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LA FIN D’UN MONDE, CERTES, MAIS VERS QUEL AUTRE ?

mercredi 8 octobre 2014
par  Jacques-Robert Simon
popularité : 91%

Nous n’affrontons pas une crise mais l’effondrement d’un système. Pour tenter de trouver une échappatoire, il est nécessaire de revenir sur des notions essentielles qui ont toujours guidé nos actions collectives. L’établissement de lois ou la construction d’une morale ont toujours été les moteurs de nos organisations sociales. Il s’agit donc de trouver ce qui peut être efficace de nos jours, indépendamment du leitmotiv prônant concurrence et enrichissement personnel qui, certes, ont toujours existé mais en tant qu’outil pas comme infrastructure. De fait, le goût du lucre n’a jamais contribué significativement à un quelconque progrès ni en Sciences, ni en Art, ni en Philosophie, ni en Architecture, ni en aucun autre domaine où l’acte créatif est primordial. Les émergences se sont faites dans toutes les strates sociales mais les créateurs étaient animés avant toute chose par leur passion. Laissons donc de côté les analyses du P.I.B, de la dette publique, des déficits, des attentes des marchés, toutes choses traitées abondamment par des experts bardés de références : ce ne sont que les conséquences les plus visibles d’un mal bien plus profond. Comment permettre l’émergence d’une société capable de créer une richesse et non pas des richesses. Lois et morale, les piliers réels de nos sociétés, peuvent-elles encore exister et sous quelle forme ?

La Loi ou la Morale ? La première peut-elle remplacer la seconde ? Les lois sont-elles la codification pratique de notions trop diffuses pour être concrètement applicables ? Loi et Morale ont-elles des natures essentiellement différentes ? Comment peuvent-elles permettre l’émergence de progrès.

La Loi est la même pour tous, sa vocation est donc d’unifier, de standardiser, d’homogénéiser. Son écriture provient d’un collectif issu généralement d’élections. La Morale tout au contraire est une construction personnelle qui repose le plus souvent lors de son acquisition sur l’exemple. Elle peut prendre des formes très diverses dans lesquelles les aspects culturels prennent toujours une part importante. Loi comme Morale confrontées au réel ont subi maints aménagements pour les faire apparaître avec ce qui semble être un besoin irrépressible de dominer. Les sociétés fortement réglementées sont régies par des critères de rentabilité qui semblent les éloigner des idéaux affichés, les « politiques » s’étant progressivement effacés derrière les « économistes » qui prennent soin de récompenser le risque pris par les investisseurs, de fait la classe dominante. La Morale n’ayant jamais été confrontée directement au pouvoir, elle n’eut pas ce désagrément mais encore faut-il qu’elle existe et baigne la collectivité. Pour le futur, quel monde souhaitons-nous : vers celui qui « vénère ce qui élève » ou celui pour qui la rentabilité est le facteur déterminant.

La « modernité » (ou du moins ce qu’on présente comme telle) a déjà choisi : ce qui élève est remplacé par ce qui est légal. Le processus démocratique tel qu’on le connaît de nos jours semble apte uniquement à fournir un cadre sociétal qui repose quasi-exclusivement sur le désir de jouissance exprimé dans un cadre électif ? La « Démocratie » implique, pour obtenir le « pouvoir », d’obtenir une majorité de suffrages. Idéalement, chacun devrait exposer rationnellement son point de vue et une votation pourrait déterminer l’option finalement choisie une fois les citoyens dûment éclairés. Ce n’est pas ainsi que le système fonctionne de nos jours. Le postulant au pouvoir fait en sorte de rassembler suffisamment de voix en tenant le discours qui convient au nombre le plus grand possible de « communautés ». Une multitude de professionnels de la communication l’aident dans cette tâche. Chaque « communauté », qui n’a plus rien de commun avec une classe sociale, raisonne en fonction de ses intérêts propres, immédiats et claniques. L’intérêt général n’apparaît même plus lors des discours : pour quelle valeur accepterait-on de sacrifier tout ou partie d’un mieux être de l’instant ? Il ne reste plus que les commémorations pour se souvenir que des générations entières ont accepté les pires souffrances pour préserver des valeurs. Le postulant à l ‘élection s’efforce donc de rassembler suffisamment de suffrages de groupes disparates et aux intérêts souvent contradictoires car non mû par un intérêt supérieur. Le système démocratique a fait place à une démocratie du spectacle. Les élus essaient ensuite de concilier des objectifs incompatibles car purement catégoriels sans notion transcendante. Leur sens « politique » est alors mis pleinement à contribution dans cet exercice. Une question peut alors se poser : ce processus peut-il dégager les dirigeants qui ont la hauteur de vue nécessaire dans l’exercice de leurs responsabilités ?

