Législatives : ça Manque d’Entrain, tout ça
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Quand nous écrivons que la campagne des législatives manque d’entrain, nous ne visons par les dévouements militants autour des candidats, d’autant plus admirables qu’ils se font généralement pour des prunes : en moyenne, quinze aspirant-e-s pour un élu. Mais c’est vrai aussi qu’il existe des prunes savoureuses, et qu’il est utile de semer pour récolter plus tard, quoique ça dépende de ce qu’on sème.
Non, quand nous évoquons le manque d’entrain, nous nous référons à la tiédeur de la population face à cette élection, et à ses enjeux. Comme si tout avait été réglé par l’élection présidentielle. Comme si le résultat était connu d’avance, le seul suspense résidant dans l’alternative entre une majorité relative de sièges pour le parti vainqueur de la présidentielle (PS et assimilés en l’occurrence), comme ce fut le cas en 1988, ou une majorité absolue pour le même, ce qui fut le cas pour toutes les autres élections législatives ayant suivi immédiatement l’élection présidentielles. Les sondages, comme toujours autoprédictifs, confortent ce suspense qui ne passionne pas les masses.
Il est bien connu, ou en tout cas ce devrait l’être, que la Gauche Cactus a toujours considéré que l’élection présidentielle telle que pratiquée en France est, compte tenu des pouvoirs très larges du président, une sorte de tumeur pour la démocratie. On dit les français attachés à cette élection au suffrage universel. Peut-être. Un relent de monarchie ? Possible. Une conséquence de la « culture des grands hommes » qui a si longtemps imprégné notre système éducatif ? Envisageable. Nous serions prêts à être conciliants sur cette affaire de suffrage universel. Après tout, un pays comme le Portugal élit son président ainsi. Mais le président de la république a principalement une autorité morale (que le suffrage a d’ailleurs le mérite de renforcer) mais n’a en aucun cas le pouvoir de conduire la politique du pays. Un tel système redonnerait du sens, et des enjeux plus clairs, à l’élection législative et à ses conséquences quant aux pouvoirs et aux responsabilités du Parlement. Les électeurs ne sont pas forcément stupides : ils ont probablement compris que les majorités parlementaires, hors cohabitation, sont constituées de godillots, quels que soient les talents individuels de ces pompes. Et la cohabitation, qui n’est pas un objectif en soi (et nous espérons bien, nonobstant ce qui précède, que la droite perde les élections législatives), est rendue sinon impossible du moins très peu probable depuis la réforme funeste Jospin/Chirac qui accole les deux élections nationales.
L’une des conséquences de notre bricolage institutionnel est que l’abstention lors du scrutin législatif risque d’être importante. A quoi bon voter si les résultats sont, presque, connus d’avance. Sauf peut-être dans quelques circonscriptions où la présence de stars politiques en position indécise (Mélenchon contre Le Pen dans le pas de Calais, Bayrou dans les Pyrénées Atlantiques…). Le résultat global, à quelques jours des élections, est que beaucoup de nos compatriotes s’intéressent assez peu à l’événement. Ajoutons que la défiance croissante envers la classe politique (car oui, il y a bien un phénomène de classe politique), qui paraît peu capable de répondre dans des délais appropriés aux nombreuses difficultés que rencontre une part croissante de la population, ne facilite guère la mobilisation. La passion, nauséeuse ou salutaire selon les leçons tirées par les uns ou les autres de son mandat calamiteux, engendrée par le candidat Sarkozy, s’est dissipée. Pour beaucoup, l’élection de nos parlementaires ne suscite au pire qu’une résignation plus ou moins tempérée, et au mieux un espoir plus ou moins évanescent.
Pourtant, il n’échappera à personne, à gauche, qu’il est nécessaire que la droite soit battue. Enthousiasme ou pas, il faut voter. A gauche bien sûr.
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