LES CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES
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Le Podium
Je ne sais pas si Robert Ménard, dirigeant à vie de Reporters sans frontières, monterait sur le podium à une épreuve récompensant les "journalistes" de bas niveau. Il le mériterait. Défenseur infatigable de certains droits de l’homme (mais pas tous), serviteur loyal de la NED (National Endowment for Democracy, bras séculier de la CIA), il n’a pas hésité, en plein mois d’août à mobiliser ses paladins contre une atteinte inqualifiable à la dignité et aux libertés.
Bravo, me suis-je dit, Robert le Brave s’indigne enfin contre l’exécution capitale du Mexicain José Ernesto Medellin, au Texas le 5 août dernier, malgré l’ordre de la Cour Internationale de Justice. Il ne supporte pas qu’en 2007 42 assassinats légaux aient entaché la réputation humanitaire des USA (recensement d’Amnesty International). Il part en guerre contre les couloirs de la mort. Erreur. Robert le Pieux choisit mieux ses causes. Il manifestait contre l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin. Et comme lieu de rassemblement, il a choisi un nouveau palais de la République, le Fouquet’s.
Le Saint-Père et le Diable
Du 12 au 14 septembre, le Pape Benoît XVI doit séjourner en France, principalement à Paris et à Lourdes
"Mon très cher fils et chanoine respecté, j’aimerais bien profiter de ce séjour pour voir un peu le Diable. Il paraît que chez vous il y en a d’intéressants !" Monsieur Nicolas ne savait rien refuser à Monsieur Benoît. "Très Saint Père, il sera fait suivant vos désirs !"
On conduisit Monsieur Benoît dans un local sécurisé, on le débarrassa de ses vêtements professionnels, on le revêtit d’un vieux jean, d’un T-shirt à l’effigie du Che, on le chaussa d’une paire de baskets, on lui glissa dans la poche du jean quelques billets de 20 Euros. On lui agrafa sur la poitrine une sorte d’image pieuse appelée "vignette" à 17 €. A sa belle Papamobile on substitua une Clio banalisée. Une escorte de gardes du corps issus de l’Elysée et de la Nonciature l’accompagna vers un vaste terrain où des centaines de milliers de personnes avaient l’air de se faire plaisir. "Est-ce bien là le fameux Enfer ? " demanda Monsieur Benoît. "Pire, Monsieur le Pape ! Pire, c’est la Fête de l’Huma !" Le Saint Père se signa subrepticement sous le T-shirt, pour ne pas se faire remarquer. Puis il entra dans la foule.
Pendant des heures, il écouta des débats et des discours. Il s’empiffra de cassoulet, d’huîtres de Marennes-Oléron, de merguez. Il but nombre de breuvages. Il côtoya la célèbre diablesse Marie-George et quelques autres du même acabit. Il pénétra dans un grand local intitulé "Palais du Livre" et se signa derechef à la pensée des hérésies accumulées en ce lieu. Il acheta et se fit dédicacer (sous un faux nom) par l’auteur "Le Spermatozoïde Octogénaire"*, se sentant concerné par le titre. Il écouta sur la grande scène des musiques profanes et vit des danses pas religieusement correctes. Bref, il s’amusa beaucoup.
Il revint l’œil allumé et les lèvres constellées de débris de barbe à papa. A son retour, le président Nicolas l’interrogea personnellement : "Alors, Très Saint père, vous l’avez vu, le Diable ?" "Mon Très cher fils et chanoine respecté, je crois bien que j’ai vu le peuple !" "Mais, pape de mes deux, répondit le chanoine en colère, c’est la même chose !"
* Un (excellent) livre de Jacques Franck (ndlr)
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