Cette démocratie du spectacle et leurs acteurs élus jouent cependant un rôle de plus en plus tenu. Les véritables pouvoirs lui échappent en effet : les gouvernements issus des urnes voient leur pouvoir se confiner aux aspects sociaux et sociétaux. Les dépenses publiques sociales représentent une part considérable des prélèvements obligatoires : les élus utilisent ces fonds pour panser les plaies les plus béantes du système dérégulé ou en passe de l’être dont les rênes ont été confiées au secteur privé. Les multinationales, comme leur nom l’indique, ne se préoccupent guère de la nationalité de leurs employés, ils utilisent pleinement les différences de législation sociale entre pays pour optimiser leurs investissements et leur rentabilité. Aux élus le « social », au privé le « libéral », d’où l’apparition du social-libéralisme. Mais la « privatisation » même des aspects sociaux est elle aussi inéluctable à terme, ce qui ne laisserait que la compassion aux responsables politiques pour agir.

Autre terme incontournable pour les « modernistes » : « Mondialisation ». La « mondialisation » n’a pas que des aspects économiques même si l’essentiel des analyses provient des cercles des économistes qui estiment quasi-unanimement que le seul système performant consiste à confier aux secteurs bancaires et financiers privés les investissements et en confinant le secteur public à un rôle social pour parer aux excès les plus criants de ce qui est nommé le libéralisme. La mondialisation est en fait beaucoup plus ambitieuse : il s’agit que chaque pays, chaque nation, se conforme fidèlement à un modèle politique très précis : des élections permettent de choisir entre des « bonnets blancs » et des « blancs bonnets » qui appliqueront une politique rendue incontournable par les échanges financiers transnationaux. Les « révolutions » arabes ou les guerres d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan et de tant d’autres pays n’ont pas d’autre but que d’installer ce système quel que soit le coût en horreurs et en barbarie que cela coûte.

Et si ce système était incompatible avec une quelconque morale ?

« Morale », l’emploi même de ce mot est devenu l’objet de quolibets, pourtant se conformer à la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » nécessite l’intériorisation d’une morale qui n’est pas moins contraignante que les principes chrétiens ou communistes et qui sont pour l’essentiel identiques si on les débarrasse des « mystères » : il s’agit de vivre ensemble en respectant les autres, tous les autres. La plupart de ceux qui animaient ces mouvements recherchait avec recueillement « ce qui élève », l’essence même d’une morale. Des subsides, des subventions, des allocations sont versés afin que l’appétit de consommation soit satisfait au moindre coût, avec des produits fabriqués dans des pays suffisamment pauvres pour que les ouvriers impliqués restent proches du servage. Ces achats de produits importés conduit à terme à la dissolution du tissu social national qui sert pourtant aux diverses élections. Ces produits importés sont très généralement de très médiocre qualité et ne peuvent en aucun cas être réparés ou recyclés. Aussi bien qualitativement que quantitativement, les objectifs des pays occidentaux n’ont rien de commun et sont même antagonistes avec ceux des pays dits émergents : ces derniers veulent satisfaire une soif bien compréhensible de consommation que nous voulons (ou devrions vouloir) canaliser et aller vers sobriété et qualité. Les sociétés multinationales grâce à la « mondialisation » peuvent optimiser au mieux les conditions de production, ce qui revient de fait à mettre en pièce le système de protection sociale acquis chez des uns, sans en engendrer là où il n’existe pas. Une classe dirigeante transnationale déconnectée de toute espèce de tutelle réglementaire peut alors s’ébattre. La venue quasi-incontrôlable de migrants permet également de faire taire toute conscience de classe au profit de comportements claniques au sein d’une Nation donnée. Ainsi le dépeçage des protections sociales s’opère aussi bien au sein des Nations qu’entre elles. Mais alors à quoi bon voter pour l’un ou l’autre alors que les décisions se prennent ailleurs.

Le premier devoir d’un dirigeant n’est pas d‘écrire des lois, c’est de mettre en avant un objectif qui permet d’allier les forces et les talents, qui permet d’offrir un futur crédible, c’est de proposer une notion qui transcende les intérêts particuliers. Il est plus judicieux de mettre en œuvre des mesures qui permettent de favoriser le mieux-être que d’aiguiser des appétits satisfaits par les « fast foods » qui ne concernent pas seulement un type d’alimentation proche du déchet, mais qui inonde également les chaînes d’information continue, les séries télévisées, des chanteurs qui scandent des débilités et tant d’autres choses. Ne peut-on pas « rêver » d’un monde où le meilleur de chaque culture soit non seulement préservée mais accessible au plus grand nombre. Il est évident qu’il faut plus de temps et de talent pour produire des biens de qualité : mais l’idéal d’un travailleur, ce n’est pas de produire beaucoup, cette problématique du toujours plus quelle que soit la nature du bien produit concerne uniquement ceux à qui cela profite, c’est à dire à ceux qui ne participent pas au processus productif et qui ne consomment pas ce qu’ils font produire à leurs obligés.

Osons muter vers un monde où environnement et écologie seront au centre de toutes les préoccupations : c’est la seule valeur transcendante qui pourra prendre le relais des anciennes. C’est le cœur de l’indispensable utopie rationnelle et raisonnable qui a toujours servi de ressort aux sociétés. L’Ecologie est avant tout une morale et elle est à même de réunir ceux qui peuvent la promouvoir indépendamment de toute idéologie.


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