DEMOCRATIE D’OPINION
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Les événements récents* conduisent à s’interroger sur le système dans lequel on se trouve. La dénomination « démocratie d’opinion » est le plus souvent utilisée depuis quelque temps. Un élément revenait sans cesse lorsque j’entendais l’évocation de cette démocratie d’opinion : quelle différence y avait-il avec la « Société du spectacle » décrite en 1967 par Guy Debord qui cite en exergue du premier chapitre un extrait de la Préface à la deuxième édition de L’Essence du christianisme de L. Feuerbach : « Et sans doute notre temps... préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être... Ce qui est sacré pour lui, ce n’est que l’illusion, mais ce qui est profane, c’est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l’illusion croît, si bien que le comble de l’illusion est aussi pour lui le comble du sacré. » ?
Une « opinion » est une manière de penser, une attitude qui tient pour vrai une assertion, généralement en admettant une possibilité d’erreur. La recherche inlassable de la vérité (si tant est qu’elle existe), est d’expérience coûteuse en temps, en réflexion, en énergie elle n’a donc rien à voir avec le processus de formation d’une opinion, d’autant plus lorsque celle-ci implique un collectif, une société. « Démocratie » ! Est-ce nécessaire de définir cette notion puisque tous et chacun l’utilise à toute heure du jour et de la nuit ? Démocratie : (de dêmos : peuple), doctrine politique d’après laquelle la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens. Un peuple peut donc parfaitement se ranger à une opinion : du National-Socialisme au Néo-conservatisme, certains préceptes peuvent envahir tous les esprits même au détriment de la plus élémentaire des morales, même en sacrifiant ses propres intérêts de classe. L’utilisation revendiquée des « communicants » n’est que la mise en œuvre pratique du formatage selon ses désirs du peuple non plus pétri de convictions mais anesthésié par les spectacles offerts. Toutefois, si on associait quelque valeur morale à une telle « démocratie », il serait impossible de la trouver : l’Histoire enseigne qu’une manipulation judicieuse des images peut conduire n’importe quelle société aux plus atroces actes de barbarie.
Mesdames, Messieurs les politiques, vous vous croyez habiles en détruisant, en annihilant nos capacités d’analyse et de critique ! Mais vous n’êtes pas habiles, vous êtes pervers.
* A cet égard je m’interroge sur la nécessité de montrer sur deux grands écrans géants et durant deux heures des femmes, des hommes et des enfants en proie aux plus atroces souffrances. Personne ne doute des atrocités commises. Chacun s’interroge sur les responsables et surtout comment faire pour éviter ces atrocités. La mise en scène était-elle nécessaire ? Serait-elle plus efficace que la compréhension pour parvenir à ses fins ?
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