Nous en sommes bien loin apparemment, mais le monde ne se réduit pas à l’image que nous en donne la télé. Nous avons gagné au référendum européen parce que nous avions un mot d’ordre simple : il fallait voter "non". Pour gagner dans les batailles qui viennent, je propose un mot d’ordre simple : il nous faut une Sixième République LSD, laïque, sociale et démocratique. Il va de soi qu’il faut aussi une Constituante pour l’Europe, et que dans un premier temps les objectifs que nous nous fixons : laïcité, services publics, non aux délocalisations, doivent être poursuivis au niveau de l’Europe. La discussion est ouverte.

Antoine Thivel préside l’Association des Libres Penseurs des Alpes Maritimes et est membre du Parti Socialiste


Commentaires

mardi 30 mars 2010 à 03h19
mardi 24 novembre 2009 à 10h35
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lundi 26 janvier 2009 à 03h52 - par  インプラント
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