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CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (Janvier 2012)

samedi 24 décembre 2011
par  Jacques Franck
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Les vœux du chanoine

Mes chers compatriotes, c’est peut-être la dernière fois, si les forces du mal l’emportent au printemps prochain, que vous bénéficiez de mes propos pastoraux, dont la clairvoyance égale la modestie. Oui, la France va mal. Elle va mal car elle risque de me perdre. Il vous faut mesurer, mes chers sujets, la profondeur du gouffre où vous précipiterait un bulletin sacrilège dans les urnes. Urnes qui appellent de tout leur cœur un vote en faveur du meilleur d’entre vous, c’est à dire Moi. Ah ! Leur cœur, je le connais, il a souvent battu à l’unisson du mien. Mes chers fidèles, ne laissez pas se dévoyer le myocarde de l’isoloir ! Ne donnez pas vos voix aux imposteurs qui les sollicitent ! Ne m’envoyez pas grossir les queues qui se pressent (si j’ose dire) devant les guichets du Pôle Emploi, Moi, un père de quatre enfants !

Le chômage, citoyens et concitoyens chéris, voilà la plaie qui nous ronge ! Voilà l’unique objet de mon ressentiment ! Au chômage je consacre l’essentiel de mes présidentiels efforts. Avec, j’ose le dire, des résultats dont peu de mes collègues pourraient se targuer. Grâce à mon opiniâtreté et à l’intelligence de ma gestion, le nombre de chômeurs dans notre beau et grand pays, atteint presque les trois millions. Aucun de mes prédécesseurs n’a marqué un tel score. Aucun de mes éventuels successeurs ne dépassera, sinon ce chiffre, du moins la cadence que j’ai impulsée pour y parvenir et dont je suis humblement fier. Mais, téléspectateurs que j’aime, la crise y est bien pour quelque chose. Certes, certes, mais mon talent, que chacun se plait à reconnaître, a su donner à la crise le coup de pouce qui est la marque du génie. Oui, l’emploi est, depuis cinq ans, la plus présente de mes préoccupations. Surtout le mien. Je veillerai à ce que ça continue.

Dans la délicate conjoncture que je gère avec tant de succès, votre santé, patriotes et compatriotes de mon âme, est un souci constant. Un peuple qui va bien ne peut pas être un peuple malheureux. Or si j’en juge par l’état du premier des Français, nous marchons vers un avenir radieux. Pas le moindre rhume, aucun accident cérébral, pas la plus petite fracture du col de mon fémur, nulle hémorroïde ne viennent entacher mon dévouement à votre service. Et au mien. Pourquoi, devant un bilan aussi positif, continuer à gaspiller nos précieux euros à soigner des maladies fictives ? Pourquoi payer des médecins qui ne servent à rien, des hôpitaux qui entretiennent la paresse, des médicaments nuisibles ? Bien sûr, je ne parle pas des chercheurs dévoués à la cause publique, comme mon excellent ami Servier, qui a su, contre vents et marées, doter notre peuple du Médiator, si injustement décrié. Aussi inutiles soient-elles, ces fameuses prestations doivent être financées. Si je vous disais le contraire, je n’aurais même pas besoin de me présenter à vos suffrages, chers électeurs. Mais il serait injuste de faire payer le prix de vos petits bobos à l’élite de notre peuple, le patronat. Désormais ce seront les consommateurs, vous, Moi, qui alimenteront directement les caisses de l’assurance maladie, des retraites, des accidents du travail, de la maternité. Oui, chers malades, bien portants, vieilles et vieux, femmes enceintes, nourrissons et autres citoyens, ma TVA deviendra sociale, comme toute mon action.

Et l’Éducation, me direz-vous ? En fait, vous ne me direz rien car c’est Moi qui parle ici et personne d’autre, putain ! Eh bien, j’y pense et j’agis. Citez-moi un seul politicien qui aura autant réduit le nombre d’enseignants, fermé autant de classes. Les instituteurs budgétivores, les professeurs gauchistes, les enfants adeptes du smartphone et de la kalachnikov, les parents sans foi ni loi n’ont qu’à bien se tenir avec Moi, amis républicains ! Quand l’école est un nid à problèmes, je la ferme.

