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LAICITE ET SPIRITUALITE

Par Michel Portal
mardi 1er mars 2005
par  Michel Portal
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LAICITE ET SPIRITUALITE

Par Michel Portal

L’erreur numéro un des laïcistes et de beaucoup d’entre nous, est certainement d’entendre "prosélytisme" quand ils voient le mot "spiritualité". Nous arrêtons de réfléchir, sans doute à cause de souffrances héritées des siècles de domination confessionnelle dans notre pays. A l’intention des nombreux athées, agnostiques, penseurs libres et croyants libres, je peux dire : zéro est un nombre particulier, mais c’est un nombre. De la même façon, le "refus de toute spiritualité" est encore une spiritualité et "se foutre de la spiritualité" est encore une position spirituelle. Croyances comme incroyances ont en commun d’être non démontrées. Les unes ne sont pas plus scientifiques et rationnelles que les autres. Les discours, ici et ailleurs, opposent fréquemment le matériel et le spirituel. Opposition souvent redoublée par incroyance (matérialisme) et croyance (spiritualité). Qu’en est-il ?

Spirituel/matériel, une mauvaise coupe

La physique moderne ne voit plus guère de frontière entre le matériel et le spirituel. Il est possible de voir ce qui est comme tout spirituel, ou comme tout matériel. C’est seulement une question de point de vue. La matière la plus solide s¹évanouit en particules infra-atomiques. Les idées les plus éthérées ont des traces chimiques pesantes. Le discernement utile ne fonctionne pas entre "matière" et "esprit". L’histoire le confirme cruellement. Pour faire court : entre le goulag (matérialiste) et les guerres de religion (spirituelles), on ne voit pas bien où serait le progrès. "Spirituel" vous choque pour des guerres ? Tant pis pour vous ! Nous eussions pu parler de matérialité au lieu de matérialisme, ça aurait été plus gentil pour les matérialistes. J’aurais pu écrire matérialité et spiritualisme pour être méchant avec d’autres ou matérialité et spiritualité par souci d’équilibre.

A la recherche d’une bonne coupe

Dans ce qui est, on observe du déterminé et de l’indéterminé. Du déterminé et de l’indéterminé en proportions variables suivant qu’il s’agit de choses, de plantes, d’animaux ou de personnes. Variables mais réelles. Un objet qui tombe n’a pas grande liberté et les lois physiques de la mécanique restent précises. Le déterminé se déroule, pour nous, hors de toute portée. Ce sont les contraintes et obstacles de tous ordres que vous connaissez bien : il faut « faire avec ». L’indétermination, elle, signifie alternative, plusieurs routes possibles, option, choix, variété. C¹est probablement cette caractéristique naturelle qui a permis l¹étonnante diversité des matières et des espèces végétales et animales dans la nature. Chez l’humain, l’indéterminé se double de conscience. Liée à la conscience de soi et d¹autrui, l’indétermination engendre des possibilités de choix même dans les situations les plus contraintes. On peut toujours rêver. Dans notre espèce, l’indéterminé s’appelle choix, pouvoirs ou libertés. Je peux chercher à faire le mieux possible dans la situation où je suis, ou bien laisser-aller. Le résultat ne sera pas le même. Action après action je trace mon chemin personnel. Comment choisir au mieux ? Une éthique apparaît, non comme un idéalisme ou un moralisme, mais comme une pratique, un exercice, un entraînement de chaque instant. Plutôt donc qu’un immense Bien et un Mal diabolique, du mieux ou du moins bien possibles pour chacun et pour chacun de nos groupes, quels qu’ils soient. Avec, bien sûr, joies et souffrances, des efforts et le sentiment heureux de s’accomplir en traçant son sillon, une responsabilité avec chaque liberté. L’éthique est comme nous le répétons dans notre association pour une éducation à la responsabilité. L’éthique n¹est pas dans toute la nature puisqu’il faut la conscience. Mais on peut observer partout une intelligence et une tendance spontanée au beau, à l¹esthétique. Tendance liée à l¹efficacité véritable. Regardez une feuille d’arbre, l’eau ou l’air qui modèlent le sable, etc... Tout ceci fait penser à un Divin que les religions, trop humaines ou inhumaines, n’arrivent pas à encadrer. Tant mieux. Que faisons-nous des choix que nous laissent tous les conditionnements qui nous enserrent ? Mes choix sont mes pouvoirs. Je n’ai pas à attendre que l’autre commence ma responsabilité existe là, maintenant, tout de suite. Vos avis nous intéressent

