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PRODUCTEURS, SAUVONS-NOUS NOUS-MEMES !

jeudi 2 avril 2009
par  Michel Peyret
popularité : 84%

« La fin du monde », avait lancé Sarkozy à Lyon. « Le commencement du monde », avait écrit Jean-Claude Guillebaud sans attendre qu’une crise financière explose pour décrypter des évolutions en profondeur marquées par la doxa néoconservatrice américaine, le règne de la géofinance, la dilution du « principe d’humanité », « cet individualisme possessif de masse qui nous a fait manquer la chance historique qu’offrait voilà vingt ans l’implosion de l’Empire soviétique et qu’offrent toujours des évolutions technologiques qui serviraient un progrès véritable si nous avions pris conscience à temps que bien des progressions sont des régressions ». Je ne partage pas tout de ce début d’exposé que fait Daniel Riot mais sa dialectique m’apparaît de grande portée Nous avons déjà fait l’expérience de ce que les annonces de « fin de l’histoire » ne pouvaient correspondre à aucune réalité sinon à des fins idéologiques destinées à justifier la perduration du système capitaliste et à l’inscrire dans l’éternité politique et économique de l’humanité.

De vraies et de fausses contradictions

Depuis, d’ailleurs, d’autres se sont essayés à créer de fausses oppositions afin de laisser penser que d’autres contradictions travailleraient le monde a contrario des énoncés du marxisme relatifs à celles caractérisant les rapports entre bourgeois et prolétaires . Ainsi Daniel Riot évoque-t-il « l’imbécile prédiction ravageuse du « choc des civilisations » qui, avec « la fin de l’histoire », constituent « deux des piliers » de la défaite de la pensée dite « occidentale » contemporaine ». Voilà quinze ans, dit-il, que le professeur Huntington nourrit, par sa perfide « défaillance de l’intelligence », des conflits, des guerres, des politiques, des réflexes orchestrés par le « tintamarre des propagande ». Et, évoquant le travail de Guillebaud, il considère qu’il était temps « e détricoter sérieusement ces thèses qui ont fait le bonheur d’un hypercapitalisme déshumanisant, en folie et de politiques liberticides. Des thèses exploitées en partie grâce aux retombées de ce « nouveau sac de Rome » que fut l’effondrement des tours du Wordl Trade Center et l’attaque du Pentagone ». Un effondrement survenu suffisamment opportunément pour justifier les doutes , sinon les certitudes de certains, quant à la nature et à l’identité réelle des instigateurs d’un événement destiné à impressionner puissamment l’opinion publique mondiale et à permettre ainsi l’enclenchement de guerres qui se confirment sans issue tandis que leurs financements se révèlent exorbitants : Stieglitz n’a-t-il pas estimé à trois mille milliards le coût de l’engagement en Irak, milliards récupérés pour leur plus grande part par le complexe militaro-industriel étatsunien .

Le monde doit changer de bases

Il y a déjà quelques années, le PDG d’Axa, Claude Bébéar, parlant de ses confrères constatait avec effarement : « Ils sont devenus fous ! » De toute évidence, la folie s’est accentuée au fil du temps et généralisée jusqu’à ce que le système fasse eau de toute part. La financiarisation forcenée dénoncée par Bébéar, dans ses formes les plus infinies et les plus indéfinies, les plus alambiquées et les plus éloignées de toute vie économique concrète et encore plus sociale, connaît un « atterrissage » prévisible : c’est la crise ! Pour Frédéric Lordon, dans L’Humanité, « la crise présente se distingue de la série des crises financières ouverte depuis deux décennies de déréglementation en cela que, comme aucune autre auparavant, elle signale l’arrivée aux limites du régime d’accumulation en vigueur. Le capitalisme de déréglementation à dominante financière est structurellement à basse pression salariale du fait des contraintes combinées de la concurrence et de la rentabilité actionnariale.

