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Pouvoir et libido

samedi 10 octobre 2009
par  Gérard Bélorgey
popularité : 91%

Il est connu qu’il y a de la jouissance sensuelle dans la part d’ivresse qui s’empare d’un politique goûtant des ovations ; j’ai vu en cet état évident des candidats notoires notamment lors d’une campagne électorale lorsqu’ils pouvaient croire que cette communication avec une foule était la porte du pouvoir.

Le terme de "conquêtes" ne s’applique-t-il pas d’ailleurs "indifféremment" à celles du pouvoir, des richesses, des femmes et ...des hommes, depuis ces temps antiques où les moeurs reconnaissaient, au demeurant comme une banalité, aux puissants - comme aux philosophes et en fait à pas mal d’autres - la normalité d’avoir des "amants". Affirmation de "normalité" dans la libre diversité et revendication de non discrimination qui constituent bien aujourd’hui ensemble la plateforme de la force homosexuelle dans la cité. A ceux là mêmes qui ne portent aucune hostilité, aucune agressivité envers ceux qui pratiquent l’homosexualité, le fait humain et social qu’elle représente aujourd’hui peut faire interrogation, voire malaise. En d’autres termes, le rejet total de l’homophobie (au nom des principes de liberté et d’égalité) n’implique pas nécessairement la pleine compréhension, la pleine réception, de l’homosexualité (au titre de la conscience personnelle).

Cette difficulté de pleinement concevoir l’homosexualité, bien qu’elle puisse aller totalement de pair avec la volonté politique d’en reconnaître, autant que se peut, avec l’hétéro sexualité, les facultés d’exercice, pourrait bien s’expliquer par le fait que ceux qui éprouvent cette difficulté sont enracinés dans l’idée et l’expérience que leur propre libido ne peut être gouvernée que par l"altérité : c’est à dire par leur impulsion vers un corps exprimant un être différent d’eux-mêmes (ou symétrique) et par leur indifférence (voire leur rejet) à l’égard d’un corps exprimant un être semblable à eux (ou identique). Cette libido de l’hétérosexualité est sans doute manifestement commandée en profondeur par l’instinct de procréation, impossible entre deux personnes de même sexe, alors même que nos relations sexuelles peuvent être, ce qui est sauf rares exceptions animales, le propre (ou du moins souvent la pratique) de l’espèce humaine, déconnectées de cette finalité. On voit bien du même coup comment en général les Églises lient bien entre eux principes moraux, faits de nature et droit positif et, particulièrement, que tout ce qui relève des valeurs de la famille (c’est à dire la parentalité) ne saurait échapper à ce triptyque.

Et toute critique libérale, "progressiste", égalitaire de ces positions, comme des sensibilités rétives à la banalisation de l’homosexualité et croyant subir le lobbying d’une franc-maçonnerie des tenants de ces mœurs, ne peut que se casser les dents sur cette donnée immédiate de la conscience et des sens qu’est le besoin d’altérité pour être porté à des relations sexuelles et plus encore pour les nouer. D’où le thème de fait toujours présent chez les promoteurs de la banalisation homosexuelle que le besoin d’altérité n’est qu’une création culturelle tandis que celui de la bipolarité d’un couple pour assurer la continuation de l’espèce n’aurait aucun sens dès lors qu’il y a bien d’autres manières de féconder et de faire venir des enfants au monde ... ainsi que de les élever.

