La solidarité

Monsieur Hollande est un ami des pactes (surtout avec le patronat). Il veut instituer un "pacte de responsabilité", aux termes duquel les chefs d’entreprises seraient exonérés d’une partie de leurs cotisations sociales. Les bénéficiaires, eux, ne tiennent pas du tout à en accepter des contreparties, même légères. Mieux, Monsieur Hollande, étrillé par des résultats électoraux peu favorables, parle de "pacte de solidarité" : les salariés, eux aussi, paieraient moins de cotisations sociales. Levée de boucliers chez le patronat et ses haut-parleurs de l’UMP. Monsieur Christian David, chef des députés de ce parti, tonne, s’indigne, vitupère. Concéder le moindre avantage aux salariés, ce serait un crime contre l’esprit et, pire, contre le Profit. En quelque sorte, solidarité = obscénité. Ainsi va la fameuse et authentique lutte des classes. Monsieur Hollande ne voudra certainement pas faire de chagrin au MEDEF et à Monsieur Christian. Il ne s’étonnera pas du rejet massif des électeurs. Les ingrats.

L’argent du peuple

Le 5 avril, Arte, dont on attend généralement mieux, nous a gratifiés d’une émission sur la fortune des tsars Cet inventaire détaillé des biens de Nicolas II et de la dernière famille impériale de Russie est instructif. Objets d’art, dont les fameux œufs de Fabergé, joyaux, or, pierres précieuses, d’une valeur globale correspondant à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Les auteurs de l’émission ne cachent pas leur admiration pour tant de belles choses, ni leur empathie, voire leur sympathie, pour leurs défunts propriétaires. Ils appellent à la rescousse quelques oligarques russes contemporains, qui savent ce que fortune veut dire. Ils évoquent la réhabilitation du tsar Nicolas par Boris Eltsine. Mais il n’est pas question de l’immense pauvreté des paysans et des ouvriers de ce pays avant 1917, ni des famines permanentes ; ni des répressions sanglantes. On ne parle pas de janvier 1905 ; quand le bon tsar fit tirer sur la foule, tuant des centaines d’habitants de Saint-Pétersbourg. La première guerre mondiale, toujours sous le saint patronage de Nicolas II tua près de deux millions de citoyens russes et plongea le pays dans une misère indescriptible. De telles richesses n’appartenaient pas à cette mafia de monarques prédateurs. Ils les ont volées aux peuples de leur pays. Comment s’étonner que ceux-ci aient réagi avec force en octobre 1917.

Budapest à Saint-Germain des Prés

Monsieur Victor Orban, chef de la Hongrie, n’est pas raciste pour un sou. Péché mignon, il n’aime pas les minorités, Juifs et Roms. Les Juifs, il n’en reste pas beaucoup, les nazis ayant fait le travail pendant la guerre. Quant aux Roms, ils font l’objet de mesures spécialement amicales : enfermement dans des ghettos parfois murés, privation de droits civiques, interdits professionnels, emplois obligatoires non ou pas rémunérés, persécutions de toutes sortes, pogroms, esclavage. Il semble que les Hongrois aiment ça, ils ont réélu confortablement Monsieur Orban, par ailleurs grand Européen, à la tête de leur pays. Ce Victor là fait des adeptes dans les beaux quartiers du sixième arrondissement de Paris. Cachez cette misère que je ne saurais voir. Avec la bénédiction active du maire UMP et sous prétexte d’épargner aux habitants la vue des SDF, un commissariat de police a sonné l’hallali et ouvert la chasse aux Roms. Si j’ai bien compris, on demande aux agents de la force publique de reconduire aux frontières du sixième des membres d’une "minorité ethnique". Pauvres de surcroît. Cette directive aussi grotesque et illégale qu’abjecte a été supprimée par le Ministère de l’Intérieur. Les Français ne permettront pas l’avènement d’un régime à la hongroise.