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L’ECOLE, UN LIEU COMMUN

jeudi 2 juin 2011
par  Jacques Broda
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Nous devons définir une nouvelle essentialité à l’école, plus fort que le sens, l’essence au sens de ce qui anime l’école, au-delà d’un pacte républicain transgressé non-stop. Cette nouvelle essence, cette nouvelle mission est celle de la transmission de savoirs, de valeurs, dans un Lieu qui fait ‘foyer’. (1) Ce Lieu contient, élabore, transforme un projet co-construit avec la communauté éducative. Une école de l’hospitalité, celle qui accueille le pauvre, le démuni, l’étranger, l’autre qui est le même, le même qui est l’autre, autour d’un projet de vie collective. Celle qui rattrape ceux qui n’ont d’autres soutiens, celle qui transmet à ceux qui n’ont d’autres valeurs, celle qui accueille et légitime cultures et valeurs altéritaires, populaires. Son but l’émancipation par les savoirs, certes, la possibilité d’agir par les capacités, certes, le désir de créer un lien social pérenne au socle commun des biens d’héritage. Cette école essentielle, contre-carre, résiste aux effets destructeurs de la marchandisation de nos vies, des enfants-marchandises, en quête de ‘spiritualités’ et/ou d’Idéal.

Le savoir en tant que tel, ne produit pas l’Idée, ni l’Idée la bonté. Je suis pour une ressaisie morale de l’école, non par le haut -injonction culpabilisante- mais par le sol, la base, les sujets associés, dans une co-construction de la valeur, par la création et les apprentissages. Seule l’école est à même de conduire ce projet révolutionnaire par le dépassement qu’il oblige des normes, des structures, des visées, des moyens, et des postures de chaque-un. L’école doit être le Lieu où se réalise le ‘travail de la culture’, au sens de Freud.

La transmission est-elle possible dans la transgression ?

La violence et/ou l’anomie qui déferlent dans les établissements scolaires, nous interrogent au plus profond de notre mission : instruire, éduquer, transmettre. Nous sous-estimons les effets ravageurs et destructeurs en termes de personnalité, de l’école (Lieu Commun) en l’Ecole (Lieu Comme-Un, hors-la-loi). Dans cette mêlée, sans foi ni loi, les élèves les plus fragiles s’effondrent, soit en termes scolaires soit en termes identitaires, y compris les enseignants. D’autres résistent, mais peu sont à même d’impulser cette révolution pédagogique nécessaire à l’établissement d’un foyer d’actions, de créations, d’inventions, de subversions. La transformation ne peut venir du pouvoir, mais du savoir-faire le lien dans la lutte. Paradoxalement, la pédagogie institutionnelle doit s’emparer de la souffrance symbolisée comme ressort de la nomination et de l’action.

Ce fait est passé sous silence : ‘la lutte des classes se passe dans la classe’, chocs de valeurs, chocs de cultures, écrasement des cultures populaires, refoulement des valeurs solidaires, compétitions et exclusions exacerbées, la lutte des classes se passe dans la classe, entre élèves, et parfois entre élèves et enseignants, dans une confrontation éthique, pat-éthique, car il est des élèves qui ne trouvent pas le temps, le lieu, la reconnaissance, de la valeur-phare : la fraternité. Parfois sourde, parfois violente, cette lutte n’est jamais nommée pour ce qu’elle est, une lutte de classes dans la classe, qui n’est pas qu’un lieu d’apprentissage mais un lieu d’identification, contre-identification, reflet fidèle ou déformé des rapports sociaux.

Ici, Education et Education Populaire revisitées peuvent se croiser, se fertiliser ; offrir des espaces d’expression et d’organisation démocratique aux élèves, est urgent. Des conseils d’élèves, temps d’expression, d’élaboration et de régulation des conflictualités idéologiques et des projections désirantes. Nous aurions tort de penser : les enfants, les élèves n’ont pas d’idéologie, de pré-jugés, d’adhésions, de contre-valeurs, de désirs. La nouvelle essentialité de l’école, comme Lieu, en passe par la reconnaissance et la régulation de la lutte des classes dans la classe.

(1) J’entends Lieu, au sens de Mallarmé, là où cela advient, Lieu de condensation de l’espace et du temps, Lieu de l’histoire comme révélation de l’historicité, contenant symbolique du sujet-enfant-enseignant-collectif. J’entends par foyer, Heimat, au sens d’Ernst Bloch, le principe espérance, le foyer comme Lieu, où se rassemblent, se réchauffent, l’ensemble, et chaque-un, le foyer dit la permanence de la présence (du feu dans le Lieu). On pourrait dire un Lieu Commun, au sens inverse du sens courant, un Lieu où l’on construit du commun, forme communiste du partage (des savoirs) fraternel.


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