Et c’est à ces stades que les débats bloquent et que parfois les amalgames des uns et des autres se font. En réalité, de longue date certaines tranches de l’homosexualité ont trouvé leurs explications, leurs tolérances, mieux, leur accueil positif Le défaut d’accès à l’autre sexe, naissant traditionnellement du cantonnement ensemble de personnes du même sexe comme dans les lieux d’enseignement autrefois sans mixité et, parfois, comme au temps des légions, sous les armes, en a été un chef d’accueil tout à fait "classique" dans les faits comme dans les lettres. Les abus du sexe masculin sur le sexe féminin pouvant aller de pair avec les besoins de réconfort des femmes entre elles ou avec celui de se passer d’homme (ce qui conduit ensuite à la question des voies de la fécondation) en ont été un autre. Depuis les assauts de "la parité", la montée en puissance d’une part de femmes doublement armées (par leur féminité et par des discriminations positives) peut faire naître un désarroi masculin pouvant pousser des hommes à se préférer (avec parallèlement aux questions de la fécondation, les questions de la gestation) est certainement un troisième facteur de développement et d’intelligence de l’homosexualité masculine. De là à la banalisation de l’accueil dans la foulée d’un droit de Cité sans spécificité, il reste des abîmes.

Celui chez beaucoup qu’il y a deux "natures" irréductibles l’une à l’autre de la femme et de l’homme qui ne sont pas des faits sociaux, mais des faits génétiques avec l’avalanche des conséquences qui en résultent. Et, qu’ils aient tort ou raison, ce qui les en convainc tous les jours c’est leur propre libido, leurs élans ou leurs blocages. Sur ces bases, ils ne peuvent évidemment pas concevoir que le sexe masculin d’une part et le sexe féminin d’autre part soient regardés ressentis, vécus, traités de manière indifférente : toutes les égalités juridiques ne pourront à leurs yeux abolir la part structurelle et féconde d’irréductible (1) mais doivent simplement, ce qui est déjà bien difficile, chercher à obtenir que les différences ne soient pas transgressées, fossilisées, en inégalités.

De surcroît, la libéralisation des moeurs a ouvert tellement de variantes à celles-ci et de pluralismes sexuels, et tellement de lieux où on peut en avoir le spectacle (voire la jouissance) que toute libéralisation de plus, même légitime, inquiète plus fortement qu’il y a quelques décennies. Ils sont sans doute nombreux et ne relevant d’aucun sectarisme, tous ceux qui sont conscients du risque de voir glisser du couple homo ou hétéro offrant à chaque partenaire sa chance de bonheur, d’affection, de solidarité ou d’équilibre, en bref d’alliance, non seulement aux pratiques de toute nature que peut se choisir la liberté de chacun s’il ne met pas en cause l’intégrité des autres, mais aussi à des franchissements de frontières au delà desquelles il ne s’agit plus de la normalité de la diversité et des préférences, mais de transgressions. De bien difficiles transgressions à déceler peuvent tenir à l’âge d’un partenaire ou, dans notre univers de l’exploitation économique et de l’exploitation des détresses du monde et des misères psychiques de chacun, à la réalité de la liberté de l’autre souvent bien douteuse lorsque, comme le disait E. Mounier, "les âmes sont esclaves de l’esclavage des corps".

Ce qu’il faut naturellement plus prendre comme une image que comme l’appel à une formule spiritualiste qui serait bien désuète. Tout pouvoir dans la Cité, issu de la sublimation politique de la libido fondamentale (conquérir pour se reproduire) parmi tous les conflits qu’il arbitre de manière nécessairement imparfaite (sinon partiale, puisque par définition le pouvoir fait prévaloir ce qu’il pense être son intérêt de survie) est aussi confronté à celui des différences considérables et concurrentes entre les libidos des membres de la société qu’il gouverne ; différences de libido qui sont naturellement exaltées les unes et les autres par les stratégies des business qui en vivent. La conscience qu’il existe, de fait, même sans ministère "ad hoc", une politique des mœurs, à ne pas afficher peut-être, mais à piloter tant avec le principe de précaution qu’avec le principe de liberté, devrait bien être au coeur des exercices des pouvoirs

(1) Il faut rappeler que deux hommes ensemble, non fécondables, ne peuvent donner la vie ni la porter tandis que l’une et l’autre des femmes, d’un couple féminin sont fécondables et peuvent donc donner et porter la vie (on supposerait même que des gamètes féminines pourraient, moyennant certaines interventions sur le noyau, engendrer sans gamète masculine).

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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