Tel un pingouin en ces temps de réchauffement climatique, je me fais rare sur la banquise. Mon activité déambulatoire et meetingesque (métinguesque en loi Toubon ?) s’est beaucoup ralentie mais j’ai quand même réussi à assiter à deux réunions électorales pour ces régionales, en la bonne ville de Villejuif (Val-de-Marne, soit dit en passant pour les Parisiens), et m’en voudrais de ne vous les faire partager. La première est celle d’Europe Ecologie. Une petite trentaine de personnes dans la salle, dont 25 ou 26 candidats de la liste, et un apiculteur biologique. Du beau monde : l’historique Alain Lipietz, que l’on ne présente plus ; Caroline Mécary, présidente de la fondation Copernic ; Jacques Perreux, vice-président du Conseil Général du Val-de-Marne, fraîchement verdi après une vie de communisme. La soirée commence ciné : film sur le miracle écologique de Güssing, commune autrichienne de 1000 et quelques habitants qui était sinistrée au début des années 80 mais a remonté la pente en misant sur les activités durables et relocalisées, au pont d’avoir créé des centaines d’emplois et augmenté sa population. D’un bout à l’autre du film les images montrent des tracteurs, bulldozers et autres cars rugissant, pétaradant et crachant leur Co2. Nous apprenons aussi que la champêtre commune a diminué de 2/3 ses émissions de gaz à effet de serre entre 1985 et 2005. Nulle précision sur le moyen dont cette donnée était mesurée en 1985 à Güssing. La soirée se poursuit déba t : Lipietz explique que le capitalisme depuis la révolution industrielle cherche à économiser le travail humain au bénéfice de la nature, gratuite et inépuisable. Il importe aujourd’hui de changer cette logique et d’ "augmenter la dépense humaine" pour la création de richesse. Travailler plus, voilà un programme alléchant, et très cohérent quand la tête de liste de son parti dans les Hauts-de-Seine est Pierre Larrouturou, inlassable chantre de la semaine de quatre jours ! Et surtout à aucun moment de la soirée, même dans la bouche de Jacques Perreux, n’est évoqué le progrès scientifique, qui est justement la solution pour travailler moins tout en produisant autant et proprement. Même si l’on ne peut soupçonner les Verts de velléités de régression sociale, ce manque de précisions et ces oublis ne peuvent manquer de laisser perplexe.

Quelques jours plus tard, c’est le Front de Gauche qui a l’honneur de ma présence attentive. Sur l’estrade, les deux candidats villejuifois (deux trentenaires, un garçon, une fille, une communiste, un partisan), madame le maire de la ville et le président du Conseil Général du Val-de-Marne, tête de liste FG dans le département, Christian Favier. Un peu de ciné aussi ce soir, avec un portait sur écran géant de chaque candidat val-de-marnais. Les arts n’en restent pas au 7ème, avec rap et salsa au programme. En fin de soirée on attaque, après avoir frôlé l’oubli, les propositions pour la région. Christian Favier souhaite s’inspirer de ce qu’il fait dans son département, où il va pour les villes qui ne respectent pas la loi SRU diminuer les aides aux crèches. Faire de la petite enfance une monnaie d’échange pour le logement social, il fallait y penser. Ensuite le leader nous explique pourquoi il faut voter pour le Front de Gauche, notamment s’il n’y avait qu’une seule raison, parce qu’il ferait une zone unique tarifaire pour les transports franciliens. La singularité de cette proposition est si distinctive du FG qu’elle n’est envisagée que par lui, Lutte Ouvrière, le NPA, Europe Ecologie, l’Alliance Ecologiste Indépendante, Debout la République et le Modem ! Ceci pour convaincre ceux qui en douteraient qu’il est toujours intéressant de fréquenter les tréteaux et les préaux en période de campagne, même si l’on en retire souvent une inattendue perplexité...