A KOBANE, C’EST DUR, A PARIS, C’EST NUL
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La guerre, puisque c’est bien cela, contre Daech, puisqu’il ne convient pas, à raison dans les temps présents, se cristallise sur la ville syro-kurde de Kobané, à quelques encablures de la Turquie. A l’heure où nous écrivons, la situation des défenseurs kurdes de la ville paraît quasi désespérée, les frappes de la « grande coalition » (en fait, les Etats-Unis plus une quarantaine de pays qui, dans cette affaire, représentent peanuts en force de frappe, France incluse mais on n’est pas les pires) sont étonnamment inefficaces autour de la ville, la Turquie gagne le pompon au jeu de plus hypocrite que moi tu meurs, réclamant haut et fort une intervention armée terrestre mais ne bougeant pas un soldat alors que l’armée turque peut à peu près observer le spectacle à vue d’œil tant la frontière est proche. La gauche française, en pleine crise, nous y reviendrons dans un prochain numéro, est sur le coup partagée : fallait-il y aller, pas y aller ? Et le débat continue alors qu’on y est, fut-ce modestement. Est-une erreur ? Peut-être que oui, peut-être que non. En tout cas, se casser maintenant, fut-ce en loucedé, serait un formidable encouragement pour Daech. Nous entendons bien les discours qui posent, à raison, l’immense responsabilité des Etats-Unis des années Bush (et même avant) et de leurs alliés régionaux les plus proches, Arabie Saoudite et Qatar, dans le développement du terrorisme islamiste, et selon lesquels les fauteurs initiaux n’ont qu’à se dépatouiller de la situation. Nous entendons moins bien les discours qui dénoncent la duplicité des occidentaux, qui dénoncent les décapitations d’otages, surtout s’ils s’agit d’occidentaux et se taisent devant les décapitation et autres lapidations pratiquées à longueur d’année par les « justices » des monarchies amies. Ca bien sur la duplicité est évidente, mais le risque ‘un tel discours, c’est qu’au nom de la tolérance gênée des gouvernements occidentaux face à la barbarie institutionnelle saoudienne ou qatarie, entre autres, il soit estimé qu’on ne doit pas, étrange balance faire une affaire des décapitations et autres horreurs commises par Daech et ses satellites.
Malgré ces discours, il nous apparaît qu’une intervention armée était nécessaire, les exactions de Daech étant patentes, et demandée par le gouvernement irakien. Il est toujours loisibles de goberger un tel gouvernement, de le soupçonner d’être manipulé par telle ou telle puissance, par tel ou tel intérêt économique (n’oublions pas qu’il y a, entre autres choses, un paquet de pétrole dans le coin, et que Daech en vend. A qui ? On nous fera difficilement croire qu’il s’agit seulement d’un petit trafic local artisanal, même si c’est aussi cela). A cette aune, quel gouvernement pourrait aujourd’hui prétendre à une totale autonomie par rapport aux autres états et aux puissances financières ? La France ? Justement, on y arrive.
Vous avez entendu le premier Ministre à Londres, causant en anglais (not good, ça) au gotha affairiste de la City ? La France est business friendly, dit-il. Business, pas production. Car dit production dit workers. Et la France n’est pas franchement workers friendly. Après les seuils sociaux pour la représentation des salariés menacés d’être rabotés, voilà les indemnisations des chômeurs visées par le gouvernement. Continuons comme ça et nous n’aurons plus rien à craindre d’un retour de Sarkozy, qui ne pourra pas faire beaucoup mieux comme politique de droite. Pendant ce temps, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale met au piquet les députés « frondeurs », le dir’cab’ du préfet de police de Marseille insulte les représentants d’une association kurde (il aura droit à quoi ? une enquête bidon étouffée ? un blâme ? un avertissement ? une mutation aux Antilles, où il y a bien moins de kurdes qu’à Marseille, mais davantage de blacks, attention ?), le nouveau ministre de l’Economie pointe l’illettrisme de salariées menacées de chômage… N’en jetez plus, la cour déborde. Et pendant ce temps, la gauche restée, plus ou moins selon les cas, à gauche est morcelée comme jamais, chacun tenant à sa boutique ou à sa sous-boutique, ceci à grand renfort de discours sur la défense de l’intérêt général. Mieux vaudrait en rire qu’en pleurer, mais c’est dur.
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