Ne restent que deux moyens de solvabiliser la consommation (70% de la demande finale) : l’allongement de la durée du travail et l’endettement des ménages. Pour avoir poussé la deuxième « solution » à d’invraisemblables extrémités, la forme actuelle du capitalisme étasunien périt, mais par la finance, de ses contradictions générales ». Et Frédéric Lordon poursuit logiquement : « Ramener la finance à la raison ne fait donc qu’une partie du chemin : il n’y a pas de solution cohérente hors d’une refonte complète des structures économiques – celles de la concurrence et du marché du travail démantelé – qui, en dernière analyse, ont donné naissance au problème ». Certes, mais, dit Frédéric Lordon, rien de tout cela ne fait sortir du capitalisme, juste passer d’une configuration à une autre. N’y a-t-il donc rien de pensable « au-delà » ? Comme Guillebaud, il évoque « l’individualisme » dans lequel il y a « l’égalité en dignité des hommes », laquelle, « bafouée partout, est pourtant dans les têtes comme idéal ». « Aussi faut-il la rappeler sans cesse pour tracer deux lignes d’horizon : un, qu’une chose dont l’usage affecte profondément une multitude d’autres soit la propriété d’un seul, cela n’est pas tolérable ; deux, les rapports d’autorité hiérarchiques dans l’entreprise sont médiévaux : les producteurs associés doivent être pleinement maîtres de leur destin collectif ».

Pour que le voleur rende gorge

Depuis, la « crise » a explosé, proche de semer la panique. Elle s’est transformée en ajoutant à ses agitations initiales l’embourbement significatif du monde politique washingtonien. Et puis, le 25 septembre, est venue, du côté français et du côté allemand , une déclaration de guerre contre le capitalisme tel que nous le connaissons. « Il est évident, dit-on à De Defensa, que le discours de Sarkozy a touché un nerf capital, dans tous les cas au Financial Times, et déclenché une fureur épouvantable quoique dissimulée dans ses excès, parce que l’on sait se tenir. Il n’est pas assuré que Sarkozy ait été heureux, dans l’instant, du bouleversement auquel l’histoire le contraint. Le chevalier blanc qui allait transformer la France en fleuron néo-libéral s’est mué en chevalier tout aussi blanc déchaînant l’affirmation contre-offensive de la fureur française, dirigiste, colbertiste, contre ceux qui ont installé le plus formidable foutoir que l’histoire ait jamais pu mettre en scène. Qu’importe, on connaît la mécanique sarkozyenne. La cause importe moins que l’énergie qu’elle permet de développer ; la pensée n’est jamais qu’un faire-valoir de l’action. Puisque l’histoire a tranché, Sarko s’aligne. Puis il fonce. Il y mettra autant de rage qu’il en mit à proclamer le changement dans le sens néo-libéral.

Ni dieu, ni césar, ni tribun

De toute évidence, ce n’est pas sur Sarkozy que l’on peut compter « pour que le voleur rende gorge » quel que soit le fracas qui a résulté de ses discours. Peut-on compter pour autant sur les autres forces politiques qui ont conduit la France ces dernières décennies qui ont connu la succession de majorités et de gouvernements de « droite », de « gauche » ou de « cohabitation » ? Poser la question est y répondre. A l’évidence, le modèle de démocratie représentative qui a accompagné la gestion du capitalisme n’est jamais parvenu à enclencher le processus de changement de société. Par contre, il est parvenu à l’enrayer, à le stopper quand le mouvement populaire en exprimait l’exigence comme cela a été le cas à la Libération, en mai 68 ou en 1981. Et sans parler du résultat du référendum de mai 2005 laissé en friches de nouveau nouvelle expérience de ce que ses exigences pouvaient être enterrées dans une sorte de conjonction de la quasi-totalité des forces politiques se retrouvant pour ne pas donner les prolongements attendus, espérés, à cette forme d’insurrection populaire qu’exprimait le Non majoritaire contre les préconisations du monde politique. Tout cela débouchant, à l’encontre des attentes, à ce qui aurait pu constituer une farce de la Comedia del’ Arte si cela n’avait été la mise en scène tragique de l’élection présidentielle. Et je regrette de ne pas être capable d’exprimer aujourd’hui ce que je ressens quand je lis dans Bellaciao cette supplique pathétique d’un militant communiste, qui signe Baboeuf42, un article intitulé : « La crise prend de l’ampleur, le PCF doit réagir » et où il déclare : « Il me semble que le parti communiste se doit d’intervenir et d’éclairer les gens ». Et c’est un autre militant communiste qui montre que l’intervention du gouvernement, la régulation plus sévère des monopoles et des pratiques plus « prudentes » ne peuvent surmonter la contradiction fondamentale du capitalisme : la propriété privée des moyens sociaux d’une production mondialisée. C’est une contradiction irréconciliable qu’une infime minorité contrôle la production de la richesse mondiale à son propre profit. C’est une contradiction irréconciliable que cet appareil mondial s’arrête de fonctionner quand il y a une crise de profitabilité pour les patrons. Cette crise surgit toujours, tôt ou tard, en raison de l’anarchie capitaliste.

