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De « l’obéissance » civile universelle

Par Joël Yoyote-Landry
mardi 22 février 2005
par  Joël Yoyotte-Landry
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De « l’obéissance » civile universelle

Par Joël Yoyote-Landry

Une même doctrine préside au mépris de la situation désastreuse des peuples des pays pauvres, au développement incontrôlé de la pollution de la planète, à l’inégale répartition des richesses mondiales, à l’inaccessibilité à la propriété du plus grand nombre, à la transformation de l’Olympisme en commerce, à l’inégale justice, aux atteintes à la liberté, à l’oubli des droits de l’homme, à l’affaiblissement de la souveraineté des nations. Cette doctrine nous la connaissons tous puisqu’il s’agit du capitalisme le plus sauvage à l’œuvre au plan national, européen et international et qui s’imaginait avoir annihilé en Europe la résistance des républicains. Mais, pour ce qui concerne la France, nous devons entendre que la génération qui s’est levée le 21 avril 2002 et le 29 mai 2005 au nom de la république, celle qui se lèvera encore plus nombreuse s’il le faut, ne veut pas que ça change dans 50 ans, au gré de nos opportunités, ou quand Valéry Giscard d’Estaing l’aura décidé, mais aujourd’hui avec ou sans le consentement des partis. Pourtant, nous aimons cette idée que les politiques sont les gardiens de l’esprit de la république. De cette république qui n’est pas un objectif à atteindre, comme un point final que certains croient avoir déjà atteint à l’ombre de leur puérile certitude sur la légitimité de l’ordre économique dominant. La république dont il s’agit est indissociable de l’obligation d’exécuter en permanence la volonté de la nation.

Les révolutionnaires de 1789 l’avaient bien compris qui voyaient dans la république une voie de progrès permanents pour maintenir par la loi, la cohésion sociale en mouvement, lorsqu’ils proclamèrent dans la déclaration des droits de l’homme que : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. » En insistant sur la durée de l’égalité, ils marquèrent ainsi leur conviction que la justice s’inscrit dans une remise en cause permanente des contours de la société pour que demeure l’égalité des droits. C’est dire que cela ne va pas de soi. Car le but de la loi est de permettre la vie en société en protégeant, toujours et avant tout, le plus faible dans un mouvement continu de progrès et d’encadrement de la force. Ce n’est plus la domination de l’état de nature par lequel le plus fort, le plus riche impose par la force des choses, sa loi en dehors de toute société, de tout cadre, de toute organisation. C’est une mise en commun des moyens et des prérogatives dont l’objet ultime est la protection du plus faible. Le droit n’est ainsi que protection des faibles permettant à chacun, membre d’un seul corps (la société fraternelle) d’acquérir et de conserver, une égalité non naturelle (n’allant pas de soi), pour que la liberté ait un sens individuel et collectif. Ainsi, en principe, s’engager à assumer un mandat politique c’est s’engager à la défense des plus faibles, pour que vive la devise de la République. Nelson Mandela a ainsi pu dire, avec justesse, le 02 juillet 2005 : « sans action contre la pauvreté il n’y a pas de véritable liberté ». Aucun républicain ne peut s’enorgueillir de s’être mis un jour, une heure, pour une campagne, même provisoirement et par astuce, quel que soit l’âpreté prévisible du combat dont on souhaite contourner les désastres, du côté du plus fort.

Et c’est précisément ce que l’on a fait, lorsque l’on a cru voir, dans l’impossibilité théorique de lutter contre les puissants libéraux européens, une raison suffisante pour leur concéder la défense même provisoire des faibles, en acceptant le recul de la protection sociale qu’organisait le projet de Traité européen. D’aucuns ont cru à l’occasion du référendum sur la Constitution Européenne que devant la faiblesse de nos moyens et la puissance de la droite européenne que le bon sens imposait de soumettre les peuples au diktat des puissants et d’accepter que soit inscrit dans le marbre constitutionnel la règle inique de la concurrence libre et non faussée. Il s’agissait nous a t-on dit de reculer aujourd’hui pour mieux avancer demain en prononçant le fameux « Oui exigeant ». Mais c’était justement parce qu’il s’agissait du triomphe de la force et du recul de l’état de droit devant la nature des choses décrite par Adam Smith comme une fatalité, qu’il fallait en tant que républicains, s’y opposer énergiquement. Quoiqu’il en fut de notre manque de confiance dans les valeurs de la république, le peuple encore une fois suppléant notre égarement, a prononcé la clôture des débats et déclaré caduc pour la France, le projet qui nous était proposé. Pour éviter de prolonger nos égarements, j’invite les républicains à l’optimisme et à l’obéissance civique universelle à laquelle nous convient les fondateurs de la république.

Et si nous devons travailler à gauche à l’union sacrée en vue des élections de 2007, elle ne peut être exclusive de la reconnaissance publique des erreurs commises à l’occasion de la campagne référendaire. Elle passe par l’affirmation que conformément à l’article 15 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration » et qu’en l’espèce ce fut un acte de lâcheté que d’accepter que soit instituée l’indépendance de la Banque Centrale Européenne. Elle est indissociable du principe posé par le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, selon lequel, « tous les individus et tous les organes de la société doivent assurer par des mesures progressives d’ordre national et international la liberté, la justice et la paix dans le monde ». Qu’en l’espèce la partie III du projet de TCE constituait par la nature que l’on voulait lui conférer, une régression inacceptable en vertu des droits inaliénables de la famille humaine. Et il ne s’agit même pas comme d’aucuns le disent, par la réponse redoutable donnée par le peuple français, de désobéissance civique pour le bien de l’Europe. Il s’agit d’une obligation universelle de se mettre au service de l’intérêt supérieur de l’humanité.

C’est l’exécution salutaire de l’obligation universelle d’obéissance à la loi supérieure inscrite dans les textes suprêmes. Sans condamner, définitivement et sans appel, ceux qui ont osé réclamer par des référendum internes iniques, le sacrifice de la raison de ceux qui n’entendaient pas se soumettre à la loi des plus forts, nous devons, en reconnaissant aux premiers le droit à l’erreur, apprécier la fidélité de ceux qui entendaient se soumettre à la loi éternelle de toutes les créatures raisonnables comme le disait si bien Robespierre le 17 juin 1792. Et cette loi éternelle est désormais inscrite dans des textes trop souvent oubliés au profit de la real politique. Les partis ont le droit d’exiger, de leurs adhérents, le respect des actes républicains de gouvernement. Mais, il n’existe aucune règle inviolable qui oblige les citoyens européens à sacrifier leur raison et leur liberté, au moment même où l’on débat encore en Europe, de l’utilité de la Constitution européenne et de sa conformité aux règles suprêmes de l’humanité.

Joël Yoyote-Landry est membre de l’Union des Républicains Radicaux (U2R)


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