Sur l’Europe, juste un mot. Une information, presque un aveu. Un scoop : avec Angela, c’est du sérieux ! Quand elle m’appelle, je viens. Quand elle me siffle, j’accours. Quand elle me parle, j’écoute. Quand elle sourit, je me couche. Quand elle commande, la France obéit. Réjouissez-vous, chers Européens. Le couple France Allemagne prend en main votre futur. Si du moins vous me laissez faire, bordel !

Je ne terminerai pas ce message de vœux sans évoquer mes subordonnés, mon équipe de seconds couteaux, mes comparses surdoués. Monsieur Claude Guéant, qui assure votre sécurité et vous protège contre les malfrats et les immigrés non français. Monsieur Xavier Bertrand, mon vizir du travail et de la santé, qui m’aide si efficacement à démanteler et le travail et la santé. Madame Roselyne Bachelot, qui ne fait rien et qui le fait si bien. Madame Valérie Pécresse, apôtre du Budget, qui aux côtés de Monsieur François, pas le Fillon mais le Baroin, conduit notre économie vers les cimes. Et, mes chers admirateurs, ces trois phares de l’intelligence française, mes amis David Douillet, Frédéric Lefèvre, Nadine Morano ! Je n’oublie pas les autres, les Longuet, les Besson, les Wauquiez, les Juppé, les Kosciusko-Morizet, les Chatel, les Le Maire. Plus les nombreux secrétaires d’État, humbles fantassins d’une grande armée que, tous ensemble, nous mènerons à la victoire, putain ! Français, Françaises, hommes, femmes et autres, Moi, votre président, de surcroît chanoine de Saint-Jean de Latran et co-prince d’Andorre, je vous souhaite une année 2012 pleine de bonheur, c’est à dire de Moi ! Pour Nicolas Sarkozy : Jacques Franck, 1er janvier 2012

L’allégeance

Monsieur Copé, grand maître de l’UMP (après le chanoine Nicolas), déborde d’idées patriotiques. Il veut imposer aux jeunes et aux nouveaux citoyens un "serment d’allégeance aux armes de la France". Non, pas aux valeurs de la République, Liberté, égalité, fraternité, plus solidarité et laïcité. Il faudra jurer fidélité aux chars Leclerc, aux avions Rafale, aux sous-marins nucléaires. Pour bien faire, on ajoutera quelques pistolets mitrailleurs, une ou deux grenades, et, pourquoi pas, pour faire sérieux, une de ces bombes atomiques dont nous nous enorgueillissons d’avoir le secret. Bien sûr, le salut au drapeau sera obligatoire. Comme au temps de Pétain, comme aux Etats-Unis. La main sur le cœur. Chauvinisme et militarisme seront les deux mamelles de la France sarkozyenne. Nous n’en voulons pas.

La primaire du chanoine

Monsieur Nicolas, chanoine et président de son état, se considère comme candidat naturel à sa succession. Mais, animé par un puissant sentiment démocratique, il décide de se soumettre à l’épreuve des primaires. Il s’adonne à une réflexion profonde et consulte ses premiers et seconds couteaux habituels. A l’unanimité, une seule candidature alternative est retenue : lui-même. Néanmoins, il veut jouer le jeu et se soumettre directement au peuple. Discours publics et bains de foule renforceront sa crédibilité et le désigneront candidat sans réserve au poste suprême. Deux jours consécutifs, il est acclamé par des dizaines de milliers de personnes. Pas la moindre opposition. Putain, se dit-il, c’est gagné, les peuples sont avec moi. Les peuples d’Erevan (Arménie) et de Tbilissi (Géorgie). Désormais, il est inutile de faire campagne à Paris.


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