POURQUOI DONC UN SEUIL D’ACCEPTATION DES OGM DANS LE BIO ?
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Le conseil européen du 12 juin 2007 a décidé de suivre une proposition de la commission européenne en imposant aux consommateurs et aux professionnels bio d’accepter une contamination des produits bio à hauteur de 0.9%. Ce qui revient à interdire à quiconque le droit de revendiquer la consommation ou la production d’un produit bio exempt d’OGM. Cette décision a été prise à l’encontre de l’avis du parlement européen rendu à une majorité écrasante le 22 mai 2007, qui stipulait une limitation du seuil d’acceptation à 0.1%, seuil technique de détection.
Les lobbies pro-OGM peuvent pavoiser ! On impose au bio de subir ce qu’il ne souhaite pas, et en l’empêchant de réclamer une indemnisation en cas de contamination, on feint d’oublier la responsabilité du pollueur, à savoir celle du paysan qui sème des OGM, sous contrat des semenciers.
Cette responsabilisation, la commission avait refusé de la réglementer en 2001, au moment où elle était parvenue à mettre un terme au moratoire de fait qui bloquait l’essor de l’industrie des biotechnologies qu’elle appelle de ses voux. Pour noyer le poisson, face aux inévitables contaminations, elle s’était contentée de laisser les Etats membres légiférer. En France, on a choisi de ne rien faire ; il n’y a toujours pas de réglementation sur la responsabilité des contaminations d’OGM. Même le décret de fin de règne du précédent gouvernement n’aborde pas le problème.
Il ne faut être dupe. Imposer 0.9% d’OGM dans le bio participe à la même politique : celle des avancées par petits pas, pour mettre la société devant le fait accompli. Le bio gênait trop ; il était un argument pour freiner les OGM. Maintenant, il est privé de la possibilité de se défendre, jusqu’à 0.9%.
Et demain, on élèvera le seuil d’acceptation, pour, hélas, mettre le droit en conformité avec les contaminations. Et il en sera ainsi de partout, dans le bio et ailleurs, c’est inévitable, c’est la force de la Nature qui le conduira. Ce qui est évitable, ce sont les OGM ; nous n’en avons pas besoin pour vivre, et l’agriculture bio est capable de nourrir la planète selon la FAO. Alors cultivons, développons l’agriculture bio contre l’agriculture des mauvais produits et de la pollution, et écoutons les scientifiques qui nous alertent sur les modifications d’organe ou les décès de rats ayant mangé des OGM de pomme de terre, n’en déplaise aux enthousiastes de la bande au professeur Scientus, payés par les semenciers.
Guillaume Moricourt est l’auteur d’Agriculture et Santé (Editions Dangles)
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