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CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (Avril 2010)

dimanche 11 avril 2010
par  Jacques Franck
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Pâques

Conformément à l’usage, Monsieur Jésus ne manqua pas de ressusciter le dimanche de Pâques. Une si vieille habitude commençait à le fatiguer. La répétition des miracles et des rites émoussait un peu plus chaque année une foi qui, à vrai dire, n’avait jamais vraiment brillé d’une ferveur comparable à celle de ses adorateurs et apparatchiks. Les cloches, les oeufs, les poissons en chocolat ne l’émerveillaient plus. La pieuse agitation des prêtres, prélats et chanoines autour de ce miracle récurrent l’irritait. Surtout celle d’un des chanoines de Saint-Jean de Latran, dont l’arrogance, l’immodestie, l’autoritarisme, le mépris des pauvres allaient à l’encontre des principes pour lesquels lui, Jésus, avait milité dans sa vie active.

Mais une corvée lui pesait plus que tout. A peine sorti de son suaire, il devait faire une visite de politesse à Monsieur Benoît. Nous savons que ce vieillard au passé douteux exerçait le métier de pape, et qu’à ce titre il avait la haute main sur les affaires spirituelles des adeptes de Monsieur Jésus. Nous savons aussi qu’il en usait mal, et qu’il profitait de ce pouvoir pour se mêler de la vie intime de ses assujettis (et des autres) et édicter des préceptes et des interdits justement impopulaires chez les femmes et les hommes de son temps. Nous savons enfin que les deux hommes, le petit juif et le vieux teuton, ne s’aimaient guère.

" Ach !" dit Monsieur Benoît en avalant un petit coup de schnaps, "Te voilà de nouveau ! Tu viens encore répandre ta propagande rouge chez les naïfs et les exhorter à la désobéissance civique ! Ach ! Quand nous laisseras-tu faire régner la vraie religion, celle des seules valeurs qui comptent, l’obéissance, le mérite et la résignation des uns, la richesse des autres ?" " Putain !" rétorqua Monsieur Jésus, "C’est quoi, tes valeurs et celles de tes amis ? La misère, l’exploitation, la guerre, le chômage, les inégalités, la chasteté obligatoire – sauf pour les prêtres pédophiles – l’exaltation et la béatification des anciens nazis ? Et j’en passe ! Putain j’en ai marre, je démissionne ! Et Monsieur Jésus se défroqua.

Le chanoine en Afrique

Le Président-chanoine Nicolas, co-prince d’Andorre et bienfaiteur auto-proclamé de l’humanité, se réveilla illuminé par une idée grandiose (il ne pouvait pas en avoir d’autres).Il passa une main protectrice sur l’aimable croupe de Madame Carla et lui enjoignit d’appeler le Maître des Écuries royales."Ordonne-lui d’atteler fissa deux Airbus de fort calibre et deux Falcon 900. Je vais faire un petit tour chez ces bons nègres d’Afrique - Oui, mon poulet. Mais fais attention de ne pas attraper de mauvaises maladies !"

Arrivé à Libreville, il s’adressa à la population, c’est à dire à Monsieur le Président du Gabon : "Salut, Ali, fils de feu Omar. Ton père fut toujours l’ami dévoué de la France qui s’incarne en moi, et des flots de pétrole scellèrent cette amitié pendant les 42 années de son règne. C’est toi, Ali Bongo, qui reprends le flambeau, je devrais dire la torchère (il gloussa, satisfait de lui). Sans moi, il est évident que ton peuple ne t’aurait jamais porté à la magistrature suprême, au pouvoir… total (il gloussa derechef). Et à propos de Total, je sais que tu es, sinon assez intelligent, du moins suffisamment corrompu pour reconnaître, dans cette grande institution, la source du bonheur de ton pays et la satisfaction des actionnaires du mien !" Il pinça paternellement l’oreille du Président Ali, qui lui fit allégeance avec une ferveur apparemment désintéressée.

Accompagné par Monsieur Bernard, son vizir des Affaires Etrangères, et quelques dizaines de personnalités, journalistes, et thuriféraires, le chanoine s’envola pour Bamako. Le Président du Mali, Amadou Toumani Touré, venait justement d’obtenir la libération d’un otage français détenu par une bande de voyous intégristes. Le discours de Monsieur Nicolas fut, une fois de plus, magistral : "Artisan de cette libération, avec acessoirement l’aide de mon ami et petit collègue Touré, j’affirme avec force la détermination de la France. Jamais elle ne laissera un de ses citoyens enfermé où que ce soit dans le monde sans réagir souverainement. Je précise toutefois que ça ne s’applique pas à Salah Hamouri, franco-palestinien, qui restera dans sa prison israélienne. Et, mon cher Amadou, je ne terminerai pas cet hommage au Mali (et à moi) sans rappeler tout le bien que mon gouvernement répand sur ton pays. Par centaines et bientôt par milliers, des Maliens égarés en France sont ramenés dans leur mère patrie par les charters de mon vizir Monsieur Eric Besson. Bien sûr, ils ne sont pas très contents. Mais je compte sur toi pour leur inculquer le sens de l’identité nationale qui leur fait défaut !"

L’escadrille présidentielle fit route vers Kigali, au Rwanda. L’accueil fut différent. Le président Paul Kagamé ne comptait pas parmi les obligés de la France et ça se voyait. C’est dommage car le chanoine Nicolas se surpassa : "Cher Popaul, chers Huttus, chers Tutsis, chers génocidaires, chers génocidés ! Oui, je suis à vos côtés, je pleure avec vous les sept ou huit cents mille morts victimes du regrettable malentendu de 1994. Certes, la France aurait pu faire mieux, livrer à vos gouvernants d’alors plus de mitrailleuses, de canons, voire des chars et, pourquoi pas, des avions ! Une telle générosité vous aurait évité de faire usage de machettes et de coutelas, armes barbares et de faible rentabilité. Certes la France aurait pu sauver nombre d’entre vous, intervenir avec ses moyens pour mettre fin plus vite à ce malencontreux affrontement ! Mais quoi, mon cher Popaul, personne n’est parfait ! Il n’est pas trop tôt pour bien faire. Embrassons-nous et établissons entre nos deux grands pays des relations économiques fructueuses. Par exemple, vous nous vendez à prix d’ami votre uranium, et nous vous fournissons des centrales nucléaires de toute beauté. Mieux, tenez, les armes qui sont un élément primordial de votre culture, nous vous les procurerons ! Même les avions, oui, les avions, nous pourrons vous livrer des "Rafale" ! Asseyons-nous autour d’une table et concrétisons notre amitié séculaire !" Monsieur Paul était un ingrat. Il refusa la main tendue. Le chanoine, contrarié, regagna le foyer conjugal. "Alors, susurra Madame Carla, tu as fait un bon voyage, mon poulet ?"


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