CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (novembre 2010)
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Les gars de la Marine
Notre pays s’enorgueillit de construire de bien beaux bateaux. Il est justement fier de vendre ces instruments de paix à des états de liberté et de progrès. Enfin ce commerce est servi par des hommes dont la compétence n’a d’égale que l’honnêteté et le désintéressement. Ainsi, naguère, quand Monsieur Edouard était Premier ministre et Monsieur Nicolas (un futur chanoine) ministre du budget et directeur de campagne présidentielle du précédent, nous avons fièrement vendu au Pakistan, phare de la démocratie au Moyen-Orient, quelques jolis sous-marins, symboles de l’amitié entre les peuples. La France est une nation bien élevée, il était normal de dédommager les intermédiaires de la transaction par une juste commission (quelques dizaines de millions de futurs euros). Une politesse en appelant une autre, ces commerçants loyaux renvoyèrent un grand peu de la somme aux expéditeurs pour les remercier (la rétrocommision). Ce sont là mœurs courtoises. Ce que devint ce petit cadeau, on ne le sait pas. Sauf que l’on croit qu’après un passage au Luxembourg, dont le climat est bon pour les sous, il aurait atterri dans les caisses d’une campagne électorale. On ignore de qui. Rien de plus normal. Lorsque Monsieur Jacques (ce n’est pas moi) devint en 1995 président de la République, il voulut, avec l’aide de son secrétaire Monsieur Dominique, moraliser le commerce. Il mit fin au versement de la commission. Les bénéficiaires, frustrés, voulurent se venger de la France. Ils tuèrent quinze techniciens, dont onze Français, qui travaillaient sur les bateaux à Karachi. Quant aux bénéficiaires non frustrés de la rétrocommission, on ne sait pas, ou presque pas ce qu’ils sont devenus. On notera toutefois que Monsieur Edouard, un des plus prestigieux de ces gars.
Le chanoine, les godillots et la démocratie
Le chanoine Nicolas a été élu en mai 2007 président de la République par 53 % de ses paroissiens. Nul ne le conteste. Quelques jours après, à l’aide d’un système électoral uninominal majoritaire à deux tours, moins équitable qu’un scrutin proportionnel, les mêmes paroissiens, ne se déjugeant pas, envoient sièger à l’Assemblée plus de 60% de députés amis du chanoine. Ce qu’en d’autres temps on aurait appelé une "chambre introuvable". Ou plus récemment, au temps du grand général, une assemblée de godillots. Cette démocratie est épatante. Un froncement de sourcils du chanoine, il décide une loi, il appuie sur un bouton et 60% des députés la votent. Sans qu’il soit besoin de négocier avec les intéressés, ni même de parlementer avec les autres parlementaires. Au Sénat, c’est à peu près pareil.
Le chanoine et ses comparses, sur suggestion (ou ordre) du patronat, décident de faire travailler les gens jusqu’à 62 ou, plus souvent 67 ans. Protestations unanimes : grèves massives, manifestations dans tout le pays, unité syndicale, inquiétudes chez les jeunes, bouleversements de la vie économique. Le chanoine, fort de ses pouvoirs, ne lâche rien. Il appuie sur le bouton : les godillots votent comme un seul homme. La démocratie a parlé. Arrêtez grèves et manifs. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Eh bien non ! Le chanoine et ses godillots ne vont pas gagner. Les mouvements de mécontentement vont s’amplifier, sous diverses formes. La loi scélérate est passée, oui, mais on verra, en fin de compte, qui va gagner.
FIN DU MONDE OU DEBUT DE
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