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CULTURE DE L’ECHEC ET/OU ECHEC DE LA CULTURE ?

Par Marc Lacreuse
vendredi 22 juin 2007
par  Marc Lacreuse
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Question inconvenante : le geste qui consiste, pour le gouvernement Sarkozy, à « sauver » un ministère de la culture (et de la communication), est-il un geste de droite , est-il un geste de gauche ? et, maintenant : un geste du centre ? Doit-on y voir une concession tactique à une mobilisation syndicale toujours menaçante , ou bien la péripétie nouvelle d’un jeu de dupes témoignant du caractère inoffensif, pour l’ordre libéral, de ce qu’est devenu ce ministère au fil du temps ?

L’absence de tout débat sérieux à ce sujet lors de la campagne présidentielle aurait du nous mettre la puce à l’oreille : en dehors de quelques phrases fortes de Marie-George Buffet, mais trop rares et plaquées, lors de certains de ses meetings, il est devenu évident qu’art et culture n’avaient plus besoin d’être évoqués ou agités comme enjeux de société et de transformation sociale , pour la bonne et simple raison que, depuis longtemps, tout un pan de leurs émergences n’avait plus rien à dire à ce sujet, en dehors de sauvegardes d’acquis professionnels et de prés carrés institutionnels.

Les quelques signatures et cris jetés à la hâte anticipant sur le danger supposé et annoncé d’une disparition du ministère de la culture m’ont laissé très perplexe : en quoi aurait-il été a priori infamant pour la culture et l’art d’être associés à d’autres responsabilités publiques nationales, celle d’éducation nationale par exemple ? Ce qui est fait en Belgique de cet ordre est plutôt fructueux (nos amis belges ne vont-ils pas jusqu’à associer dans un même ministère éducation, culture, éducation populaire et mouvement associatif, diversité linguistique, aide à la jeunesse ? les incongrus !) ; ne vaudrait-il pas le coup un jour d’en débattre vraiment et , si possible , avec les principaux intéressés : les citoyens ?

Que voulaient défendre au juste ceux qui anticipaient ainsi sur ce qu’ils jugeaient intolérable, régressif et dangereux, alors même qu’ils ont assisté jadis sans mot dire à la constitution « républicaine » du mauvais amalgame ministériel réunissant jeunesse, sports et éducation populaire, puis au lent enfouissement de cette dernière dans la périphérie et la marge de la responsabilité publique nationale ?

Ne peut-on émettre l’hypothèse , forcément polémique , qu’il y avait là l’expression d’une sorte de corporatisme confortable se satisfaisant de voir ainsi extradé du Ministère de la culture , (de la « vraie » culture ?), les questions jugées incongrues et pleines d’altérités dont est encore porteuse l’éducation populaire, telles que la relation entre culture et monde du travail, culture et peuple, travail de transformation sociale de la culture, dépassement de la démocratie délégataire et pratiques de démocratie culturelle, place des pratiques amateur, citoyenneté des publics et plus encore des « non-publics », émergences associatives militantes, etc.

La nécessaire brièveté de mes propos ici ne peut que rendre ceux-ci caricaturaux. Mais j’appelle de mes vœux que partout où ils seront acceptés (je veux parler des divers acteurs et collectifs de la gauche alternative) l’hypothèse de l’existence d’un lien dialectique entre ce qu’il faut bien appeler une culture de l’échec (politique) pour la gauche et l’échec du travail de la culture soit non seulement posée comme telle, mais aussi travaillée, débattue en dehors de tout a priori et postures corporatistes.

Je décèle pour ma part dans la dépolitisation savamment construite, depuis plusieurs décennies, de la question artistique et culturelle, et dont le ministère afférent constitue l’outil zélé, avec parfois des convergences inattendues, un moteur actif de cette marche forcée à la quelle nous assistons, vers cette « société du spectacle » sans plus d’alternative imaginable, et vis à vis de laquelle Guy Debord nous avait pourtant mis en garde en son temps, sans que nous voulions réellement l’entendre. Je crois qu’une gauche qui se veut réellement alternative ne pourra plus longtemps différer ce rendez-vous et cette confrontation, avec elle-même tout d’abord, avec la société contemporaine, et le « tout-monde » cher à Glissant.


Commentaires

Logo de Emmanuelle Somer, musicienne
mardi 10 juillet 2007 à 14h17 - par  Emmanuelle Somer, musicienne

En effet un concert de jazz devient un show de stars, tout monument classé devient un supermarché d’un héritage culturel dont seuls les mots subsistent et pour vendre réceptions et mariages, le tourisme se résume à la vente de coca-cola dans un cadre à musique techno ou pop, ... et même les concerts classiques sentent l’aseptisé à plein nez. L’expression devient tabou et aussi riche en diversité et en parfums qu’une rangée de yaourth dans un supermarché... et il est tellement plus facile d’apprécier un cd ou dvd at home que dans les courants d’air d’une église dont l’acoustique et le confort laissent à désirer. Que dis-je, un extrait téléchargeable dont on ne connaîtra rien ni de l’origine ni des hommes ni du travail requis afin d’être réalisé pour le plaisir blasé des oreilles du citoyen moyen et inculte...

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