LES NÉO-NÉGATIONNISTES
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Les forces politiques qui promeuvent, défendent, s’accommodent ou se résignent au libéralisme économique ont pris une gifle magistrale lors du référendum européen. Deux attitudes étaient possibles face à cette nette expression populaire : en tenir compte et adapter les politiques en conséquence, même de façon limitée, on n’attendait pas de miracles de Jacques Chirac et de l’UMP, ou bien s’en tamponner le coquillard. Chirac, de Villepin, Sarkozy et leurs amis ont choisi : la seconde voie, et ostensiblement. Là où nos concitoyens se prononçaient pour la défense du service public, on répond en privatisant les autoroutes (un scandale économique : même Bayrou en est tout retourné) et bientôt EDF et en braillant qu’il faut moins de fonctionnaires. Là où nos concitoyens demandaient en vaste plan pour l’emploi, on leur balance le début de la généralisation de la précarité avec le « contrat nouvelle embauche ». Là où ils se prononçaient pour davantage d’égalité, on leur tricote une réforme fiscale dont les principaux bénéficiaires seront les 20% de la population disposant des plus hauts revenus. Là où il fallait de l’intégration, on répond par des expulsions. C’est qu’il y a une urgence : faire comme si le 29 mai n’avait jamais existé. Gommer ce cuisant échec de la mémoire collective. La droite parlementaire n’est pas la seule à œuvrer dans ce sens. A Bruxelles, les commissaires européens remettent sur le métier la directive Bolkestein. On commence à évoquer un traité constitutionnel « allégé », mais qui garderait comme principe fondateur la concurrence libre et non faussée, qui a du bon selon François Hollande. La gauche sociolibérale continue aussi son pilonnage : diatribes venimeuses, haineuses parfois, contre les partisans du Non. La plupart des médias continuent de déverser leur fiel. L’un des plus virulents est Philippe Val, de Charlie Hebdo, qui, dans un éditorial au titre tout en finesse (Les crétins et les traîtres) choisit son camp : les traîtres (les sociolibéraux) plutôt que les crétins (en gros, la gauche du Non), taxés en gros de staliniens mal dégrossis. Nous qui lisions Charlie depuis le premier numéro, nous voilà bien tristes. Cavanna, Siné, Charb et les autres, bon courage ! Et la direction du PS n’est pas la dernière à vouloir oublier les résultats du référendum, un « accident », tout au plus.
Il est urgent, face à ce néonégationnisme, de réagir, chacun dans sa sphère d’influence et d’action militante, mais en s’efforçant de coordonner les efforts par une information la plus large et la plus rapide possible. Nous y contribuerons bien entendu.
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