Lettre ouverte à Madame Simone Veil
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Madame,
Je m’adresse à vous au nom de l’admiration que m’a toujours inspirée votre courageuse reconstruction après les épreuves que vous avez subies dans votre jeunesse et au nom de l’estime que j’ai eue pour votre combat en faveur du droit des femmes.
Je ne suis pas de votre bord politique mais votre honnêteté ne me paraissait pas pouvoir être mise en doute. Sans appartenir à un parti politique, je mets à la base de mes engagements de citoyenne les valeurs de démocratie, de justice, de paix, de solidarité envers les plus démunis, de respect des droits humains, de protection de l’enfance. Valeurs que nous pouvions avoir en commun, me semblait-il.
C’est pourquoi, lorsque j’ai appris votre soutien à M. Sarkozy, j’ai d’abord été incrédule puis effondrée. Non ! Pas elle ?!
Qu’est-ce qui a pu vous pousser à prendre cette décision alors que les valeurs citées plus haut sont bafouées depuis des années par les paroles et les actes de M.Sarkozy ? Non, ce n’est pas le diaboliser que de rappeler des faits comme les arrestations musclées, au petit matin, de familles étrangères avec jeunes enfants paniqués. J’avais imaginé que votre vécu vous aurait, au contraire, incitée à rejoindre le Réseau Education Sans Frontières.
Qu’est-ce qui a pu vous pousser à prendre cette décision alors que vos connaissances historiques vous permettent d’analyser les mécanismes de manipulation des foules, de contrôle des médias et de prise du pouvoir utilisés par les dictateurs européens de votre jeunesse ? Ne voyez-vous pas que, dans un contexte certes différent, le même genre de monstre gangrène notre société ? Non, je n’exagère pas : chaque jour M. Sarkozy est monté d’un cran dans le populisme, les tentatives de division, la désignation de boucs émissaires, l’utilisation des moyens de l’Etat à son profit personnel ...
Qu’est-ce qui a pu vous pousser à prendre cette décision alors que les flatteries publiques de M.Sarkozy envers votre personne sont contredites par ses dérapages privés ? J’en suis humiliée pour vous. Je n’imagine pas que vous acceptiez d’être son otage en restant silencieuse face à sa vision de l’identité nationale, de l’immigration, des travailleurs précaires, face à ses choix économiques favorisant de façon éhontée les nantis.
Je n’ose croire que votre entourage filtre les informations parvenant jusqu’à vous, vous empêchant d’exercer votre lucidité. Je n’imagine pas, non plus, qu’un quelconque intérêt personnel puisse vous guider. Vous ne pouvez être dupe du bien récent changement de ton et de vocabulaire du candidat, changement peu crédible au regard des faits passés et du programme annoncé.
Alors, je vous conjure de retrouver le courage de votre jeunesse et de parler haut et fort pour dire que les valeurs qui vous animent vous interdisent d’accepter la société orwellienne que veut nous imposer M.Sarkozy. Ceux qui ont tenté de nous alerter en 1933 n’ont pas été entendus à temps. Votre parole serait d’un grand poids pour nous éviter la même si lourde erreur.
J’espère, Madame, que vous entendrez l’appel d’une simple citoyenne.
Annie CARTON 06 le 26 avril 2007
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