https://www.traditionrolex.com/18 LE FIASCO DIPLOMATIQUE EUROPEEN - La Gauche Cactus

LE FIASCO DIPLOMATIQUE EUROPEEN

vendredi 8 août 2014
par  Jean-Luc Gonneau
popularité : 1%

Le « rêve européen », un trop joli mot pour ce qui fut seulement un projet, a du plomb dans l’aile. Non seulement l’Europe peine à se sortir du marasme économique et à rebondir, comme on dit (chômage croissant, développement atone, mais inégalités fringantes et dividendes roboratifs) mais son poids moral et diplomatique en prend de sérieux coups. Dans le jeu géopolitique mondial, où se dessine le monde de demain, il n’est plus grand monde pour prendre l’Europe au sérieux. Incapable d’avoir une politique de défense coordonnée, divisée sur de nombreuses questions internationales, elle laisse les Etats-Unis, la Russie, et de plus en plus les puissances émergentes traiter, ou essayer de traiter les problèmes et conflits internationaux.

L’actualité nous en donne deux exemples frappants (l’adjectif est hélas approprié). Concernant le conflit ukrainien, l’Europe a joué les boutefeux en tentant une annexion économique de l’Ukraine dans sa zone d’influence. Raisonnement purement financier et pas du tout moral : ce serait encore un pays à main d’œuvre à bas prix, idéal pour délocaliser. Penser que la Russie laisserait faire relève de l’inconscience. La diplomatie n’est-elle pas fondée sur l’appréciation des rapports de force. ? Pas pour l’Union Européenne sur ce coup là. L’affaire n’a fait que renforcer l’adhésion de la population russe au nationalisme exacerbé de Vladimir Poutine. La population ukrainienne paye plein tarif les pots cassés. Les sanctions ? Tardives et cosmétiques : nous avons tant besoin du gaz russe. Et n’oublions pas que dans ces affaires gazières, d’importants ex dirigeants européens, dont un ancien chancelier allemand « social démocrate » se sont reconvertis, s’assurant ainsi des rentes confortables.

L’attaque de la bande de Gaza, partie de la Palestine rappelons-le, par Israël est un autre exemple de la duplicité européenne, François Hollande gagnant le pompon des dirigeants européens en limitant dans un premier temps son appréciation à « Israël a le droit de maintenir la sécurité de son territoire ». Y compris celui de tire dans tas ? Devant le carnage, le président français procéda a un prudent, très prudent, rétropédalage. Jusqu’à exiger le cessez-le-feu… le jour du cessez-le-feu. Encore un peu, et Hollande s’attribuait le mérite de la paix. Mais on galège, il n’est pas allé jusque là. Des sanctions (car il semble avéré que crimes de guerre il y eut) ? Non, non, pas de sanctions. Ni de la part de la France, ni de la part de l’Europe.

Autre terrain préoccupant : la Syrie et l’Irak. En Irak, l’occupation américaine a laissé en place un régime disqualifié, corrompu jusqu’à la moelle, incompétent comme on a rarement vu, qui est en train de se faire tailler en pièces par une bande d’illuminés islamistes, les mêmes qu’en Syrie, des gens qui feraient passer Bassar Al Assad ou Saddam Hussein pour des bienfaiteurs de l’humanité. L’Europe ? Discrétion absolue. Seule préoccupation : parmi les illuminés, il y a quelques centaines, ou milliers de citoyens européens qui pourraient faire des ravages s’ils revenaient. Préoccupation légitime, mais bien ponctuelle : on traite de la conséquence, pas de la cause. On sait pourtant que les illuminés du Proche Orient (et d’Afrique : Sahel, Nigéria, Erythrée…) sont généreusement aidés (des aides humanitaires, qu’ils disent, quand ils disent quelque chose, ce qui est rare) par les émirats pétroliers. Mais ceux-ci sont nos amis. Ou plutôt leur pétrole est notre ami. Donc motus. Et puis, sans eux et les oligarques russes, que deviendrait le football européen ? Avez-vous pensé à ça ? Plus de foot, et des tas de gens pourraient penser à autre chose et devenir plus critiques. Le foot comme nouvel opium du peuple ? C’est possible.

Reconnaissons toutefois, car nous sommes justes, que dans le pétrin irako-syro-libyo-afghan, on s’y perd, et il n’y a pas que les diplomates européens qui soient déboussolés. D’autant que l’immense gâchis dans la région est en grande partie le résultat des occidentaux va-t-guerre d’hier, les Etats-Unis de Bush, la Grande-Bretagne de Blair, la France de Sarkozy. L’Union Européenne dans tout ça ? Le silence. Un seul îlot paraît à ce jour prometteur en termes de sécurité, de viabilité, voire sinon de démocratie du moins épargné par les furias religieuses : le Kurdistan. Espérons que cela attirera l’attention de nos politiques. Tiens, à peine écrivions-nous ces lignes que François Hollande annonce qu’il est prêt à aider le Kurdistan : quelle influence on a, au Cactus ! Par contre, de Bruxelles, rien, comme (presque) toujours.


Commentaires

Brèves

1er avril 2018 - LA NOUVELLE BABYLONE : UN FILM RARE LE 5 AVRIL A PARIS (13e)

Nous sommes heureux de vous convier à une soirée ciné-débat organisée par les Amies et Amis de (...)

24 octobre 2013 - PENSEE DU MOIS

Le réformisme consiste à faire comme les autres, c’est à dire rien, mais par étapes. (...)

8 juin 2011 - UN GESTE (GENEREUX ET LUDIQUE) POUR LE CAP VERT

Le Cap Vert est l’un des pays les plus pauvres du monde. L’association Regarde (...)
https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18