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CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (avril 2011)

vendredi 8 avril 2011
par  Jacques Franck
popularité : 63%

Petit conte présidentiel

En mai 2012, les Français votèrent pour s’affubler d’un Président de la République. Au second tour, deux candidats restèrent en lice. Monsieur Jean-Maurice se réclamait de la gauche, toutes tendances confondues. Son programme, bien que timide, ne déplaisait pas au peuple, lassé des incartades et des mauvais coups de son prédécesseur. Monsieur Nicolas était justement le prédécesseur en question. Il représentait la droite, toutes les droites. De surcroît il se prévalait du beau titre de chanoine, que lui avait conféré son ami Monsieur Benoît, pape à Rome dans le civil.

Très content de son quinquennat, Monsieur Nicolas souhaitait remettre le couvert et compléter la liste de ses forfaits. Il comptait encore pas mal d’adeptes, qui se recrutaient parmi les bénéficiaires de ses générosités, les riches notamment. Les électeurs choisirent Monsieur Jean-Maurice, qui recueillit 54% des suffrages. Monsieur Nicolas dut se contenter de 46%. Il ne s’en contenta pas. Monsieur Jean-Maurice fut proclamé Président de la République française. Monsieur Nicolas contesta. Il chaussa ses talonnettes, grimpa sur une estrade, se racla longuement la gorge, réprima quelques mouvements involontaires de son joli minois et, faisant référence à un très ancien chef d’état, déclara : "Putain ! L’état, c’est moi !" Il s’enferma dans son bunker de la rue du Faubourg Saint-Honoré avec son épouse Carla (qui se serait bien passée de cette publicité), son fils Jean, le phare des Hauts de Seine, et une bonne poignée de fidèles (Monsieur Frédéric Lefebvre, Madame Nadine Morano, des intelligences de haut niveau, Madame Roselyne Bachelot, dite la grosse Louloute, et d’autres d’acabit équivalent). Monsieur Claude Guéant lui fournit une escouade de protection, des sbires munis d’armes lourdes (pistolets 7,65, mitraillettes Sten, une ou deux kalachnikovs, un poignard malais).

L’affaire était grave. Les Parisiens se divisèrent en pro Jean-Maurice et pro Nicolas. On se cassa un peu la gueule dans les rues de la capitale. Le président élu s’installa avec ses ministres à l’Hôtel Crillon, promu au rang de siège du gouvernement de la France. Les puissances étrangères grondèrent, reconnurent Monsieur Jean-Maurice comme seul interlocuteur. Avec d’autant plus de bonne volonté qu’elles n’avaient que trop connu Monsieur Nicolas. Le Conseil de Sécurité fut saisi. Il élabora une résolution numéro 1980, enjoignant à la communauté internationale de faire ce qu’elle avait envie de faire. Sur mandat de l’ONU, la Côte d’Ivoire, grande amie de la France, envoya quelques commandos aguerris et une escadrille d’hélicoptères Gazelle armés de missiles.

Lorsque l’affaire fut mure, un bataillon de la Garde Républicaine fidèle au président Jean-Maurice attaqua le bunker de Monsieur Nicolas et le captura. Sans qu’à aucun moment les commandos ivoiriens aient mis les pieds dans un bureau ou un bunker de l’Elysée. Mais juste avant leurs hélicoptères avaient arrosé le lieu de missiles incendiaires. Grâce à la solidarité internationale et aux vaillants Ivoiriens, la légalité républicaine fut rétablie en France.

Les malheurs du chanoine

Je suis médecin et mon éthique m’interdit de tirer sur une ambulance. Aussi je m’abstiens de dire tout ce que je pense de Monsieur Nicolas, chanoine nommé par le pape Monsieur Benoît (ach !) et président élu naguère par 53% de nos compatriotes (hélas !). Je note toutefois avec la compassion qui s’impose que ce malheureux personnage connaît bien des misères. Son bon peuple, appelé à élire ses conseillers généraux, renvoie proprement dans le néant (d’où, à mon sens, certains n’auraient jamais dû sortir) nombre d’affidés, thuriféraires et seconds couteaux du chanoine. Cette noire ingratitude afflige Monsieur Nicolas. Le peuple est méchant.

