QUAND HORTEFEUX SE FOUT DU MONDE
par
popularité : 1%
Dans les derniers jours du mois d’août, le ministre de l’intérieur donna un entretien au journal Le Monde. Ce genre d’entretien préparé bien à l’avance, sans questions de dernière minute. Bref, que du spontané. Les déclarations de Brice Hortefeux, le célèbre inventeur de blagues arverno-arabes ont depuis suscité bien des commentaires. Inutile donc d’en rajouter sur le fond du discours ultra sécuritaire tenu par le blagueur dans la foulée de celui de Grenoble de son patron-ami-de-trente-ans. Il est là dans son rôle, un rôle de bad boy, certes. Pourquoi affirmer alors que Brice Hortefeux se fout du monde (et pas seulement du journal) ? Parce que de bout en bout, Hortefeux nie des évidences. Sarkozy ne crée-t-il pas des clivages dans la société, demande poliment Le Monde ? Pas du tout, répond l’autre, il rassemble. La preuve ? Dans tous ses (nombreux) déplacements ministériels de l’été, il a rencontré la population, les vrais gens, comme il se dit. Et les vrais gens, eux, pas les intellos germanopratins (qui sont depuis longtemps remplacés par des boutiques de luxe), ni les « milliardaires de gauche ». L’outrance pourrait être risible venant d’un polémiste dénué d’humour, mais Hortefeux causait là en tant que ministre de la république, ou de ce qu’il en reste.
Cela dit, bonne nouvelle : nous autres, qui allons manifester avec des centaines de milliers d’autres le 4 septembre contre la furie xénophobe de la bande à Sarko, sommes milliardaires. Ne nous réjouissons pas trop vite, et craignons un démenti cinglant de nos banquiers. Mais creusons un peu ce qui se cache derrière ces « vrais gens ». Quels « vrais gens » rencontre un ministre lors d’un déplacement professionnel, calculé à la minute près, aller retour expéditif ? Ses fonctionnaires d’abord, bien obligés de faire bonne figure sous peine d’ennuis de carrière, quelques citoyens généralement triés sur le volet, la carte UMP étant le meilleur sésame, qui auront droit, au mieux, à trois mots du ministre et à en prononcer un, au milieu à une poignée de main, au pire à un geste de la main. Et Brice Hortefeux, dans ces circonstances, entendrait la vive satisfaction de la population rapport à la politique du patron ? Quant on vous disait qu’il se fout du monde…
Commentaires