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REDONNER UN SENS AUX MOTS

mercredi 9 mai 2012
par  João Silveirinho
popularité : 92%

Si, en gracieux disciples de Gramsci, nous voulons combattre l’hégémonie culturelle que le libéralisme tente de nous imposer, peut-être conviendrait-il de commencer par quelques exercices sémantiques. Illustrons par quelques exemples, tout chauds. Un spécialiste américain des « marchés » (il faudra sans doute ultérieurement revenir sur ce mot) confiait à un journal du soir que, suite à l’élection de François Hollande, il serait bon que celui-ci dépêche un émissaire à Washington, car « ici, les investisseurs sont nerveux ». Investisseurs ? Il n’y a pas si longtemps, quatre ou cinq décennies, « investisseur » désignait une personne, physique ou morale, qui dégageait des moyens pour développer un projet, industriel, commercial, culturel même, social parfois. L’investisseur de cette quasi préhistoire, au train où vont les choses, s’inscrivait dans une perspective de long terme, ou au moins de moyen. Peu à peu, les professionnels des bourses, se sont emparés du terme, suivis moutonnièrement par la presse, pour désigner les personnes, physiques ou morales, se livrant essentiellement à des opérations spéculatives en bourse. L’objectif n’est plus alors de contribuer à financer un projet d’économie « réelle », comme on dit maintenant, mais de réaliser, si possible à court terme, les plus-values les plus élevées. Dans la quasi préhistoire que nous évoquions plus haut, ce genre d’acteur économique avait un nom : spéculateur. Il n’a pas bonne presse, certes, mais ce n’est pas une raison pour appeler un chat autrement qu’un chat. Nous distinguerons donc clairement, à l’avenir, l’investisseur (il y en a) du spéculateur. Et le « vrai » investisseur sera content comme tout et nous enverra des brassées de fleurs.

Autre pollution sémantique, copine comme cochonne à la précédente, apparue conjointement : la « création de valeur ». Le problème de mesure de la valeur est vieux comme l’économie politique : combien « vaut » un objet, un travail, un service ? Marxiens, libéraux, keynésiens se sont empaillés sur ce sujet. Empaillages préhistoriques pour les « théoriciens » (on l’est à bon compte dans les marais économiques). La seule valeur qui compte, c’est celle dont bénéficie l’actionnaire, devenue l’alpha et l’omega de toute l’économie dite de marché. Nous renommerons donc cette « valeur » là plus-value. C’est moins joli, mais les créateurs de valeurs réelles, bondiront de joie et nous couvriront de bises affectueuses. (à suivre ?)


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