Le « grand parti des travailleurs »

Il est également d’autres évidences. Ainsi, Philippe Jurgensen, qui lui n’est pas communiste, faisant récemment le constat que la politique monétaire de la BCE , plus restrictive que ne l’impose l’inflation sous-jacente somme toute encore modérée, à contre-courant de ce qui serait souhaitable en contribuant à la hausse de l’euro, à l’insuffisance des investissements et à un niveau du chômage trop élevé : plus de 7% pour la moyenne européenne, près de 8% en France . « Cette situation, poursuit Philippe Jurgensen, n’est pas anodine sur le plan politique. On peut y voir une des causes de la montée de l’extrême droite dans la plupart des pays d’Europe. On ne peut qu’être consternés, en tout cas, de découvrir qu’elle conduit à des réactions de rejet de l’économie de marché elle-même ». Et il fait part d’un sondage, initié par l’Université du Maryland, qui indique que seulement 36% des Français seraient favorables à la libre entreprise et à l’économie de marché. Philippe Jurgensen le regrette : « C’est, malheureusement pour nous, le plus faible taux mondial ».

D’autres données viennent cependant donner consistance à l’existence de ce « grand parti des travailleurs » en dehors des résultats mêmes du référendum, récusation des politiques et liberticides européennes. Une étude d’opinion, de fin 2005, venait confirmer ces constatations : 61% des Français, davantage encore s’agissant des jeunes , considéraient le capitalisme comme négatif . Pourquoi ne pas leur demander à nouveau leur opinion aujourd’hui ? Pour qui veut bien y réfléchir, il y a dans ces études concordantes de quoi alimenter la réflexion et l’activité de forces politiques qui voudraient oeuvrer à mettre fin au capitalisme dans notre pays comme ailleurs. Dès lors, comment interpréter le refus de s’y prêter sinon comme un refus d’ordre plus général, celui d’une volonté qui consiste à considérer que « le grand parti de travailleurs » aurait tort de vouloir se sauver lui-même et que la délégation de pouvoir qu’il donne, ou a donné, à l’occasion d’élections ou de référendums, est faite pour être violée. Sans doute, ce constat-là est-il significatif d’un déni qui ne devrait pouvoir se prolonger plus avant si ce « grand parti » veut réellement s’assigner les objectifs que les auteurs du Manifeste communiste lui assignaient : « L’émancipation des travailleurs doit être l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes ».

« Mais, disaient ces auteurs, toute lutte de classe est politique. Et l’union que les bourgeois du Moyen-Age mettaient des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes, avec leurs chemins de fer, la réalisent en quelques années. Cette organisation du prolétariat en classe et donc en parti politique, est sans cesse détruite par la concurrence que les ouvriers se font entre eux. Mais elle renaît toujours, toujours plus forte, plus solide et plus puissante ». Et afin qu’il n’y ait plus d’équivoque, ils ajoutaient : « Quelle est la position des communistes par rapport à l’ensemble des prolétaires ? Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers. Ils n’ont point d’intérêt qui les séparent de l’ensemble du prolétariat. Ils n’établissent aucuns principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier. ». Je pense que nous aurons l’occasion d’y revenir !


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