NDLR : Nous aimons bien Michel Portal, et son association, AéRé, développe une réflexion honnête sur le sujet difficile de la spiritualité. Nous n’utilisons pas, quant à nous, la notion de croyance dans notre outillage conceptuel. Nous respectons celles des autres, en laïques, à la condition qu’ils respectent la loi commune et évitent le prosélytisme, en laïcistes, comme dit Michel Portal. Nous reconnaissons bien volontiers que beaucoup de nos concitoyens ont des croyances, que celles-ci peuvent même aider, dans certains cas, à supporter l’humaine condition et ses cortèges de détresse : du mécréant à l’agonie qui en appelle à dieu au pari pascalien, les exemples abondent. Cela ne peut demeurer qu’un choix individuel. Nous ne demandons pas à chacun(e), à la Banquise ou à La Gauche !, un brevet de mécréance, mais nous demandons par contre à chacun(e) de ne pas nous les briser menu avec ses éventuels ébats divins. Les exemples choisis par Michel Portal nous paraissent en bien des cas fort peu pertinents. L’appel au secours de la physique moderne est hors de propos : la particule infra-atomique demeure de la matière, et il ne viendrait à l’esprit d’aucun physicien de qualifier l’anti-matière de « spirituelle ». Le recours à l’histoire n’est pas plus convaincant : les guerres dites de religion, comme le goulag, sont des faits hélas bien matériels, instruments de domination ou de conquête de pouvoirs on peut plus temporel. Dans un cas comme dans l’autre, on instrumentalise ici des croyances, là une pensée (c’est pas pareil) pour régler des comptes dans la violence. Quant à la mathématique, zéro est certes un nombre, mais qui n’a rien de spirituel. Non, Michel, le refus de spiritualité n’est pas une spiritualité : c’est une position par rapport à la spiritualité. L’incroyance n’est pas une spiritualité parmi d’autres, elle est un choix : nous essayons, probablement imparfaitement, de penser, mais refusons, là ou nous sommes, sur l’espace public, de croire. Chez lui, chacun fait ce qu’il veut. Nous n’avons pas l’impression que les « banquisards » consacrent beaucoup de temps aux dévotions, mais nous n’allons pas fouiller dans les alcôves de leurs consciences. Que la vision d’un feuillage évoque le divin pour Michel Portal, grand bien lui fasse, mais cette association d’idée, qui lui est propre, n’a rien d’un automatisme. Peut-être y a-t-il une « tendance spontanée au beau », comme dit Michel Portal. Nous avons la faiblesse de penser (pas de croire) que l’éducation la favorise tout de même plus qu’un peu. Qui plus est, chacun(e) a sa conception du « beau ». Comme du bon, d’ailleurs : je n’ai jamais songé à louer tel seigneur pour mon goût immodéré pour les moules marinières. Pour la rédaction : Sylvain Ethiré


Commentaires

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lundi 6 juin 2005 à 01h12 - par  R.LILIN

Construire des ponts entre les groupes

Merci à la rédaction d’avoir mis une petite explication de texte, car en essayant de suivre l’exposé, lorsqu’il est passé de "meandreux" à pseudoscientifique (appel à l’aide de termes scientifiques mais pas de leur contenu), j’ai hésité un quart de seconde entre fermer purement et simplement la fenêtre de ce site et répondre avec la crainte de perdre mon temps. Un dernier remord m’a fait descendre sans poursuivre la lecture, jusqu’aux dernières lignes, jeter un oeil sur l’aboutissement de ces contorsions, et le style semblait y avoir changé. En remontant lentement, la fracture m’est apparue : c’était bien un autre, en l’occurrence les rédacteurs du site, qui prenaient position. Ouf, je pouvais garder un favoris (sur les pages politiques).
Alors tous mes encouragement à vous dans le projet de reconstruction de la démocratie, ou la "gauche" (quoique un peu réducteur), où je suis sans hésiter, mais l’enjeu mérite un débat plus large -du type "Votez Y"- pour redéfinir nos valeurs communes, et refonder des pratiques citoyennes au quotidien, nous réapproprier le champ politique, social, économique, environnemental. J’espère que ce foisonnement d’appels à une concertation et à cette reconstruction, ce foisonnement de sites allant dans ce même sens, saura se transformer rapidement en un mouvement coordonné, où personne ne renonce à son identité, à ses préférences et choix personnels, mais où tous lisent la cohérence des désirs et la sincérité de la bonne volonté des autres, pour réduire les efforts inutiles et dynamiser l’adhésion la plus large possible à un courant d’énergie qui aura montré, dans ses concertations, sa maturité, seuil minimum pour crédibiliser nos actions auprès des "déçus" de la politique, sinon de la gauche, pas celle qui en a porté le nom mais pas les pratiques ni parfois pas les contenus, mais celle qui en respecte l’éthique, les valeurs, l’honnêteté intellectuelle, le courage, et par là respecte celles et ceux qui composent nos cités, au delà des opinions, mais dans le cadre d’une réciprocité du respect de l’autre, la laïcité.
Après le déni de démocratie des "élites" du PS pendant la campagne (garder pour 50% de leurs opinions les 100% des subventions d’état et 100% des panneaux électoraux, c’est appliquer chez soi les méthodes dénoncées des années 60 : les découpages électoraux et la mise au silence des voix différentes) leur second déni fut d’éliminer les "moutons noirs", ainsi on reste entre gens de bonne compagnie. Se savoir mis en minorité par sa propre base électorale (à 60% pour le Non après un vrai débat), réussir l’exploit de faire monter ce score à 71% de leurs électeurs se prononçant aujourd’hui opposés à la mise à l’écart des ex-minoritaires, peut être le signe une mémoire pas éteinte des succès électoraux et de la fécondité du pluralisme. Alors, un seul mot d’ordre, débats, écoute et ententes, actions collectives.
Cordialement, Roland

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