Il y a pire. Dans le sérail, oui, dans le sérail, des voix ordinairement serviles osent le contester. Certains affirment qu’il n’y a plus de pilote dans l’avion. D’aucuns le créditent d’une politique suicidaire. D’autres encore flairent en lui des tendances droitières (comme si ce n’était pas là l’ossature de son fond de commerce !). Le grand manitou de son parti, Monsieur Jean-François, fustige le grand vizir du gouvernement, Monsieur François. Chacun approuve ou réprouve un débat sur la laïcité, initié par le chanoine, débat qui dans la conjoncture tombe comme des cheveux sur la soupe. Et qui n’a d’autre but que de surpasser, en islamophobie, Madame Marine, qui rigole et ramasse la mise. Outrage qui s’ajoute à l’offense : la gauche, socialistes et communistes avec le Front de gauche, redresse insolemment la tête. Si ça continue, je vais me demander s’il ne va pas falloir tirer sur un corbillard.

Le bon médecin et la mauvaise santé

Qui se doit de défendre la santé, si ce n’est un médecin ? Qui, mieux qu’un homme de gauche, a pour devoir de rompre des lances pour la préservation des acquis sociaux ? Qui, plus qu’un édile parisien, est comptable des équipements et installations dévolus au bien-être de ses concitoyens ? Pour moi, vieillard parisien naïf, me croyant progressiste, de surcroît médecin, ces questions ne se posent même pas. Leur réponse est évidente : le docteur Jean-Marie Le Guen, correspond admirablement à mon portrait-robot. Il est médecin, socialiste, député, adjoint au Maire de Paris en charge de la santé des habitants de la capitale. On peut dormir tranquille, nul n’osera s’attaquer aux institutions, hôpitaux et centres de santé, qui nous protègent.

Un triste jour, je me réveille. Quelqu’un veut faire disparaître le seul centre de santé public de mon arrondissement, le dix-septième. Et, dans la foulée, un autre dans le onzième. Hypocrisie : ce quelqu’un allègue la nécessité de créer ce genre de centres dans d’autres arrondissements de Paris (il déshabille Jules pour habiller Alfred). Plus : bien dans le droit fil du sarkozysme ambiant, il refuse des médecins "fonctionnaires" et ne souhaite que des "libéraux". Ce n’est pas possible, heureusement qu’on a le bon docteur Le Guen pour empêcher ce mauvais coup. Mon ami Pierre, ne craignant pas de me traumatiser, me dévoile la vérité. La décision de priver de soins les plus démunis, les plus modestes de nos voisins, émane…du médecin socialiste élu parisien, Le Guen en personne. Je perds ma naïveté sénile, je deviens furieux, j’ai envie de me battre contre les politiciens félons, j’adhère au comité de défense du centre de santé de la rue Pierre Demours. Je reste évidemment progressiste, mais pas de la même tendance que le bon docteur.

Jacques Franck est médecin, et militant communiste.


Commentaires

Logo de Jean-Luc Pirovano
samedi 23 avril 2011 à 15h33 - par  Jean-Luc Pirovano

Si le centre de santé de la rue Pierre Demours avait su s’entourer des précieux conseils de médecins "de gauche" dûment appointés, comme savait si bien le faire le brave président Bongo avec un médecin resté sans frontières lorsqu’il y a du pognon à prendre... ou encore comme l’a pratiqué pendant des décennies (c’était le bon temps) la MNEF avec tant de socialistes, médecins ou pas ! Ca aurait sûrement arrangé les affaires de ce dispensaire... qui aurait alors eu une vraie utilité... sociale !

P. S. (ça tombe bien...) : Tout rapprochement entre ce que je viens d’écrire et la longue, longue, longue collaboration du bon Dr Le Guen avec la MNEF serait purement calomnieuse (à mon encontre, car jamais pareille idée n’aurait pu m’effleurer)...

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